Élections américaines : le Canada connaîtra-t-il une nouvelle guerre tarifaire ?

La coulée d’acier est rouge comme de la lave. Même à distance sécuritaire, on sent la chaleur sur son visage dans les aciéries des Forges de Sorel.

Comme d’autres acteurs des secteurs de l’acier et de l’aluminium, le directeur général de cette entreprise, Louis-Philippe Lapierre-Boire, s’inquiète des conséquences que pourrait avoir la vive lutte présidentielle aux États-Unis. et une éventuelle guerre tarifaire contre son industrie en plein essor.

Louis-Philippe Lapierre-Boire, general director of Forges de Sorel

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

Avec l’incertitude créée par les élections américaines, certains investissements sont gelésconfides Mr. Lapierre-Boire. Il y a un certain frein avec les nouveaux contrats et les contrats existants qui peuvent être en jeu.

Les Forges de Sorel peuvent produire jusqu’à 72 000 tonnes d’acier par année. Au moins un tiers de la production de cette entreprise est destinée au marché américain.

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Les Forges de Sorel, propriété de Finkl Steel, sont situées au confluent de la rivière Richelieu et du fleuve Saint-Laurent, à Sorel-Tracy.

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

L’idée selon laquelle les États-Unis pourraient imposer des droits de douane de 10 %, comme le suggère le candidat républicain Donald Trump, pourrait avoir un effet néfaste sur leur carnet de commandes.

Cela affecte la compétitivité. Nous devrons nous adapter, nous devrons revoir nos processus, essayer d’être plus compétitifs, plus productifs, réduire nos coûts là où nous le pouvons si nous voulons vraiment garder la même présence aux États-Unis.

Une citation de Louis-Philippe Lapierre-Boire, general director of Forges de Sorel
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Un bloc d’acier pesant près de 10 tonnes est transporté par des engins lourds avant d’être forgé sous la presse hydraulique.

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

Au Canada, la production totale d’acier vaut 15 milliards de dollars par année. La moitié est exportée aux États-Unis. Des milliers de travailleurs canadiens sont donc vulnérables aux pressions tarifaires.

Des travailleurs comme Stéphane, pour qui être forgeron à Sorel est une affaire de famille.

>>Stéphane est aux commandes d'une machine.>>

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Stéphane est issu d’une famille de forgerons qui ont travaillé dans le secteur de l’acier de père en fils depuis son arrière-grand-père.

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

Mon père travaillait ici, mon grand-père, même mon arrière-grand-père» dit-il tout en restant concentré sur l’immense bloc d’acier chauffé qu’il est en train de forger à l’aide d’une presse hydraulique. Dans la région, je ne suis pas le seul, nous sommes plusieurs : nos parents travaillaient ici.

Si Donald Trump est élu, attachez votre ceinture

Aux États-Unis, les travailleurs du secteur manufacturier sont fortement courtisés par les candidats à la présidentielle. Donald Trump et la candidate démocrate Kamala Harris ont besoin de leurs voix pour remporter des États clés qui pourraient les amener à la Maison Blanche.

Les candidats promettent tous deux de protéger les emplois du Ceinture rouille Américaine, cette région du nord-est des Etats-Unis où se concentre traditionnellement l’industrie lourde. Républicains et Démocrates misent ainsi sur un protectionnisme avoué dans le but de faire pencher la balance dans une campagne imprévisible.

>>Portrait des deux candidats.>>

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Ces dernières semaines, Donald Trump et Kamala Harris ont promis aux Américains diverses mesures et politiques destinées à accroître leur pouvoir d’achat.

Photo : Presse associée

Si Donald Trump est élu, attachez votre ceinture ! » déclare l’ancien ambassadeur américain au Canada Kelly Craft. Dans une entrevue exclusive à Radio-Canada, cette républicaine pro-Trump précise sa pensée.

Le Canada et le monde entier doivent se préparer. Le président Trump veillera à protéger notre industrie manufacturière de l’influence étrangère. C’est une question de sécurité nationale.

Une citation de Kelly Craft, ancienne ambassadrice américaine au Canada
>>Kelly Craft et Gordon Giffin assis côte à côte sur une scène.>>

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Kelly Craft, ancienne ambassadrice américaine au Canada et à l’ONU, et Gordon Giffin, ancien ambassadeur américain au Canada.

