Didier Migaud, social-démocrate au ministère de la Justice

Didier Migaud, social-démocrate au ministère de la Justice
Didier Migaud, social-démocrate au ministère de la Justice
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Didier Migaud, ancien président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, à Paris, le 7 mai 2022. LUDOVIC MARIN / AFP

Une chose est sûre : il y aura un changement radical de style place Vendôme. Ce ne sera plus Eric Dupond-Moretti, 63 ans, ancien pénaliste au tempérament de feu, amateur de joutes oratoires, qui occupera le siège de ministre de la Justice. Le nouveau ministre de la Justice – au profil très « finances publiques » – a des aspérités bien moins marquées : Didier Migaud, 72 ans, ancien socialiste, ancien président de la Cour des comptes, était président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) depuis 2020. Symbole important, son nom a été le premier cité dans l’arrêté protocolaire, lors de l’annonce gouvernementale samedi soir.

Le syndicat des magistrats (USM, majoritaire) a accueilli cette nomination sans hostilité, contrairement à celle de M. Dupond-Moretti en juillet 2020. Le syndicat avait alors qualifié l’arrivée de l’avocat à la Chancellerie de « déclaration de guerre ». « Didier Migaud a une idée du fonctionnement de la justice de par son ancien poste à la tête de la Cour des comptes. Sa place dans l’ordre protocolaire est une indication intéressante des priorités que le gouvernement entend donner à l’action judiciaire », explique Ludovic Friat, le président de l’USM. Nous avons besoin de ces symboles parce que nous sommes inquiets de la constitution de la Primature où la justice n’a pas de pôle autonome. La crainte est que la justice soit un accessoire de l’intérieur.

Du côté du Syndicat des magistrats (SM), l’accueil est également très prudent et un peu plus frais : « Didier Migaud est surtout connu comme un expert budgétaire, on ne sait rien de son projet pour la justice donc il est trop tôt pour réagir. Mais, au sein d’un tel gouvernement, avec notamment Bruno Retailleau à l’intérieur, on doute qu’une vision humaniste et progressiste de la justice puisse être portée », craint l’organisation de gauche. « Nous avons besoin d’un ministre qui défendra l’État de droit face aux attaques et aux menaces et qui défendra également un système judiciaire fort qui garantit l’égalité de tous devant la loi. »

La rupture avec l’ancien garde des Sceaux est, en réalité, multiple. Ainsi, Eric Dupond-Moretti a été accusé de conflits d’intérêts lorsque, quelques semaines après sa nomination place Vendôme, il a ordonné à l’Inspection générale de la justice de mener des enquêtes administratives contre des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir lorsqu’il était avocat. Un procès a même eu lieu devant la Cour de justice de la République, à l’issue duquel M. Dupond-Moretti a été acquitté. Son successeur a, lui, été chargé justement de traquer les potentiels conflits d’intérêts à la HATVP.

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