Jonathan Marchessault, du bouc émissaire à l’immortel

L’ancien numéro 18 deviendra le neuvième joueur des Remparts à voir son chandail retiré de la circulation au Québec, rejoignant Chouinard, Éric et Guy, Réal Cloutier, André Savard, Marc-Édouard Vlasic, Alexander Radulov, Simon Gagné et Guy Lafleur.

« J’ai accompli de belles choses chez les juniors, mais il y en a plusieurs qui en ont fait autant que moi, a-t-il dit. C’est plus ce qui vient après qui, selon moi, me permet de voir mon chandail retiré. Quand je regarde des gars comme Anthony Duclair, Adam Erne, ils ont été de bons joueurs avec les Remparts, a insisté Marchessault. Il y a aussi des gars comme Yannick Riendeau, à Drummondville, Philip-Michael Devos, à Victoriaville, Dave Labrecque à Shawinigan. »

« Ils étaient vraiment de bons joueurs dans les ligues juniors majeures. »

— Jonathan Marchessault

L’attaquant Jonathan Audy-Marchessault a passé quatre saisons dans l’uniforme des Remparts. (Photothèque Le Soleil, Erick Labbé/Photothèque Le Soleil, Erick Labbé)

L’auteur de ces lignes allait enchaîner avec la question suivante lorsqu’il s’empressa d’ajouter : « Et je n’ai jamais gagné avec les Remparts. »

2011, un échec

Il n’est pas nécessaire d’ajouter de nuances au parcours fructueux de Jonathan Marchessault avec les Diables rouges, puisque le natif de Cap-Rouge se charge lui-même de rappeler l’échec en séries éliminatoires de 2011, la plus grande déception de ses quatre années juniors passées sous la direction de Patrick Roy.

La première page du Soleil du 4 mai 2011. (BANQUE)

Ce printemps-là, la populaire équipe québécoise menait la série demi-finale contre les Olympiques de Gatineau 3-1, mais perdait trois fois de suite, dont lors du 7e match au Colisée. La défaite du 3 mai 2011 lui fait encore mal, plus de 13 ans plus tard, mais il classe toujours sa dernière saison junior parmi ses plus beaux souvenirs dans la capitale.

« J’étais l’un des plus vieux et l’un des meilleurs joueurs, tout tournait autour de moi et j’aimais ça », raconte celui qui, cette année-là, est devenu le premier joueur de l’histoire de la LHJMQ à remporter le championnat des pointeurs des séries sans avoir atteint la finale. « J’ai eu un but refusé lors de ce 7e match et je crois encore que nous avions un meilleur club qu’eux. » [les Olympiques]. On peut reconnaître les grands joueurs par ce qu’ils ont gagné en séries éliminatoires, vous savez que c’est la chose la plus difficile à faire dans le sport.

« Et en junior, je ne l’ai pas fait. »

— Jonathan Marchessault

Marchessault a longtemps porté le 18 avant d’adopter le 81 à Tampa Bay. (Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Le meilleur est venu plus tard, fruit de beaucoup de « travail » et de « dur labeur » dans la Ligue américaine, puis plus tard dans la Ligue nationale, où il a dû échanger le 18 pour le 81 car son numéro était déjà pris à Tampa Bay.

En 2023, le père de quatre enfants est devenu le seul joueur, après Wayne Gretzky, à remporter le prestigieux trophée Conn Smythe sans avoir été repêché par la Ligue nationale de hockey. Un exploit dont il est naturellement fier.

Les quatre années de Marchessault chez les juniors avec les Remparts sont sans doute associées au règne de Patrick Roy comme entraîneur-chef. De 2007 à 2010, l’entraîneur a tout fait pour le motiver, proclamant par exemple haut et fort que son poste de joueur de 20 ans était en jeu. Quelques semaines plus tard, le choix de 12e tour de 2007 était « sur le pas de la porte » en raison d’un prétendu manque de combativité.

Chaque opportunité était bonne pour

Toutes les occasions étaient bonnes pour « faire grincer des dents » Bebitte, comme le jour où, lors d’une pratique facultative, Marchessault a décidé d’aller voir un match de football du Rouge et Or plutôt que de patiner au Colisée. (Les Archives du Soleil)

Toutes les occasions étaient bonnes pour « faire grincer des dents » Bebitte, comme le jour où, lors d’une pratique facultative, Marchessault avait décidé d’aller voir un match de football du Rouge et Or plutôt que de patiner au Colisée. « Et ça, ça me dérange, avait fulminé Roy à propos de son bouc émissaire. Quand on est un leader dans une équipe, nos priorités devraient être notre équipe et non notre vie sociale. »

« Je l’ai détesté pendant quatre ans ! », résume le nouvel attaquant des Predators de Nashville. Patrick savait que s’il voulait gagner, il devait être à son meilleur et c’est pour cela qu’il a joué autant de matchs. Jeux « J’étais souvent déçue de notre relation et j’ai trouvé ça dur parce que souvent, je pensais que ce n’était pas justifié. »

« Ce n’est qu’après avoir été mon cadet que j’ai mieux compris sa tactique. »

— Jonathan Marchessault

Roy avait toujours la main chanceuse lorsqu’il lui « tapait sur les jointures », un petit jeu qui a propulsé le petit joueur de centre au 7e rang des meilleurs buteurs de l’histoire de la 2e génération des Remparts, jusqu’au deuxième rang des séries, derrière un certain Alexander Radulov.

Patrick Roy et Jonathan Marchessault au cours des dernières années.

Patrick Roy et Jonathan Marchessault au cours des dernières années. (Erick Labbé/Le Soleil Archives)

L’auteur d’une récolte de 95 points, dont 40 buts, à sa dernière campagne dans la LHJMQ croit qu’il sera « émotif » samedi après-midi (16h). La présence de ses enfants n’y est pas étrangère, tout comme son parcours improbable vers les plus hauts sommets de notre sport national.

« Quand tu prends le temps de réfléchir à ce que tu as fait dans ta carrière, à ton parcours, ça t’emmène ailleurs, ça te rend plus émotif, un peu comme je l’étais quand j’ai gagné la Coupe Stanley. »

L’adversité est bonne

Jonathan Marchessault et un de ses fils le mois dernier au Québec.

Jonathan Marchessault et un de ses fils le mois dernier au Québec.
(Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Veut-il que la carrière sportive de ses enfants soit aussi semée d’embûches que la sienne? Jonathan Marchessault s’arrête un instant avant de répondre, conscient de l’exception qu’il représente dans la Ligue nationale de hockey.

« Je pense parfois qu’ils ont un chemin facile, je me dis que c’est un peu plus cuit que moi, estime-t-il. L’adversité a du bon dans la vie. Mon aîné vient d’être retranché de son équipe de hockey. La prochaine fois, je suis sûr qu’il travaillera encore plus fort pour obtenir ce qu’il veut. »

Jonathan Marchessault et son fils lors d'une fête organisée en son honneur à la place Jean-Béliveau.

Jonathan Marchessault et son fils lors d’une fête organisée en son honneur à la place Jean-Béliveau.

(Caroline Grégoire/Le Soleil Archives)

Comme lui, entre 2007 et 2010, quand Patrick Roy le faisait passer au crible devant les micros des journalistes après une moins bonne performance.

 
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