Scandale des drones | L’entraîneur Bev Priestman congédié par Canada Soccer

Les têtes roulent à Canada Soccer. L’entraîneur-chef Bev Priestman et deux autres membres de son staff ont été officiellement licenciés par la fédération à la suite du scandale des drones.


Publié à 15h10

Mis à jour à 16h53

Mardi, l’organisation a dévoilé les conclusions de l’enquête indépendante sur l’utilisation d’avions pour espionner des adversaires. Bev Priestman, Jasmine Mander et Joey Lombardi ont été suspendus pour un an par la FIFA après que ces deux derniers aient été pris en flagrant délit, ou plutôt avec un drone en l’air, aux JO de Paris l’été dernier.

La recherche d’un nouvel entraîneur-chef débutera sous peu, ajoute Canada Soccer dans son annonce de mardi.

Parmi les conclusions du rapport dirigé par l’enquêteuse Sonia Regenbogen, il est confirmé que « deux des entraîneurs de l’équipe nationale féminine ont dirigé, approuvé et toléré les actions entreprises par un troisième membre du staff technique ». […] pour filmer l’entraînement d’une équipe adverse » aux JO.

La nouvelle est tombée le 25 juillet, juste avant la première rencontre de l’équipe féminine canadienne contre la Nouvelle-Zélande à Saint-Étienne, match qu’elle a remporté 2-1. Lombardi, un analyste non accrédité, ainsi que Mander, un assistant de Priestman, avaient utilisé un drone pour espionner les entraînements des Néo-Zélandais les 20 et 22 juillet.

Bev Priestman s’est retirée d’elle-même dès le premier match, avant sa suspension. L’équipe a perdu six points au classement, mais a réussi à se qualifier pour les quarts de finale en remportant tous ses matches de groupe. Canada Soccer a été condamné à une amende de 312 000 $. Lombardi a été condamné à huit mois de prison, car il était interdit de faire voler un drone dans cet espace aérien restreint de Saint-Étienne.

Les images captées par drone “n’ont pas été visionnées par les joueuses de l’équipe nationale féminine”, est-il précisé dans le rapport dévoilé mardi.

A noter également que les noms de Priestman, Mander et Lombardi sont expurgés dans le document pour des raisons juridiques, et dans le cadre d’une enquête relative aux ressources humaines.

John Herdman également visé

L’été dernier, des reportages provenant de divers médias démontraient alors que l’utilisation de drones pour espionner les entraînements des adversaires n’était pas une pratique inconnue au sein du soccer canadien. John Herdman, l’ancien entraîneur de l’équipe masculine, en aurait été l’instigateur alors qu’il était à la tête de l’équipe féminine entre 2011 et 2018. Il est aujourd’hui entraîneur-chef du Toronto FC.

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PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES DE LA PRESSE CANADIENNE

John Herdman, ancien entraîneur de l’équipe canadienne masculine de soccer

L’enquête confirme sans enthousiasme ces faits. « Violations possibles du Code de conduite et d’éthique […] par l’ancien entraîneur-chef de l’équipe nationale masculine ont été identifiées», précise-t-on, ajoutant que «des procédures disciplinaires ont été lancées pour statuer sur ces éventuelles violations». Herdman a été invité par Sonia Regenbogen à participer à l’enquête, mais « en raison de problèmes de calendrier », les deux parties n’ont pas pu trouver de moment pour se rencontrer.

L’affaire n’est pas terminée pour l’ancienne figure de proue des équipes masculines et féminines du pays : Herdman “conduira très probablement des entretiens supplémentaires à ce sujet”.

Il indique également que les adjoints et les membres du personnel « ne se sentaient pas à l’aise » avec l’espionnage par drone, mais qu’ils « ne se sentaient pas en mesure de remettre en question l’autorité » du drone. entraîneur-chef.

“Deux des entraîneurs de l’équipe nationale féminine ont mené des actions d’observation inappropriées avant les Jeux olympiques de Paris 2024″, juge l’enquête, mais rapporte qu'”aucune preuve” n’indique l’utilisation de drones aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021. “Probablement à cause du caractère très restrictif des mesures de confinement qui étaient en place par rapport au COVID-19 », précise-t-on.

L’équipe féminine a remporté l’or aux Jeux de Tokyo.

Pas de drones en mouvement

Enfin, l’enquête montre qu’il n’y a bien eu aucun espionnage par drone lors de la Copa América 2024, à laquelle a participé la sélection masculine de Jesse Marsch. Mais l’un de ces engins a bel et bien survolé un terrain d’entraînement du complexe ESPN Wide World of Sports à Orlando, camp de base de l’équipe canadienne. Il est expliqué que cet avion a été piloté dans le simple but de filmer des images promotionnelles au-dessus d’un champ vide. La CONMEBOL, qui régit les compétitions et fédérations sud-américaines, a engagé une procédure disciplinaire contre Canada Soccer, puis a fini par révoquer l’accréditation de l’intéressé. Une amende de 3 000 $ a été imposée à la fédération canadienne.

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PHOTO RICHARD RODRIGUEZ, ARCHIVES DE LA PRESSE CANADIENNE

Jesse Marsch, ancien entraîneur de l’équipe canadienne masculine de soccer

“L’enquêteur a conclu qu’il n’y avait pas de surveillance clandestine et que cet incident était très différent de ce qui s’est passé aux Jeux Olympiques”, indique le rapport.

Sonia Regenbogen conclut également qu’« à l’heure actuelle », l’équipe masculine « ne pratique pas de surveillance clandestine ». Par ailleurs, elle estime que l’entraîneur actuel, Jesse Marsch, n’approuve pas l’utilisation de drones pour espionner les adversaires de son équipe. « Il a fait savoir que les pratiques qui auraient pu exister sous la direction de Herdman […] n’a pas continué sous le sien. »

Le secrétaire général et PDG Kevin Blue et le président Peter Augruso soulignent qu’ils ne « tolèrent pas l’utilisation de drones » pour espionner les adversaires de l’équipe nationale.

« Culture inacceptable »

Maintenant, Canada Soccer souhaite apporter des « changements organisationnels », dont certains sont déjà en cours.

La fédération souhaite notamment « obliger contractuellement » ses salariés à « signaler tout comportement contraire à l’éthique », grâce à un nouveau logiciel leur permettant de le faire de manière confidentielle. Il énumère également un certain nombre d’engagements pour assainir sa gestion administrative et sportive, dont la formation éthique des entraîneurs et du staff.

“Les conclusions de l’enquêteur indépendant révèlent que l’incident du drone à Paris était le symptôme d’une tendance passée de culture inacceptable et d’encadrement insuffisant au sein des équipes nationales”, a déclaré Blue. Cela ne fait plus partie de nos activités. »

Canada Soccer s’engage à « mettre en œuvre les changements nécessaires à [s’] améliorer à tous égards, et ce, de toute urgence », a-t-il déclaré.

 
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