Imane Rmili ou la restauration engagée

Imane Rmili est une figure incontournable du secteur de la restauration touristique au Maroc. Présidente de l’Association Régionale des Restaurateurs de la Wilaya de Marrakech (ARWM) depuis 2020 et de la Fédération Nationale des Restaurateurs Touristiques (FNRT) depuis 2021, elle s’est distinguée par son leadership et sa capacité à surmonter les crises. Élue en pleine pandémie, son parcours a été marqué par une mobilisation sans relâche pour accompagner les restaurateurs en difficulté, promouvoir la gastronomie marocaine à l’international et encourager l’inclusion des jeunes et des femmes dans ce secteur.

Née en 1980, son parcours se distingue par une combinaison unique de formation académique rigoureuse et d’un fort engagement entrepreneurial. Ses contributions en tant que leader dans ces industries stratégiques ont fait d’elle un acteur clé de leur développement, notamment dans la ville de Marrakech.

Après des études en France, Imane Rmili a obtenu une licence en finance et conseil, suivie d’un master en comptabilité et audit. Cette formation lui a donné les compétences nécessaires pour se démarquer dans un environnement économique complexe et pour apporter des solutions stratégiques aux défis auxquels sont confrontés les secteurs du tourisme et de la restauration. Son expertise financière et ses capacités d’organisation lui ont rapidement ouvert les portes de postes à responsabilité au Maroc. De plus, elle a complété et poursuivi sa formation cette année avec un certificat en exécution et stratégie en leadership public délivré par Harvard.

En tant que présidente de la Fédération nationale des restaurateurs du Maroc, elle a mené d’importantes actions pour améliorer les conditions de travail et la reconnaissance des professionnels de la restauration. Comme par exemple son plaidoyer en faveur d’une réduction des charges sociales et fiscales : les collègues d’Imane Rmili reconnaissent qu’elle a travaillé sans relâche pour réduire la charge fiscale et sociale pesant sur les restaurateurs, leur permettant d’investir davantage dans la qualité de leurs services. Ou encore la mise en place de programmes de formation pour les restaurateurs, les aidant à améliorer leurs compétences et à se conformer aux normes internationales, tout en préservant l’authenticité de la gastronomie marocaine. Dès son élection à la présidence de la FNRT, la première action qu’elle a menée a été l’affiliation des restaurants touristiques au ministère du Tourisme, ce qui les a largement aidés à obtenir les aides qui leur ont été accordées dans le cadre de la prise en charge des effets du Covid.

Au-delà de ses fonctions de représentante, Imane Rmili est elle-même une entrepreneuse accomplie. Elle est propriétaire et gérante de la rôtisserie La Paix, Dar Diaffa et envisage de se lancer dans l’hôtellerie.

Son engagement en faveur de l’entrepreneuriat féminin se manifeste à travers des actions concrètes : elle accompagne les femmes chefs d’entreprise, partage son parcours lors de conférences et s’implique activement dans des initiatives visant à renforcer la place des femmes dans le monde professionnel au Maroc.

En partageant ses propres défis, notamment la perte de son père en 2020, Imane Rmili incarne une résilience et une détermination qui inspirent de nombreuses jeunes femmes. Elle prouve que, malgré les obstacles, il est possible de réussir dans des secteurs traditionnellement dominés par les hommes.

Dans cette interview, Imane Rmili revient sur son parcours, ses actions et les défis qu’elle continue de relever pour transformer le secteur de la restauration au Maroc.

Au lendemain de votre élection à la présidence de l’ARWM en pleine crise sanitaire, quels ont été vos principaux défis à ce moment-là, et comment les avez-vous surmontés ?

Être élu en 2020, en pleine crise du Covid-19, a été pour moi un immense défi. Le secteur de la restauration, notamment dans une ville touristique comme Marrakech, était en grande difficulté. La survie des établissements était donc notre priorité absolue. Pour cela, j’ai rapidement pris contact avec les autorités locales pour plaider en faveur d’aides financières et d’allègements fiscaux. Nous avons également mis en place des initiatives comme « Le Ftour du Cœur » pour renforcer la solidarité. Cela a permis non seulement de maintenir l’espoir, mais aussi de montrer que la solidarité pouvait aider à surmonter les moments les plus difficiles.

