Les victoires comme les défaites sont souvent des illusions à l’Assemblée nationale, car la situation peut basculer d’un côté ou de l’autre à tout moment. Mardi matin, lors des points presse, la présidente du groupe FI, Mathilde Panot, tout comme la porte-parole des députés écologistes, Léa Balage El Mariki, célébraient encore leur capacité à « construire des majorités ».
Ils ont souligné les multiples amendements votés par la gauche dans l’hémicycle sur le volet recettes du projet de loi de finances (PLF) 2025 pour taxer les riches et les multinationales, financer notre modèle social et soutenir les plus modestes. Le chef des députés PCF, André Chassaigne, s’est également félicité : « J’irais presque jusqu’à dire que cette première partie du budget a un parfum de classe. »
Le RN sauve la mise à Michel Barnier
En fin d’après-midi, c’est bien l’intérêt de classe qui a prévalu, mais dans un rapport de force inverse. Les élus macronistes et LR ont voté contre la première partie du budget, avec le soutien des députés RN, annihilant ainsi le travail d’amendement obtenu par la gauche.
«Le nouveau gouvernement, formé au mépris des résultats électoraux, est resté retranché dans ses certitudes, tel le gardien du temple néolibéral, rôle qu’il ne peut désormais occuper qu’avec l’assentiment de l’extrême droite, qui assure la présidence de son parti. conseil de surveillance »a attaqué le communiste Nicolas Sansu. Pour se justifier, le député RN Matthias Renault a expliqué qu’il refusait tout “augmentation générale des impôts”en plus de stigmatiser « des impôts fous » de la gauche.
Après la motion de censure évitée en septembre, le RN sauve une nouvelle fois la mise au gouvernement Barnier, dans un contexte où les élus macronistes et LR ont plus qu’abondé lors des discussions. «On n’a pas vu beaucoup de membres du bloc central sur les bancs. Ce n’était pas un désert médical, c’était un désert parlementaire. » ironise André Chassaigne. Conséquence : la gauche avait les mains libres pour faire adopter ses amendements.
L’aspect dépenses ne peut être débattu à l’Assemblée
Mais cette déroute de la droite a permis à l’extrême droite d’enregistrer des victoires. Le 25 octobre, grâce à la faible mobilisation macroniste et à l’abstention de la FI, Jean-Philippe Tanguy a fait voter un amendement réduisant de 5 milliards d’euros la contribution de la France au budget de l’Union européenne (UE). . Pour remédier à la situation, les députés ont simplement abrogé l’article en question, de sorte qu’en l’état, le texte abroge tout financement des institutions communautaires !
Du pain béni pour le gouvernement, dont les partisans s’emparent de cette argutie pour justifier leur refus de voter les recettes. « Ce serait de facto un Frexit », déplore Jean-Paul Mattei, ancien président du groupe Modem, à l’unisson du reste de la Macronie et de la Droite républicaine.
Le volet recettes n’ayant finalement recueilli que 192 voix pour (et 362 contre), c’est donc le texte initialement prévu par le gouvernement de Michel Barnier qui sera examiné au Sénat, où la droite règne en maître. Ce rejet a également une conséquence très grave, puisqu’il empêchera les députés d’examiner le volet dépenses du budget. Les opposants au NFP privent donc l’ensemble de l’Assemblée de débat sur le sujet… « Les missions qui devaient être votées dans l’Hémicycle ne seront pas discutées »déplore André Chassaigne. Au final, c’est toute la France qui est perdante.
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