Le projet Aeris de la Fonderie Horne, destiné à réduire ses émissions de métaux dans l’air, ne se concrétisera pas comme annoncé. Selon les informations obtenues par Radio-Canada, la multinationale Glencore estime que le projet, aujourd’hui évalué à près d’un milliard de dollars, coûte trop cher.
Selon des sources, le coût du projet, initialement estimé entre 500 et 750 millions de dollars, a été revu à la hausse à près d’un milliard de dollars.
La Fonderie Horne recherche donc des solutions pour réduire les émissions, mais à moindre coût. Ce vaste projet de construction de plusieurs nouveaux bâtiments a été annulé. L’entreprise souhaite réduire ses émissions des bâtiments existants.
Aeris est une marque développée par la société Glencore et regroupe trois projets de modernisation, à savoir Phoenix, ECCO et R3. Phénix vise à reconfigurer complètement les processus de transformation. ECCO est doté d’une nouvelle roue de coulée automatisée et économe en énergie, tandis que R3 implique l’ajout de nouveaux dépoussiéreurs haute performance.
Aeris est une marque Horne Foundry qui englobe trois projets de modernisation. (Photo d’archives)
Photo : Avec la permission de : Fonderie Horne
En vertu de l’autorisation ministérielle de mars 2023, Glencore doit réduire ses émissions d’arsenic. Cette autorisation quinquennale prévoit l’atteinte de 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube d’air (ng/m3) annuellement d’ici le 16 mars 2028. La Fonderie Horne doit atteindre 45 ng/m3 entre 2024 et 2026.
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Au 19 octobre 2024, l’entreprise était sur le point d’atteindre l’objectif pour l’année 2024 lorsqu’elle émettait en moyenne 45,92 ng/m.3 d’arsenic. Elle doit atteindre 45 ng/m3 aérien pour la période du 16 mars 2024 au 15 mars 2025.
Dans l’autorisation ministérielle du 23 mars 2023, Glencore s’est engagé à mettre en œuvre l’intégralité de son plan d’action bonifié qui comprend les projets Phénix, ECCO et R3. Selon les informations obtenues par Radio-Canada, Glencore ne prévoit plus réaliser l’ensemble de ces trois projets.
Glencore a mentionné que le projet Aeris devrait permettre de réduire la concentration annuelle moyenne d’arsenic dans l’air ambiant à 3 ng/m3 ou moins pour environ 84 % du périmètre urbain de Rouyn-Noranda et 15 ng/m3 au poste légal suite à la mise en service du projet. Plus de 60 personnes travaillent sur le projet Aeris.
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L’usine de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda. (Photo d’archives)
Photo : Radio-Canada / Jessica Gélinas
Contactée par Radio-Canada, Glencore a décliné notre demande d’entrevue. Par courriel, l’entreprise soutient que la Fonderie Horne vise toujours à réduire ses émissions. Elle assure que le projet Aeris est toujours sur les rails.
Aeris est toujours en étude de faisabilité. La phase de préfaisabilité s’est achevée avec succès en avril dernier et nos équipes travaillent désormais activement sur la faisabilité qui devrait être finalisée au premier trimestre 2025.
» écrit par courriel la conseillère en communications et marketing Marie-Maude Turcotte.
Le certificat prévoit également que Glencore devra soumettre un plan pour atteindre la norme provinciale de 3 ng/m.3 d’ici fin 2027.
Une vague de licenciements
Selon les informations obtenues par Radio-Canada, Glencore recherche activement des solutions pour réduire ses dépenses dans sa division cuivre au Québec.
La multinationale a procédé à plusieurs licenciements ces derniers jours. Selon les informations de Radio-Canada, plus de 50 personnes ont perdu leur emploi, dont plusieurs à Rouyn-Noranda. Le service comptable a été particulièrement touché.
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Jean-François Boulanger, chercheur à l’UQAT. (Photo d’archives)
Photo : Avec la permission de – UQAT
La Fonderie Horne est actuellement confrontée à une réduction de ses revenus, notamment en raison de la concurrence des fonderies chinoises.
Ce qui se passe, c’est qu’il n’y a pas assez de cuivre produit par les mines. Les fonderies se disputent et se chamaillent pour savoir qui va traiter le peu de concentré de cuivre qui se trouve sur le marché.
explique Jean-François Boulanger, professeur de métallurgie extractive des éléments critiques et stratégiques à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).
En raison de cette situation, l’indice des prix de transformation, qui représente les prix par tonne facturés aux mines par les fonderies pour traiter les concentrés de cuivre, a chuté de façon spectaculaire. Alors que l’indice se situait il y a un an autour de 80 dollars la tonne en Asie-Pacifique, il a tellement baissé qu’il est désormais négatif.
Indice des prix de traitement des concentrés de cuivre en Asie-Pacifique
Date | Prix à la tonne |
---|---|
1 juillet 2023 | 86,20 $ |
1er septembre 2023 | 88,00 $ |
1er novembre 2023 | 79,40 $ |
1 janvier 2024 | 48,20 $ |
1er mars 2024 | 12,70 $ |
1 mai 2024 | – 4,00 $ |
1 septembre 2024 | – 4,00 $ |
Depuis un an, l’indice est vraiment bas. On parle même d’une valeur négative, ce qui signifierait d’une certaine manière que les fonderies chinoises seraient pratiquement prêtes à payer pour pouvoir continuer à traiter du concentré de cuivre.
ajoute Jean-François Boulanger, qui précise que la Chine est devenue le principal acteur du marché du cuivre.
Au troisième trimestre 2024, Glencore a produit 313 000 tonnes d’anodes de cuivre, soit 10 % de moins que l’an dernier. Les 338 000 tonnes de cathodes de cuivre représentent également une baisse de 10 % par rapport à 2023.
Sur le site de Glencore, il est précisé que la situation reflète une teneur plus faible en cuivre dans l’alimentation traitée à la fonderie Horne et les temps d’arrêt aux fonderies Horne [à Rouyn-Noranda] et marché [aux Philippines]
.
Les teneurs des concentrés diminuent depuis plusieurs années car les gisements sont de plus en plus pauvres, explique Jean-François Boulanger. Nous exploitons des teneurs en cuivre de plus en plus faibles. Évidemment, les gisements les plus riches en cuivre ont été exploités en premier.