victime d’un handicap, il ne peut pas entrer au tribunal

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Accessibilité à Genève

Victime d’un handicap, il ne peut pas accéder au palais de justice

Eric Grassien a été convoqué début octobre pour des poursuites. Il n’a pas pu accéder à l’audience avec son fauteuil roulant.

Publié aujourd’hui à 9h08

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Bref:
  • Eric Grassien n’a pas pu accéder au court à cause d’un ascenseur inadapté.
  • Pro Infirmis constate souvent des problèmes d’accessibilité pour les personnes handicapées.
  • Les anciens bâtiments du palais de justice ne disposent pas de fonctionnalités d’accessibilité.

Ne pas pouvoir aller au tribunal en raison de son handicap, c’est l’expérience désagréable vécue par Eric Grassien avec son fauteuil roulant. Le 7 octobre, le Genevois, tétraplégique, a été convoqué au Tribunal de première instance à 10 heures pour le réquisitoire, en salle B4.

Il entre par la porte du palais de justice située sur le côté, rue des Chaudronniers 9. Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il se rend compte que l’ascenseur, censé le faire monter dans les étages, est trop petit. Sa chaise électrique ne lui convient pas. Eric Grassien se sent impuissant, physiquement empêché de se rendre à l’audience. Son histoire a ému un ami, qui a écrit aux lecteurs de la « Tribune de Genève ».

Il faut dire qu’Eric a de nombreux amis. On le retrouve attablé à son « Stammtisch », son café préféré, le Pub L’Arbalète, où chaque jour, José, le propriétaire, lui propose de déjeuner. C’est ici qu’il nous raconte sa mauvaise expérience au tribunal. Eric est devenu tétraplégique en 1989 après avoir été heurté par une voiture.

Un professionnel infirme pas surpris

Cette malheureuse aventure d’une salle inaccessible par chaise ne surprend pas Véronique Piatti Bretton, la directrice de Pro Infirmis Genève. L’accessibilité au tribunal est un thème qui revient régulièrement parmi les bénéficiaires de son association. “Souvent, il faut demander à la Justice de convoquer des personnes handicapées au rez-de-chaussée, c’est un grand classique.”

Le directeur note néanmoins qu’une personne souffrant d’un handicap, se réclamant autonome, devrait le signaler au tribunal dès réception de la convocation, afin que toutes les mesures puissent être prises par l’autorité judiciaire.

« Ce genre de situation est triste », réagit l’architecte Namira Benfriha-Raki, spécialiste de l’accessibilité universelle et coordinatrice de l’association HAU (Handicap architecture urbanisme). La mise en conformité de ce type de bâtiments anciens n’est pas obligatoire et elle ne se fait pas tant qu’il n’y a pas de travaux prévus.

Pour elle, personne ne peut être blâmé, mais c’est dommage. L’accent doit être mis sur le côté humain. « Je suis convaincu que la personne à l’accueil ne savait pas quoi faire dans cette situation. Ces lieux publics devraient faire l’objet d’un accompagnement, pour que les salariés sachent accueillir, en langue des signes ou en langage simplifié.

Chaise particulièrement large

Du côté de la Magistrature, le chargé de relations presse, Olivier Francey, indique que la salle B4, utilisée notamment par le Tribunal Civil, est située au premier étage d’un des bâtiments du Palais de Justice. « Cette salle est en principe accessible aux personnes en fauteuil roulant, mais on ne peut exclure des difficultés ponctuelles avec des chaises particulièrement larges. C’est malheureusement ce qui s’est passé avec M. Grassien», explique-t-il.

Selon la magistrature, Eric Grassien a été accueilli à l’entrée du palais de justice. Il a ensuite été accompagné dans la cour pour fumer un cigarillo. Après un échange avec le greffier, on lui propose de se réunir à nouveau ultérieurement dans une salle plus facilement accessible. Il lui a également été rappelé que sa présence à une telle audience n’était pas indispensable. Par la suite, il a été convenu de procéder par écrit, afin d’éviter de nouveaux déplacements.

Un pouvoir judiciaire attentif

Concernant le manque d’accessibilité, Olivier Francey rappelle que le Palais de Justice est un bâtiment ancien dans lequel aucun aménagement ni investissement spécifique n’a été réalisé depuis plus de vingt ans. “Cependant, dans la plupart des cas, nous sommes en mesure d’accompagner les personnes à mobilité réduite, grâce aux ascenseurs et aux différents couloirs présents dans les locaux du Palais.”

La Justice serait particulièrement sensible aux éventuelles difficultés rencontrées par les justiciables, c’est pourquoi elle a multiplié les informations sur les panneaux d’affichage à l’entrée des immeubles. Il recommande à toute personne préoccupée par son accès à une salle de le contacter avant l’audience ou le jour même, « via l’interphone disponible en bas des escaliers de la porte du Bourg-de-Four afin de faciliter leur entrée. « .

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Judith Monfrini est journaliste à la section locale. De formation juridique, elle a obtenu son diplôme du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM) en 2015. Elle a travaillé plus de dix ans pour le groupe Médiaone. (Radio Lac, One fm)Plus d’informations

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