Concernant les défis, il faut noter qu’il s’agit avant tout de la restructuration du secteur associatif dans la restauration touristique. En effet, en l’espace de 2 ans, nous sommes passés à 7 associations régionales structurées. Notre objectif est de couvrir tout le Maroc. Ce sont bien sûr des étapes compliquées mais obligatoires, car elles sont les fondements mêmes de l’avenir.

Quelles actions concrètes avez-vous menées pour soutenir les jeunes et les femmes dans le secteur de la restauration ?

L’intégration des jeunes dans le secteur a toujours été au cœur de mes priorités. Nous avons lancé des programmes de formation pour les jeunes des zones rurales, leur offrant des opportunités professionnelles dans la restauration. C’était aussi un moyen de renouveler notre secteur en attirant des talents. Quant aux femmes, en tant que première présidente de la FNRT, je me suis engagée à favoriser leur place dans la restauration, un secteur encore largement dominé par les hommes. Nous avons organisé des ateliers et des rencontres pour encourager les femmes à occuper des postes à responsabilité.

Au niveau des filles du milieu rural et des jeunes, nous essayons de travailler en synergie et les associations locales, car nous pensons que pour avancer, nous avons besoin d’être bien accompagnées.

En tant que président de la FNRT, vous avez lancé plusieurs initiatives pour promouvoir la gastronomie marocaine à l’international. Pouvez-vous nous parler, par exemple, du projet « Cuisine du Maroc » et de son impact ?

« Cuisine du Maroc » est l’un de mes projets phares mené en étroite collaboration avec l’ONMT. L’idée est de promouvoir notre gastronomie sur la scène internationale, tout en restant fidèle à nos racines. Nous avons travaillé avec des chefs et des experts pour moderniser certains aspects de la cuisine marocaine sans perdre son authenticité. C’est un peu ce que le Japon ou l’Italie ont fait avec leur cuisine. Nous voulons que la cuisine marocaine soit perçue comme une cuisine haut de gamme, capable de séduire les palais du monde entier.

Comment avez-vous géré la reprise du secteur après la pandémie, notamment dans une ville touristique comme Marrakech ?

La relance post-Covid a été un immense défi. Marrakech, qui dépend du tourisme, a vu ses restaurants quasiment à l’arrêt pendant des mois. Avec l’ARWM et la FNRT, nous avons travaillé à relancer le secteur en organisant des campagnes de communication ciblées, en partenariat avec le ministère du Tourisme. Nous avons également encouragé les restaurateurs à améliorer leurs services pour répondre aux nouvelles attentes des touristes, notamment en matière de sécurité sanitaire. Ce fut un travail de longue haleine, mais nous voyons enfin les fruits de nos efforts.

Quels sont selon vous les principaux défis auxquels sont encore confrontés les restaurateurs marocains, et comment voyez-vous l’avenir du secteur ?

Le secteur de la restauration, et particulièrement celui de la restauration touristique, a encore de nombreux défis à relever. Le soutien du gouvernement est essentiel pour nous et, grâce à Dieu, nous avons été écoutés et un dialogue positif est toujours maintenu, sachant que nous avons fait de grands progrès. Il ne reste plus qu’à ce que les promesses faites soient suivies d’une exécution plus rapide. Il est essentiel d’investir dans la formation continue et de moderniser les infrastructures pour attirer et fidéliser une clientèle internationale. Je suis optimiste pour l’avenir. Nous avons prouvé notre résilience face aux crises, et je crois que la restauration marocaine a un immense potentiel. Il nous faut encore la faire rayonner davantage sur la scène internationale.

Il faut consolider ce que nous avons acquis, établir une bonne gouvernance pour aller de l’avant. Et toute aide est la bienvenue. Les restaurateurs doivent aussi comprendre la force d’une association régionale et y adhérer…

 
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