Un agent de la DPJ qui avait dit tout et son contraire dans l’espoir d’être acquitté d’une agression sexuelle sur une jeune adolescente dont il avait la garde vient d’être déclaré coupable, si bien qu’il risque désormais la prison.
• Lisez également : Un intervenant de la DPJ nie totalement avoir agressé sexuellement une adolescente dans une maison de jeunesse
• Lisez également : Un intervenant de la DPJ jugé pour agression sexuelle sur une adolescente dans une maison de jeunesse
«La seule conclusion logique est que son témoignage manque d’une telle valeur qu’il ne soulève aucun doute raisonnable», a tranché jeudi le juge Jean-Guillaume Blanchette au palais de justice de Drummondville.
Martines Cenelia, 41 ans, a commis son crime à l’automne 2022, alors qu’il travaillait comme agent d’intervention à la Direction de la protection de la jeunesse. Depuis, il a perdu son emploi.
Dans le cadre de son travail, il avait pour mission d’accompagner une jeune fille de 14 ans à l’hôpital.
Sauf qu’en la ramenant à la Maison des Jeunes où elle était placée, Cenelia a fait un détour derrière une arène, afin de la maltraiter.
“Afin d’être sûr qu’elle ne le dénoncerait pas, il lui a dit que ses frères étaient des proxénètes et qu’il avait des armes”, a expliqué le juge. Il laisse entendre qu’ils pourraient s’en prendre à sa mère si elle le dénonce.
Faux rapport
L’adolescent, dont l’identité est protégée par le tribunal, avait pourtant fait un signalement. Cenelia a été arrêté et après quatre heures d’interrogatoire, il a finalement reconnu s’être rendu à l’arène, tout en niant toute agression sexuelle.
«Non, je ne l’ai jamais touchée. Je n’ai jamais posé ma main sur sa cuisse. […] Pas du tout », a-t-il déclaré, répétant tout lors de son procès.
Comme pour se protéger, il a également produit un rapport laissant entendre que lors du voyage, la victime avait tenu des propos sexualisés tout en manifestant de « l’intérêt » pour lui et qu’elle était, selon lui, attirée par un homme comme lui.
“Et [la plaignante] se comporte effectivement ainsi envers lui, pourquoi décide-t-il volontairement […] pour l’emmener dans un endroit hors de vue ? s’est demandé le juge avant de conclure que l’accusé n’était pas fiable.
Ses autres affirmations, contredites notamment par les caméras de surveillance, ont détruit le peu de crédibilité qui lui restait.
Aucun doute raisonnable
À l’inverse, la victime a témoigné avec confiance, a noté le juge, affirmant que sa façon de s’exprimer faisait preuve de franchise et d’honnêteté. Et même si elle ne se souvient pas de détails précis, comme l’emplacement exact des mains de l’accusé lors de l’agression, cela n’enlève rien à sa crédibilité.
“Elle a pris soin de bien répondre aux questions”, a déclaré le juge. Son émotivité, lorsqu’elle rapportait les gestes les plus intrusifs, ne semblait pas du tout improvisée ou fausse.
Puisque Cenelia n’a pas été jugée crédible et que sa version ne soulevait aucun « doute raisonnable », et que la victime était crue, l’agent déchu a été reconnu coupable d’agression sexuelle et d’intimidation.
Il reviendra prochainement devant le tribunal, pour plaider sur la peine qui lui sera imposée. Il est défendu par Me Jasmin Laperle Marquis, tandis que Me Marc-André Roy officie pour la Couronne.
Avez-vous des informations à nous partager sur cette histoire ?
Écrivez-nous au ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.