Le chancelier allemand Olaf Scholz à la Chancellerie de Berlin, le 22 octobre 2024 (AFP / RALF HIRSCHBERGER)
Le chancelier allemand Olaf Scholz doit faire face à des pressions croissantes pour quitter le pouvoir immédiatement après l’éclatement la veille de sa fragile coalition gouvernementale, qui a plongé la première économie d’Europe dans une grave crise, et ne pas attendre le printemps prochain.
La coalition entre les sociaux-démocrates (SPD) de la chancelière, les Verts et les libéraux du FDP a “échoué”, a déclaré jeudi le chef du principal bloc d’opposition, celui du conservateur CDU-CSU, Friedrich Merz. Selon lui, “il n’y a aucune raison de poser la question de la confiance en janvier” uniquement au Bundestag, la chambre des députés, comme le souhaite Olaf Scholz.
“Nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre d’avoir un gouvernement sans majorité pendant plusieurs mois”, a insisté M. Merz, qui propose d’organiser des élections anticipées dans la seconde quinzaine de janvier 2025.
La fin programmée du gouvernement arrive au pire moment pour l’Allemagne, aux prises avec une grave crise industrielle, et pour l’Europe qui s’inquiète des répercussions sur son commerce et sa sécurité de l’élection du républicain Donald Trump à la présidence. Élection présidentielle américaine.
Lors d’un discours, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a appelé les dirigeants politiques du pays à la « raison » et à la « responsabilité », soulignant également que le pays « a besoin de majorités stables et d’un gouvernement efficace ».
Le président, social-démocrate comme le chancelier, sera chargé de dissoudre le Bundestag si Olaf Scholz perd, comme prévu, la question de confiance qu’il a promis de soumettre aux députés à la mi-janvier, en vue des élections. élections législatives en mars – six mois avant la date normalement prévue.
– Rassurez vos partenaires –
Malgré le séisme provoqué par l’effondrement de sa coalition tripartite au pouvoir depuis fin 2021, Olaf Scholz souhaite se rendre dans la soirée aux réunions organisées à Budapest pour rencontrer ses homologues européens et le président ukrainien Volodymyr Zelenski. Il tentera d’apaiser leurs inquiétudes.
Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, également présent dans la capitale hongroise, s’est dit confiant dans la capacité de l’Allemagne à jouer pleinement « son rôle sur la scène mondiale » malgré la crise.
La coalition gouvernementale allemande hétérogène a été brisée après le limogeage mercredi soir du ministre des Finances Christian Lindner.
Cause de la rupture : de profondes divergences sur la politique budgétaire et économique à suivre, les sociaux-démocrates et les écologistes étant favorables à la relance de l’économie nationale au point mort par les dépenses, tandis que les libéraux prônent des coupes sociales et une stricte discipline budgétaire.
M. Lindner, également leader du parti libéral FDP (à droite), sera remplacé aux Finances par l’un des proches conseillers d’Olaf Scholz, Jörg Kukies, ancien banquier d’affaires de 56 ans.
La plupart des libéraux ont quitté le gouvernement, à l’exception du ministre des Transports Volker Wissing, qui a annoncé vouloir rester dans l’équipe au pouvoir et a quitté son parti avec lequel il n’est pas d’accord.
– Trump Ombre –
Olaf Scholz dirige désormais un gouvernement minoritaire et espère faire adopter pendant quelques mois des lois prioritaires, recherchant une majorité au cas par cas, même si l’opposition lui refuse tout soutien.
Quant au budget 2025, dont la préparation est à l’origine de la crise actuelle, l’incertitude règne. A défaut d’adoption au Parlement, une version minimale et réduite pourrait être appliquée à partir de janvier.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne. Mais l’équipe gouvernementale était minée depuis des mois par des dissensions sur l’économie et l’immigration, et par des querelles personnelles.
“Heureusement, c’est fini”, titrait jeudi le magazine Der Spiegel, résumant le sentiment général qui règne dans le pays.
Olaf Scholz espérait que l’élection de Donald Trump, partisan du protectionnisme et des affrontements diplomatiques, obligerait sa coalition à resserrer les rangs. Mais c’est le contraire qui s’est produit.
Si des élections devaient avoir lieu demain, l’opposition conservatrice arriverait en tête avec 32% des voix selon un nouveau sondage jeudi de l’institut Ipsos, réalisé début novembre, avant l’éclatement de la coalition.
Et Friedrich Merz serait le favori pour devenir chancelier. Mais lui aussi aurait du mal à former une coalition majoritaire, l’AfD d’extrême droite guettant en deuxième position (18%) avec laquelle il rejette toute alliance gouvernementale. Le SPD est crédité de 15%, les Verts de 11% et le FDP de seulement 5%.