Face à des problèmes de consommation, de méfaits et d’incivilités, la Société de transport de Montréal (STM) ferme la station de métro Atwater au square Cabot pour l’hiver. Le secteur associatif dénonce la décision du transporteur, qu’il juge risquée pour les sans-abri.
Ce que vous devez savoir
- La STM a fermé l’entrée du métro Atwater au square Cabot pour l’hiver;
- Des problèmes de consommation et d’intimidation ont motivé cette mesure, indique le transporteur ;
- La communauté dénonce cette décision, jugée dangereuse pour les sans-abri.
La semaine dernière, sur les réseaux sociaux, la STM indiquait discrètement, sans donner de raison, la fermeture de l’accès B du métro Atwater, au square Cabot, sur la ligne verte. L’entrée est fermée jusqu’au 30 avril 2025 inclus.
En réponse aux questions de La pressela Société précise que « la fermeture contribuera à réduire la fréquence des méfaits et des actions non désirées ou dangereuses, telles que l’intimidation et la consommation de drogues ».
« La sécurité de nos clients et de notre personnel, ainsi que l’intégrité de nos infrastructures, demeurent notre principal devoir en tant que transporteur public », déclare la porte-parole du transporteur, Laurence Houde-Roy.
« Les questions de santé étaient importantes dans ce bâtiment ». Les employés pouvaient difficilement assurer son entretien pendant les heures d’ouverture, puisqu’ils devaient systématiquement être accompagnés par des agents spéciaux, explique M.moi Houde-Roy.
Depuis près de deux ans, la STM ferme l’entrée à 18 heures en semaine et la fin de semaine pour ces raisons.
Situé au coin de la rue Sainte-Catherine et de l’avenue Atwater, le square Cabot est un lieu de rassemblement pour des dizaines de sans-abri et de personnes issues de clientèles vulnérables. Plusieurs ressources d’hébergement temporaires et permanentes sont situées à proximité.
Le réseau communautaire concerné
Au Réseau montréalais de soutien aux personnes seules et sans-abri (RAPSIM), le porte-parole Jérémie Lamarche s’inquiète de la situation. « Les gens qui sont au Square Cabot ne vont pas cesser d’exister, mais maintenant ils n’auront plus accès à un endroit chaleureux. C’est une décision très risquée à l’approche de l’hiver », commente-t-il.
Son groupe doit tenir une conférence de presse ce mardi pour dénoncer le manque d’hébergement pour les sans-abri à l’aube du froid.
Selon M. Lamarche, la STM doit cesser de fonctionner en vase clos. «Oui, sa mission est de transporter des personnes, mais elle s’inscrit quand même dans un contexte montréalais où de plus en plus de personnes n’ont pas d’endroit où se reposer et dormir sans être repoussées», note-t-il.
Le président de la mission Old Brewery, James Hughes, deuxième. « Montréal doit faire beaucoup plus pour les gens qui restent dans la rue ou dans le métro, et qui n’ont pas leur place dans les ressources qui sont pleines. Ces gens ne sont pas dans le métro par choix. »
Pas un refuge, le métro
La STM affirme avoir pris une décision « réfléchie » à la lumière « du contexte social actuel et des plus récentes mesures mises en place pour assurer la sécurité » de tous. La station Atwater demeure accessible depuis l’entrée principale, le boulevard De Maisonneuve, rappelle-t-elle.
Lors d’une conférence de presse lundi, le président du transporteur, Eric Alan Caldwell, a affirmé que « le métro n’est pas un refuge ».
Il y a un manque de ressources d’hébergement à Montréal. Il faut débloquer davantage de ressources, car la réalité est que de plus en plus de personnes trouvent refuge dans le métro. […] Ce fardeau ne peut pas incomber uniquement à la STM.
Éric Alan Caldwell, président de la STM
L’année dernière, ses équipes ont assuré 10 000 accompagnements jusqu’à la sortie du métro aux heures de fermeture. Cette année, ils sont 8 500.
Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on rappelle qu’« il s’agit évidemment d’une solution temporaire pour assurer la sécurité des usagers ». «Les gouvernements doivent débloquer des fonds pour consacrer davantage de ressources à l’itinérance, à la toxicomanie et à la santé mentale afin de réduire la pression dans les espaces publics», déclare l’attaché de presse Simon Charron.
Dans le reste du métro, cet hiver, des quatuors de constables spéciaux et d’ambassadeurs de sécurité patrouilleront dans 13 stations: Joliette, Frontenac, Papineau, Beaudry, Berri-UQAM, Mont-Royal, Jean-Talon, Place-des-Arts, McGill, Atwater, Lionel-Groulx, Place-d’Armes et Bonaventure.
SMS pour signaler une incivilité
La STM a annoncé lundi la création d’un service de messagerie texte pour permettre aux usagers de signaler des cas d’incivilités dans le métro, notamment des personnes en état d’ébriété, malades ou gênantes. «Plus les rapports seront précis, plus nous pourrons intervenir rapidement», a déclaré la directrice générale du transporteur, Marie-Claude Léonard. Celle-ci espère avoir une meilleure vue d’ensemble des situations « non urgentes » dans le métro et intervenir plus rapidement. Vous pouvez désormais envoyer un SMS au 1 888 786-1119 ; il sera possible de fournir une photo ou d’envoyer un message vocal. Un suivi sera alors effectué auprès de l’utilisateur, si nécessaire.
Apprendre encore plus
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- 45 000
- A ce jour, plus de 45 000 appels ont été effectués en 2024 pour demander l’intervention de gendarmes spéciaux dans le métro, contre 47 000 pour l’ensemble de l’année 2023.
Source: SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL
- 20
- La STM comptera 20 gendarmes spéciaux supplémentaires d’ici la fin de 2024, pour un total de 180. La Société vise atteindre le cap des 200 courant 2025. Les ambassadeurs de la sécurité devraient être au nombre d’une trentaine d’ici la fin de l’année.
Source: SOCIÉTÉ DE TRANSPORT DE MONTRÉAL