Un revenu viable de près de 31 000 $ à Trois-Rivières

30 738 $. Il s’agit du seuil de revenu viable fixé par l’Institut de recherche et d’information socio-économiques. [IRIS] afin qu’une personne seule puisse sortir de la pauvreté et atteindre un niveau de vie décent à Trois-Rivières. En raison notamment de l’explosion du coût du logement, le revenu viable affiche une augmentation de 12,35% par rapport au revenu de 2023 qui était de 27 358$.

Un revenu durable est un revenu disponible. C’est la somme de nos revenus moins les différentes déductions, comme les impôts. Par rapport à la mesure du panier de consommation, qui couvre les besoins de base, le revenu durable comprend des dépenses telles que l’achat de livres, l’abonnement à un service Internet et la visite chez le coiffeur.

Le frigo tombe en panne ? Le petit a-t-il perdu ses bottes d’hiver ? Un revenu durable fournit une réserve monétaire pour faire face aux événements inattendus de la vie et mettre de l’argent de côté.

« Nous comptons avoir une vie modeste, mais vivre dignement. Un revenu durable, c’est le coût du budget pour sortir de la pauvreté», explique Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’IRIS.

Plus cher pour rester

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Sylvie Tardif, coordonnatrice générale du COMSEP. (Olivier Croteau/Archives, Le Nouvelliste)

Avec un taux d’inoccupation de 0,4 % de son parc locatif, Trois-Rivières offre un marché qui désavantage les locataires. L’étude IRIS considère non seulement l’augmentation du coût du logement, mais également les coûts liés au fait de quitter un logement pour en trouver un autre en cas de reprise ou de rénovation d’un logement.

Coordonnatrice générale du Centre mauricien d’organisation des services et d’éducation populaire (COMSEP), Sylvie Tardif recommande simplement aux personnes qui fréquentent le COMSEP de rester dans leur logement, à condition que leur sécurité soit assurée et que l’environnement ne soit pas insalubre.

« Nous leur disons de ne pas bouger. Ils ne trouveront rien. Si l’augmentation du loyer est trop importante, vous pouvez vous adresser à la Régie [le Tribunal administratif du logement]. Et dès qu’ils entrent ici, on leur demande de s’inscrire auprès de l’Office municipal du logement, car le coût du loyer représente au maximum 25 % de vos revenus.

— Sylvie Tardif, coordonnatrice générale du COMSEP

Selon l’étude de l’IRIS, une personne vivant seule doit prévoir 9 321 $ pour se loger pendant un an. C’est à peu près ce que reçoit annuellement une personne seule bénéficiant de l’aide sociale de base, soit 9 684 $. En ajoutant les crédits d’impôt pour solidarité et la TPS, le revenu atteint 11 245 $.

« Le coût d’un trois et demi est actuellement de 800 $. Nous ressentons la hausse du coût de la vie. L’itinérance est presque partout. Nous avons des gens qui n’ont plus les moyens de payer leur logement. Et le stress augmente. La pression financière est difficile à gérer, la dette est également plus importante.»

— Pierre Blanchet, coordonnateur du Groupe de défense des droits sociaux de Trois-Rivières

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Pierre Blanchet, coordonnateur du SGDD de Trois-Rivières.
(Stéphane Lessard/Archives, Le Nouvelliste)

Quelque 6 148 $ sont prévus au budget pour la nourriture, un autre poste budgétaire qui doit faire face à l’inflation.

C’est sur la base de l’achat de produits nutritifs qu’IRIS a établi ce budget pour l’alimentation. Les boissons gazeuses, les chips et les aliments préparés ont été exclus de la liste d’épicerie annuelle.

Plus abordable à Trois-Rivières

L’augmentation du revenu viable ne touche pas seulement les personnes vivant seules à Trois-Rivières. Une famille monoparentale avec un enfant inscrit dans un CPE doit compter sur 43 318 $ [+8,58 % comparativement à 2023]tandis qu’une famille de deux adultes et deux enfants en CPE doit disposer de 72 788 $ [+8,30 %].

Malgré ces données croissantes, c’est à Trois-Rivières que le revenu viable est le plus faible comparativement à Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Saguenay et Sept-Îles. Le coût du logement reste plus abordable. La présence d’un service de transport en commun réduit également les dépenses dans ce domaine.

Loin du compte

Un revenu durable peut être obtenu avec un salaire horaire d’un peu plus de 20 $. Même avec un salaire minimum porté à 15,75 $, nous sommes encore loin du compte.

«Les gens des tables populaires le disent, ils ont des travailleurs», rappelle Mme Tardif. « Les gens travaillent, mais ils sont pauvres. »

« On pourrait penser que c’est beaucoup [la hausse de 50 cents], mais c’est moins que l’inflation. C’est insignifiant comparé aux besoins croissants. Nous ne disons pas qu’il faut changer le salaire minimum, mais il y a une réflexion à faire lorsque le coût de la vie pour les personnes en bas de l’échelle augmente et que le salaire minimum ne suit pas la même tendance.

— Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l’Institut de recherche et d’information socioéconomiques

Augmenter le salaire minimum pourrait être une voie pour améliorer la situation. On peut aussi travailler à réduire les dépenses, ajoute Mme Couturier. L’ajout de logements communautaires contribuera à réduire le budget alloué au logement, tandis que les investissements publics dans le transport collectif et dans l’aménagement d’espaces facilitant le transport actif auront le même effet sur les dépenses de transport.

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(IRIS)

Le secteur communautaire réclame depuis longtemps une bonification des programmes d’aide sociale afin qu’ils atteignent la mesure du panier de consommation qui est de 24 200 $ à Trois-Rivières.

Pierre Blanchet estime même que le moment est venu de faire revenir l’idée d’un revenu minimum garanti.

« Il est peut-être temps de lancer un projet pilote. Et pourquoi pas en Mauricie qui a fortement dévitalisé des secteurs ? propose M. Blanchet, rappelant que 11.290 Mauriciens âgés de 18 à 64 ans bénéficiaient de l’aide sociale en novembre 2023.

« Avec les crédits d’impôt, une personne seule reçoit 11 245 $ par année avec l’aide sociale », indique Sylvie Tardif. « Cela représente 46 % du montant de la mesure du panier de consommation. Une personne seule bénéficiant de l’aide sociale, c’est une grande pauvreté.

Revenu disponible

Les plus récentes données de l’Institut de la statistique du Québec démontrent que le revenu disponible continue d’augmenter partout au Québec, y compris en Mauricie, mais cette dernière occupe la dernière place parmi les 17 régions administratives de la province.

Selon les données provisoires pour 2022, le revenu disponible par habitant en Mauricie est de 33 048 $. Le Centre-du-Québec arrive au 14e rang avec un revenu disponible de 33 616 $. La moyenne québécoise est de 36 826 $.

 
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