Le militant écologiste Olivier Huard, qui a escaladé la structure du pont Jacques-Cartier et bloqué la circulation le 22 octobre à Montréal, a justifié son geste samedi à l’émission Tout peut arriver on ICI Première.
Les précédentes actions de son collectif Antigone n’ayant pas attiré une attention médiatique suffisante, on s’est dit : “Il faut faire quelque chose”
a-t-il expliqué au micro de Marie-Louise Arsenault.
Nous nous sommes sentis obligés par la situation de provoquer un débat
parce quenous ne nous sentons pas écoutés
.
Il s’agissait d’une action symbolique visant à susciter le débat.
En 2022, lui et une dizaine d’autres manifestants occupent pendant 24 heures le terminal pétrolier Valero, dans l’est de Montréal.
Nous n’avons bloqué aucun trafic et nous avons eu très peu de couverture médiatique
» a-t-il déclaré à propos de cette action qui visait à alerter la population sur les risques liés au pipeline Enbridge 9B qui approvisionne la société Valero.
Il y a une vingtaine de jours, perché pendant six heures sur le point le plus haut du pont avec un autre militant, Olivier Huard a donné des entrevues à plusieurs émissions matinales de la région de Montréal pour dénoncer l’inaction des autorités.
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Les manifestants sont restés assis pendant six heures au sommet du pont Jacques-Cartier.
Photo : Radio-Canada / Simon-Marc Charron
Ce militant de 47 ans a souligné que les gouvernements sont incapables d’endiguer la crise climatique
et sont incapables de nous protéger efficacement contre les effets
de cette crise.
Cinq ans après que des militants écologistes ont escaladé pour la première fois le pont Jacques-Cartier, le collectif Antigone, dont est membre Olivier Huard, a voulu marquer le coup, s’inspirant notamment des incendies de forêt qui ont ravagé la ville de Jasper, le dernier l’été en Alberta.
Le blocage de la circulation dès les petites heures du matin avait provoqué une agitation sur les routes. Lors de la libération conditionnelle de M. Huard, le 31 octobre, l’avocat du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) a souligné que de nombreuses personnes rendez-vous médicaux manqués [et] traitements contre le cancer
.
Nous sommes vraiment désolés, nous ne voulions pas faire ça
s’est excusé celui qui s’est présenté cinq fois comme candidat de Québec solidaire.
Quand les choses sont injustes, il faut savoir sortir des sentiers battus pour élargir le débat
il a justifié, nous sommes prêts à nous mettre en danger car la situation l’exige
.
Les premiers écologistes emprisonnés
Grimpeur industriel de carrière, Olivier Huard a participé à plusieurs actions similaires par le passé. Avant de s’enchaîner à une structure de chargement de pétrole au terminal Valero, il a grimpé au mât du Stade olympique en 2018 et s’est barricadé dans les gondoles du téléphérique de Val-Jalbert, entre autres.
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Des militants de l’organisation Greenpeace ont déployé une banderole le 19 juillet 2018 le long du mât du stade olympique de Montréal, après y avoir escaladé.
Photo : Radio-Canada / Alexandre Letendre
De retour au sol, M. Huard et l’autre grimpeur, Jacob Pirro, ont été arrêtés puis accusés de méfait et d’entrave. La militante qui faisait la liaison avec la police, Michèle Lavoie, a également été accusée de méfaits.
Olivier Huard n’a pas été surpris par ces accusations : C’est le principe de la désobéissance civile
. Mais contrairement à ce qu’il avait vécu auparavant, il est resté emprisonné pendant plusieurs jours, afin de préserver la confiance de l’opinion publique dans la justice, selon le DPCP.
C’était la première fois dans l’histoire du Québec que des environnementalistes étaient envoyés en prison.
M. Pirro et Mme Lavoie ont été libérés sous conditions de ne pas parler aux médias et de ne pas se contacter, mais Olivier Huard a refusé de se plier à ces demandes.
Le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Éric-Pierre Champagne, a également critiqué cette condition.
Il a été détenu pendant neuf jours une prison surpeuplée
et dans conditions atroces
où il a entamé une grève de la faim pour défendre son droit de s’exprimer dans les médias. C’était la seule façon dont j’avais pour m’exprimer
dit-il.
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Les deux grimpeurs ont été accusés de méfait et d’entrave.
Photo : Radio-Canada / Simon-Marc Charron
La condition était de ne pas faire référence directement ou indirectement aux présentes accusations sur quelque média que ce soit, y compris les réseaux sociaux.
précisé le DPCP par email.
L’objectif de la condition était de permettre à M. Huard de partager ses messages relatifs à l’environnement s’il le désire, mais en s’assurant qu’il n’encouragerait pas d’autres à commettre des actes tels que bloquer des ponts.
Le jour de sa libération, le juge a déclaré qu’il était désolé pour ce qui s’est passé et que je n’aurais jamais dû aller en prison
a rappelé Olivier Huard, rappelant les conditions abjectes dans lesquelles il vivait au centre de détention de Rivière-des-Prairies.
Par email, le Ministère de la Sécurité Publique a répondu qu’il s’efforce d’offrir les meilleures conditions de détention possibles
refusant de commenter le cas de M. Huard.