(Québec) En voulant faire tomber le gouvernement Trudeau, François Legault devient le « super bénévole » de Pierre Poilievre et appuie « un parti où le tiers des députés militent contre le droit à l’avortement », accuse Gabriel Nadeau-Dubois. Un coup de gueule qui a fait des étincelles au Salon rouge, mardi.
« Le premier ministre est prêt à appuyer un parti dont le tiers des députés sont contre le droit à l’avortement. Quand a-t-il reçu le mandat de mettre au pouvoir un homme qui a voté contre le droit à l’avortement à quatre reprises dans sa carrière politique? Êtes-vous en mesure de répondre à cette question? », a demandé le chef parlementaire de Québec solidaire lors d’un échange tendu avec le premier ministre.
Le chef du Parti conservateur du Canada, qui se dit pro-choix, a promis de ne pas rouvrir le débat sur l’avortement s’il arrive au pouvoir. Selon un lobby anti-avortement, Coalition Campaign Life, 40 députés conservateurs sont anti-avortement.
Gabriel Nadeau-Dubois a fustigé mardi François Legault au sujet de sa déclaration de jeudi dernier, lorsque le premier ministre avait demandé au Parti québécois de faire pression sur le Bloc québécois pour contribuer à faire tomber le gouvernement libéral.
Le premier ministre a toutefois rétorqué que son message s’adressait également à Québec solidaire.
” [Le Parti québécois et Québec solidaire] « Les deux partis se sont couchés parce qu’ils se disent plus à gauche. Et c’est plus important pour ces deux partis d’être plus à gauche que de défendre l’autonomie et les intérêts du Québec », s’est-il emporté, piqué au vif par les questions du chef solidaire.
Il est temps qu’il y ait deux partis qui se disent nationalistes, qui défendent enfin la nation et qui disent ensuite à Justin Trudeau : c’est inacceptable de nous envoyer 600 000 immigrants. Nous n’en sommes plus capables.
François Legault, premier ministre du Québec
François Legault a également ajouté que l’immigration temporaire devrait être « l’enjeu des urnes » lors des prochaines élections fédérales. Le premier ministre n’a plus confiance en Justin Trudeau pour régler les problèmes d’immigration et a déclaré jeudi dernier que le Québec « a besoin d’un gouvernement économique à Ottawa ». Le Parti conservateur est largement en tête dans les intentions de vote.
« Pour nous, défendre le Québec, c’est défendre le droit des Québécoises de choisir ce qui arrive à leur corps. Pour nous, défendre les intérêts du Québec, c’est défendre le territoire québécois contre les pipelines que Pierre Poilievre veut construire ici », a répliqué M. Nadeau-Dubois.
Un geste controversé
Dans un élan de générosité, le leader solidaire a aussi levé le bras pour manifester, a-t-il dit en quittant la salle rouge, son exaspération. Le geste a plutôt été perçu comme un « doigt d’honneur » sur les bancs du gouvernement, provoquant l’intervention du leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.
« C’est un manque de respect de la part de GND, c’est un véritable manque de maturité de la part de quelqu’un qui est chef de parti, c’est inacceptable », a déploré Legault à la fin de la période de questions. L’intéressé a nié avoir eu un comportement inapproprié. « J’ai fait un geste d’exaspération parce que le premier ministre donne son appui à un parti politique infiltré par des députés anti-avortement. » […] c’est sérieux, il vient me chercher […] et il n’est pas question que je m’excuse », a-t-il répondu.
En 2021, François Legault a apporté son appui aux conservateurs d’Erin O’Toole.