Pourquoi une nouvelle loi voulue par Bruno Retailleau fragiliserait (encore) l’Etat de droit

Pourquoi une nouvelle loi voulue par Bruno Retailleau fragiliserait (encore) l’Etat de droit
Pourquoi une nouvelle loi voulue par Bruno Retailleau fragiliserait (encore) l’Etat de droit
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ALAIN JOCARD / AFP Bruno Retailleau, ici le 15 octobre à l’Assemblée, se rend ce vendredi à la frontière italienne avec le Premier ministre pour parler d’immigration.

ALAIN JOCARD / AFP

Bruno Retailleau, ici le 15 octobre à l’Assemblée, se rend ce vendredi à la frontière italienne avec le Premier ministre pour parler d’immigration.

POLITIQUE – On l’aura compris. La boussole de Bruno Retailleau indique le cap des 11 millions de voix obtenues par le Rassemblement national aux législatives. Un score qui, selon son point de vue, l’autorise à pousser très fort le curseur souverain, quitte à choquer jusqu’au sein du gouvernement au sujet de l’État de droit, offrant une nouvelle cacophonie à l’exécutif au sujet de l’AME et de donner l’impression d’obéir aux injonctions de Marine Le Pen sur une future loi sur l’immigration annoncée pour début 2025.

L’ancien patron des sénateurs LR, qui s’est longtemps emparé du vocabulaire de l’extrême droite, se rend ce vendredi 18 octobre à Menton et Vintimille pour parler (encore) d’immigration clandestine. La présence du Premier ministre Michel Barnier pour ce déplacement vise à démontrer le volontarisme de l’exécutif, dans le sillage d’un durcissement observé partout en Europe, y compris au niveau de la Commission européenne.

Une censure « pure » ?

Un voyage transalpin qui arrive donc au moment où le gouvernement promet une nouvelle loi sur l’immigration, même si la précédente (votée il y a moins d’un an) n’est toujours pas pleinement appliquée, et dont les effets ne peuvent être mesurés à ce stade. Ce qui n’empêche pas le ministre de l’Intérieur d’avoir une idée très précise du texte. ” Je ne propose rien de plus que ce qui a déjà été voté par la majorité de Gabriel Attal, encore une fois, il y a quelques mois. il a annoncé https://twitter.com/telematin/status/1846081508735430726?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1846081508735430726%7Ctwgr%5E7e09aa6c2b93ac28eab8f3bcb0ea70420622b10e%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.lanouvellerepublique.fr%2Fa-la-une%2Floi-immigration-bruno-retailleau-propose-de-reprendre-les-mesures-censurees-par-le-conseil-constitutionnelsoulignant ainsi qu’il entendait reprendre les mesures censurées par le Conseil constitutionnel la fois précédente.

Selon Bruno Retailleau, les mesures les plus dures ont été rejetées pour « des raisons purement formelles « . Or, s’il est vrai que 32 dispositions avaient été considérées comme des cavaliers législatifs par les Sages, trois mesures avaient été rejetées sur le fond. Parmi eux, l’instauration de quotas migratoires fixés chaque année par le Parlement, car contraires à la séparation des pouvoirs (un des piliers de l’État de droit). Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a déjà rejeté sur le fond, mais par un autre canal, les mesures les plus dures votées dans la dernière loi sur l’immigration.

Pour recycler les mesures rejetées, Éric Ciotti, alors président des Républicains, avait déposé une demande de référendum d’initiative partagée (RIP), qui avait été jugée irrecevable par le Conseil constitutionnel. En cause, l’article 1 du texte prévoyant l’instauration d’un délai de cinq ans avant de bénéficier de plusieurs aides sociales dites non contributives, ouvrant la voie à la mise en place d’un « préférence nationale » réclamé depuis longtemps par le RN. Pour les Sages, les dispositions de cet article sont « contraire à la Constitution », dans la mesure où ils contreviennent au préambule de la Constitution de 1946.

« Le Conseil a confirmé que la protection sociale ne s’applique pas seulement aux personnes de nationalité française, mais à toutes les personnes résidant légalement en , rejetant la thèse dite de la « préférence nationale ». confirmé dans une interview avec Monde le président du Conseil constitutionnel, Laurent Fabius. Malgré cette censure sur le fond, les Républicains n’en démordent pas, à l’image de Laurent Wauquiez qui a dénoncé « une nouvelle illustration du coup d’état de droit », tandis que d’autres personnalités du parti remettaient publiquement en cause l’institution de la rue de Montpensier.

Quand le RN se frottait les mains en décembre 2023

Face à ce précédent, la volonté de réintroduire dans la loi des mesures déjà jugées inconstitutionnelles pose question. A moins que l’objet ne soit de démontrer que la Constitution empêche actuellement le Parlement d’appliquer des mesures prétendument » réclamé par les Français « . Et donc de remettre en cause les garde-fous protégeant la démocratie. C’est justement ce que craignaient plusieurs constitutionnalistes lors de l’examen de la loi sur l’immigration fin 2023. » Soit le Conseil laisse passer le texte et on dira qu’il ne protège pas l’État de droit, soit il censure tout ou partie et on criera au gouvernement des juges. », a anticipé avec clairvoyance le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau, cité par l’AFP.

En décembre 2023, le RN avait parfaitement théorisé cette issue : « Si le Conseil constitutionnel nous empêche de durcir notre législation sur l’immigration, cela prouvera aux Français qu’il faut réformer la Constitution. Marine Le Pen a beaucoup travaillé sur ce dossier. C’est un domaine dans lequel elle est identifiée et la plus compétente », assumé un conseiller du leader du RN à l’Assemblée cité par Le point. Or, alors que le ministre de l’Intérieur affirmait récemment qu’à ses yeux l’État de droit n’est ni « sacré ” est ” intangible », on devine aisément les conclusions que pourraient tirer Michel Barnier et Bruno Retailleau, sous la tutelle du RN à l’Assemblée, en cas de nouvelle censure par le Conseil constitutionnel.

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