(Ottawa) Le pipeline Trans Mountain serait vendu à perte si le gouvernement tentait de le vendre aujourd’hui. Le directeur parlementaire du budget (DPB) est arrivé à cette conclusion après avoir recalculé la valeur actuelle du réseau de pipelines entré en service le 1est Peut.
Publié à 10h12
Mis à jour à 10h54
Cette valeur est estimée à 33,4 milliards ou 29,6 milliards, selon les deux scénarios analysés par le DPB. Dans les deux cas, le DPB incluait les flux de trésorerie prévus jusqu’en 2063.
Le premier scénario suppose que les contrats conclus avec les expéditeurs pour les 15 à 20 premières années d’exploitation du gazoduc seraient renouvelés. Si tel était le cas, la valeur du pipeline s’élèverait à 33,4 milliards.
En cas de « capacité de pipelines inutilisée considérable » à partir de 2040 en raison de la transition énergétique, les producteurs de pétrole pourraient ne pas être tenus de signer des contrats à long terme.
Le deuxième scénario prend en compte. Elle repose sur l’hypothèse que les contrats ne seraient pas renouvelés et que les expéditeurs devraient plutôt payer un tarif pour utiliser le pipeline afin de transporter leur pétrole brut de l’Alberta jusqu’au terminal de Burnaby en Colombie-Britannique. Dans un tel cas, la valeur de Trans Mountain diminuerait à 29,6 milliards de dollars.
Dans les deux scénarios, la valeur actuelle du pipeline est inférieure à la valeur de ses actifs, note le DPB. Trans Mountain serait donc vendue à perte si le gouvernement décidait de la vendre en 2024, puisque « après remboursement des dettes impayées, le montant restant serait inférieur aux capitaux propres de l’actionnaire. »
Trans Mountain Corporation possède un actif de 35,2 milliards de dollars, un passif de 26,9 milliards de dollars et des capitaux propres de 8,3 milliards de dollars.
La conclusion du DPB contraste avec les commentaires faits lundi par la ministre des Finances Chyrstia Freeland. Elle a suggéré que le gouvernement fédéral pourrait empocher plus que les 34 milliards de dollars que lui aurait coûté le pipeline lorsqu’il s’en débarrasserait.
« Nous allons récupérer notre argent parce que nous n’avons pas l’intention de devenir propriétaires du pipeline à long terme », a-t-elle déclaré. Si l’on regarde les analyses de sa valeur à l’heure actuelle, le consensus est que ce projet vaut beaucoup d’argent. »
Le DPB apporte toutefois quelques nuances à son analyse. Il souligne que la valeur de la vente de Trans Mountain peut dépendre de plusieurs facteurs tels que « le nombre d’acheteurs potentiels, leur coût pour réunir le capital requis, le moment et la manière dont la société sera vendue, les conditions du marché au moment de la vente ». . »
« Que le gouvernement réalise un profit ou une perte sur la vente éventuelle du réseau de pipelines Trans Mountain dépendra de ce que quelqu’un est prêt à payer pour cela », résume-t-il.
Le gouvernement Trudeau a pris la décision controversée en 2018 d’acheter le pipeline Trans Mountain pour 4,5 milliards de dollars. L’ancien propriétaire, Kinder Morgan Canada, avait alors menacé d’abandonner le projet d’agrandissement du pipeline en raison de l’opposition environnementale.
Le réseau de pipelines de 1 180 kilomètres est le seul au pays à transporter du pétrole brut vers la côte ouest. Il transporte chaque jour environ 890 000 barils de produits pétroliers de l’Alberta vers la Colombie-Britannique.
Avec Joël-Denis Bellavance, La presse et La Presse Canadienne