20 000 euros par jour, 50 000 euros par jour, jusqu’à 90 000 euros pour les points de deal les plus rentables. Procès après procès, la justice marseillaise rend compte des sommes faramineuses engrangées par les réseaux de drogue. Mais peut-être plus difficile que d’accumuler des fortunes, les trafiquants du haut de l’échelle doivent trouver le moyen de remettre ces dizaines de milliers de petites dénominations dans le circuit légal, et ainsi pouvoir en profiter.
Longtemps point mort de la lutte contre le trafic de drogue, le blanchiment de l’argent sale est désormais, du moins dans les discours des ministres de l’Intérieur successifs, érigé en priorité. Avec un récent changement de doctrine : “Suivez l’argent, comme vous suivez le produit”martèlent le parquet de Marseille et la préfecture de police.
Une volonté concrétisée par la création d’un groupe spécialisé dans le blanchiment d’argent au sein d’Ofast Marseille. En début de semaine dernière, le travail minutieux de ces enquêteurs spécialisés a abouti à une opération historique : la saisie de 1,2 million d’euros cachés dans une cache d’une camionnette circulant dans le Vaucluse. L’argent saisi appartenait probablement, selon les informations de parisienà deux des clans les plus puissants de la cité phocéenne – la DZ Mafia et une équipe de la cité de La Castellane, un « quatre » qui aurait pourtant été affaibli par l’opération filet carré XXL et une occupation de la ville par les application de la loi. Ces organismes auraient accepté de retirer le cash des points de deal via le même circuit.
« Un système très actif et lucratif de collecte d’argent provenant du trafic de drogue »
Les enquêtes ont «a mis en évidence un système très actif et lucratif de collecte d’argent provenant du trafic de drogue»Le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, l’a déclaré ce samedi avant de décrire le mécanisme : « Plusieurs fois par semaine, au volant de véhicules équipés de caches spéciales, une équipe de chauffeurs sillonnait la France pour récupérer des sacs de tickets (contenant au moins plusieurs centaines de milliers d’euros) auprès des membres des différents réseaux cash. trafic de drogue et le centraliser en région parisienne, avant de pouvoir le blanchir à travers de multiples sociétés »indique le parquet.
Cette enquête, débutée à l’été 2023, avait déjà abouti à la saisie, en septembre 2023, de 43 kg de cocaïne et de plus de 50 000 euros. Trois personnes ont alors été mises en examen. Lors de l’opération de lundi dernier, 15 personnes soupçonnées d’appartenir à ce réseau de blanchiment d’argent ont été interpellées, dont 5 marseillais, les deux conducteurs de la camionnette et huit hommes interpellés en Ile-de-France avec le concours de l’Ofast Nanterre.
Trois suspects ont été présentés jeudi devant le juge d’instruction et mis en examen pour trafic de stupéfiants, participation à une association de malfaiteurs et blanchiment de trafic de stupéfiants. L’un d’eux a été placé en détention provisoire, les deux autres sous contrôle judiciaire. Les autres suspects interpellés seront également présentés aux juges d’instruction, et des demandes de placement en détention provisoire seront prises, précise le procureur de Marseille.
L’annonce de ce succès policier intervient au lendemain de la visite à Marseille des ministres de l’Intérieur Bruno Retailleau et de la Justice Didier Migaud, qui ont annoncé, comme leurs prédécesseurs, vouloir lutter contre le trafic de drogue. « cause nationale ».