Le nouveau Premier ministre tire sur un avion de ligne américain

(Port-au-Prince) La nouvelle Première ministre d’Haïti Alix Didier Fils-Aimé « s’est engagée » lundi à « rétablir la sécurité » dans ce pays des Caraïbes en plein chaos, au moment où un avion de ligne américain essuyait des tirs depuis Port-au-Prince. Prince avant d’être détourné vers la République Dominicaine.


Publié à 14h39

Mis à jour à 20h01

Jean Daniel SENAT, avec Nicolas REVISE à Washington

Agence -Presse

Après seulement cinq mois au pouvoir, le chef du gouvernement sortant Garry Conille a été démis de ses fonctions et remplacé, contre son gré et après un conflit avec le Conseil présidentiel de transition, par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé, qui a prêté serment dans un discours d’investiture en français. , depuis la capitale haïtienne, en direct à la télévision nationale.

Le nouveau Premier ministre a promis de « travailler sans relâche […] à la cohésion politique et à la « restauration de la sécurité » dans le pays.

«Je prends l’engagement […] mettre mon énergie, mes compétences et mon patriotisme au service de la cause nationale», a déclaré M. Fils-Aimé, qui a également évoqué des «élections» à venir, alors que le pays est sans président depuis 2021.

Crises

Son prédécesseur Garry Conille a été nommé début juin pour tenter de stabiliser le pays.

La décision de le démettre de ses fonctions est intervenue dimanche, alors que le Conseil présidentiel a voulu changer les chefs de plusieurs ministères contre l’avis du premier ministre sortant.

M. Conille avait alors dénoncé une décision à son encontre « entachée d’illégalité ».

Haïti souffre d’une instabilité politique chronique depuis des décennies. Mais ces derniers mois, ce pays des Caraïbes a dû faire face à une nouvelle résurgence de la violence des gangs, qui contrôlent 80 % de Port-au-Prince.

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PHOTO CLARENS SIFFROY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des résidents haïtiens et des membres de la presse se mettent à couvert alors que des policiers échangent des coups de feu avec des membres présumés d’un gang à Port-au-Prince, le 11 novembre 2024.

Ces groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, ont décidé au début de l’année de s’unir pour renverser le premier ministre de l’époque, Ariel Henry.

Après sa démission en avril, un Conseil présidentiel de transition composé de neuf membres a été mis en place pour exercer le pouvoir exécutif, avec la difficile mission de rétablir la sécurité et d’organiser des élections.

Les dernières remontent à 2016.

Force multinationale

La situation n’a cessé de se dégrader depuis, malgré la mise en place de la mission multinationale d’appui à la police.

Soutenue par l’ONU et les Etats-Unis, cette mission dirigée par le Kenya a commencé à se déployer cet été avec jusqu’à présent un peu plus de 400 hommes.

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PHOTO ODELYN JOSEPH, PRESSE ASSOCIÉE

Des policiers patrouillent dans une rue lors d’un échange de coups de feu entre gangs et policiers à Port-au-Prince, le 11 novembre 2024.

Lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé les acteurs politiques haïtiens à « surmonter leurs divergences » et à « travailler ensemble », selon son porte-parole.

La mission de l’ONU en Haïti (BINUH) a dénombré 1.233 meurtres commis entre juillet et septembre, dont 45% imputables aux forces de l’ordre et 47% aux gangs, dans ce pays de 12 millions d’habitants.

Des actes particulièrement violents visent parfois les enfants, les victimes étant mutilées à coups de machette, lapidées, décapitées, brûlées vives ou enterrées vivantes.

Des horreurs qui ont poussé plus de 700 000 personnes, dont la moitié étaient des enfants, à fuir leur foyer pour trouver refuge ailleurs dans le pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

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PHOTO MARCKINSON PIERRE, REUTERS

Des membres des forces de sécurité prennent position lors d’un affrontement contre des gangs, à Port-au-Prince, en Haïti, le 11 novembre 2024.

Signe de ce climat de violence, juste avant l’investiture de M. Fils-Aimé, un vol de la compagnie américaine Spirit Airlines en provenance de Floride et à destination de Port-au-Prince a été détourné lundi vers Santiago en République dominicaine.

Une inspection “a révélé des preuves de dommages sur l’avion compatibles avec des tirs d’armes à feu”, a indiqué la compagnie low-cost américaine, qui a également fait état de “blessures légères” infligées à un membre de l’équipage.

Une courte vidéo diffusée sur X, notamment par les médias Temps haïtien basé à New York, montre plusieurs impacts de balle sur la cabine et dans la cabine de l’avion, un Airbus.

L’Association du transport aérien international (IATA) « a fermement condamné les dernières attaques contre l’aviation civile en Haïti » et « a appelé le gouvernement haïtien à agir immédiatement pour sécuriser les compagnies aériennes et rétablir la confiance dans le secteur aérien du pays », dans un message sur X.

Les liaisons de Spirit Airlines vers Haïti ont été suspendues, ainsi que celles d’American Airlines.

 
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