A Beyrouth, le choc et la peur d’une guerre généralisée

A Beyrouth, le choc et la peur d’une guerre généralisée
A Beyrouth, le choc et la peur d’une guerre généralisée

Soutenu par trois hommes, un père en pleurs, la main sur le cœur, appelle sa fille depuis un monticule formé par un immeuble en ruine à Dahiyé, banlieue sud de Beyrouth, dimanche 29 septembre. “Parle à ton père, envoie-moi un signe”» exhorte l’homme devant un immeuble jaune effondré sous le souffle des frappes qui ont pulvérisé en contrebas, vendredi, un immeuble de six immeubles, sous lequel se trouvaient le siège du parti chiite Hezbollah et son chef, Hassan Nasrallah.

Les corps de sa fille et de son épouse sont toujours coincés dans la carcasse de béton. Comme celles de l’oncle, de la tante et de deux cousins ​​(les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes interrogées) d’Hicham, venus récupérer leurs affaires dans les décombres. Les équipes de la protection civile n’ont pas encore commencé à rechercher les victimes civiles dans les bâtiments fortement endommagés par le souffle de l’explosion, et dans les décombres de ceux réduits en poussière.

Le corps de « dis-yid » Nasrallah a été retrouvé samedi dans les entrailles du bunker souterrain. La confirmation de sa mort par le Parti de Dieu a provoqué une onde de choc dans le pays, figé dans une attente fébrile. Dans l’épicerie à l’entrée du quartier chiite de Khandak Al-Ghamik, au centre de Beyrouth, la caissière ne peut retenir ses larmes depuis l’annonce de son décès. De nombreux chiites avaient développé un sentiment d’intimité avec le leader charismatique.

Des secouristes observent les lieux de la frappe israélienne qui, vendredi, aurait causé la mort de Nasrallah, à Dahiyé, au Liban, le 29 septembre 2024. ADRIENNE SURPRENANTE / MYOP POUR « LE MONDE »
Un homme pleure sur les lieux d’une frappe israélienne à Dahiyé, au Liban, le 29 septembre 2024. ADRIENNE SURPRENANTE / MYOP POUR « LE MONDE »

Partout dans l’épicerie, le temps semble s’être arrêté. Des hommes muets, aux visages sombres, attendent les instructions concernant les cérémonies, assis sur des chaises en plastique. Un homme porte des bandages sur chaque main et sur le visage, comme de nombreuses recrues du Hezbollah, blessées par l’explosion de leur téléavertisseur, due à un sabotage attribué à Israël, le 17 septembre. Des hommes restent debout sous le porche d’un immeuble, à l’abri d’éventuelles balles perdues. Des rafales de coups de feu retentissent dans l’air à intervalles réguliers, en hommage au « martyr ».

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Beyrouth, sidération après la mort de Hassan Nasrallah

Ajouter à vos sélections

Des jeunes à bout de nerfs

Au coeur du quartier, l’ambiance est électrique. Les jeunes sont à bout de nerfs, entre colère et sentiment d’abandon. Aucune directive ne leur a encore été donnée par la direction du parti chiite. Les dirigeants locaux du Hezbollah ne sont pas sûrs de pouvoir y faire face. Il est fortement conseillé aux journalistes de rester à l’écart en cette période de détresse, car une explosion pourrait survenir à tout moment. Le sentiment de pouvoir et de fierté qu’Hassan Nasrallah projetait au sein de la communauté chiite cède la place à la vulnérabilité.

Il vous reste 74,73% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Under influences | Marie-Andrée Labbé: from Chambres en ville to STAT
NEXT Des explosifs et des véhicules militaires incendiés