Photo : Radio-Canada / Stéphane Richer

Mais soyez prudent, estime un autre ancien ambassadeur américain, le démocrate Gordon Giffin : Peu importe qui gagnera mardi, il y aura une nouvelle administration à la Maison Blanche, des changements sont donc attendus» a-t-il déclaré, rappelant que même le parti de Kamala Harris a tendance à être protectionniste.

Dans le passé, nous avons réussi à exempter le Canada de programmes protectionnistes comme Buy American. Nous trouverons encore une fois une façon d’avoir un partenariat constructif avec le Canada.

Une citation de Gordon Giffin, ancien ambassadeur américain au Canada

Les prix, un hochet présidentiel

Les milieux industriels et politiques canadiens ne restent pas les bras croisés en attendant le résultat de l’élection présidentielle. Dans les secteurs de l’automobile, de l’acier et de l’aluminium, on se souvient des tarifs douaniers imposés par l’administration Trump. Cette fois, on se prépare à l’avance.

Dans le cas de l’administration Trump, les droits de douane sont en réalité un outil politique. J’appelle ça le hochet présidentielplaisante le président de l’Association de l’aluminium du Canada, Jean Simard.

>>Jean Simard est assis à un bureau et discute avec notre journaliste.>>

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Jean Simard, de l’Association de l’aluminium du Canada, estime que les tarifs douaniers frapperaient davantage les consommateurs américains.

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

Selon M. Simard, le candidat républicain tente d’intimider le Canada avec sa menace de tarifs douaniers, pour deux raisons : faire pression pour faire des gains dans deux ans, lorsque l’accord de libre-échange sera révisé. Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM), et encourager Ottawa à investir davantage dans la défense pour atteindre l’objectif de 2 % de son budget PIB fixé par leJE PRENDRAI.

Si on se retrouve avec des tarifs douaniers, cela affaiblit les projets d’investissement. Cela ajoute une couche d’inconnues, ce qui est très mauvais pour les décisions.

Une citation de Jean Simard, président de l’Association de l’aluminium du Canada

Vulnérabilité partagée

Le secteur canadien de l’aluminium est également vulnérable aux barrières tarifaires américaines : il représente une valeur de 18 milliards de dollars de production, dont 92 % sont exportés vers nos voisins du Sud.

Or la dépendance, rappelle Jean Simard, est réciproque. Les États-Unis ne produisent qu’un tiers de tout l’aluminium dont ils ont besoin. Le reste vient d’autres pays, en grande majorité du Canada, un message qu’il a répété aux élus américains lors de sa dernière visite à Washington.

>>Les drapeaux canadiens et américains se côtoient lors d’une conférence.>>

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La dépendance est mutuelle, rappelle le président de l’Association de l’aluminium du Canada.

Photo : Radio-Canada / Stéphane Richer

Nous nourrissons le secteur automobile et aérospatial américain, affirme M. Simard. Le métal canadien est existentiel pour leur industrie. Ils en dépendent. Par conséquent, l’impact des tarifs douaniers sur les produits canadiens se fera sentir des deux côtés de la frontière.

Ce n’est pas le pays exportateur qui paie les droits de douane. C’est le consommateur. C’est l’économie américaine qui va l’absorber, à travers les réfrigérateurs, les téléviseurs, les voitures, les canettes de boissons gazeuses.

Une citation de Jean Simard, président de l’Association de l’aluminium du Canada

Voisin ou partenaire stratégique ?

Ces derniers mois, des ministres comme Mélanie Joly, Chrystia Freeland, Mary Ng et François-Philippe Champagne ont multiplié leurs voyages aux États-Unis dans le but de maintenir ouvertes les voies de communication, tant du côté républicain que démocrate.

>>François-Philippe Champagne trône non loin des drapeaux du Canada et des États-Unis.>>

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Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, veut convaincre les Américains que le Canada occupe une place centrale dans leur chaîne d’approvisionnement.

Photo : Radio-Canada / Stéphane Richer

Je veux que la place économique du Canada soit centrale dans l’élaboration d’une politique de croissance en Amérique du Nord.affirme le ministre Champagne en entrevue avec Dans les coulisses du pouvoir.

Nous avons toujours défendu les intérêts canadiens, nous avons toujours défendu l’industrie, nous avons toujours défendu les travailleurs et nous le ferons toujours, car c’est notre rôle.

Une citation de François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie

Le gouvernement Trudeau affirme en coulisses qu’il est prêt non seulement à cajoler et à négocier, mais aussi à riposter contre les tarifs douaniers ou les mesures protectionnistes si nécessaire.

 
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