Hollande critique la direction du PS

La pilule est encore dure à avaler. Une semaine après la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, la gauche, qui, avec le plus gros contingent de députés (193) à l'Assemblée nationale, lorgnait Matignon, va se retrouver face à un exécutif de centre droit, voire de droite. Après s'être péniblement entendu cet été sur le nom de Lucie Castets, le Nouveau Front populaire (NFP) a subi un déluge de tirs de la part de ses adversaires. Menaçant de renverser immédiatement la proche amie d'Anne Hidalgo si elle arrive rue de Varenne. Porté du bloc central au Rassemblement national (RN) en passant par Les Républicains, ce blocage a contraint Emmanuel Macron, qui cherchait un profil garantissant une « stabilité institutionnelle », de révoquer le haut fonctionnaire de la Ville de Paris.

Si le chef de l'Etat a d'abord hésité à choisir Bernard Cazeneuve, il a fini, après l'avoir reçu, par rejeter cette hypothèse ; la direction du Parti socialiste, malgré une révolte interne, a refusé de se prononcer sur un soutien inconditionnel à un gouvernement dirigé par l'ancien Premier ministre. Une manière pour le parti à la rose de ne pas acter la rupture avec le NFP. Un principe directeur qui s'est retrouvé ce jeudi dans le viseur de François Hollande.

« Une personnalité politique »

Invité sur France 5, l'ancien président de la République estime que la « Le premier devoir de la gauche n’est pas de se battre, ce n’est pas de se diviser, c’est de dire ce que nous avons fait et ce que nous devons faire pour l’avenir. » Et pour rappeler un “leçon” à son camp, parfois trop intransigeant sur l'aspect programmatique : « On dit souvent qu’il faut être plus à gauche, mais quand on est plus à gauche, on se retrouve avec un gouvernement plus à droite. ».

Alors que certains socialistes ont critiqué François Hollande pour ne pas avoir publiquement soutenu son «ami»au moment où son successeur menait ses consultations pour Matignon, l'ancien président affirme avoir dit à Emmanuel Macron qu'il « une personnalité politique était nécessaire dans ce contexte exceptionnel »et cela « Bernard Cazeneuve aurait pu être cette personnalité ». Avec la garantie de ne pas le renverser tout de suite ? « grande majorité » députés socialistes, quelle que soit la position du premier secrétaire Olivier Faure, « n’aurait jamais censuré » l'ancien ministre de l'Intérieur, aurait confié le député de Corrèze à celui qui était son conseiller.

Mais la position du PS aurait finalement convaincu le président. « C'est un homme qui a gouverné, respecté, explains François Hollande. L'anomalie, c'est de parler comme si Bernard Cazeneuve n'était pas un homme de gauche. “C'est une honte.”