Après les explosions spectaculaires, attribuées à l’Etat hébreu, de téléavertisseurs et de talkies-walkies visant des membres du Hezbollah mardi et mercredi et qui ont coûté la vie à au moins 37 personnes, le mouvement chiite libanais a perdu ce vendredi l’un des chefs de sa branche militaire, lors d’une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth qui a fait au moins 16 morts et une cinquantaine de blessés.
VidéoExplosions au Liban : le chef du Hezbollah déclare qu’Israël a « franchi toutes les lignes rouges »
“Le chef de la force Al-Radwan, Ibrahim Aqil, a été tué”, a déclaré à l’AFP une Source proche du mouvement chiite libanais. La frappe israélienne visait une réunion de la force d’élite du Hezbollah, a précisé une Source proche du mouvement.
Membre fondateur de la branche militaire du Hezbollah, Ibrahim Aqil avait succédé à Fouad Chokr, tué le 30 juillet lors d’une frappe similaire contre le bastion du mouvement pro-iranien dans la banlieue sud de Beyrouth. Il était à la tête de la puissante formation Al-Radwan, une unité d’élite dont la principale mission est d’infiltrer le nord d’Israël, notamment la Galilée.
L’armée israélienne a confirmé sa mort, ainsi que celle d’Ahmed Mahmoud Wahbi, qui dirigeait les opérations militaires de la même unité Radwan depuis les attaques du 7 octobre 2023 jusqu’au début 2024. Au total, seize combattants du Hezbollah sont morts dans la frappe de vendredi.
Déjà en janvier, un commandant de l’unité d’élite Al-Radwan, Wissam Jawad al-Tawil, avait été tué dans une frappe israélienne au sud du Liban. Cette unité est composée de combattants expérimentés et entraînés aux assauts. Certains ont combattu en Syrie ou dans d’autres pays de la région. Israël exige le retrait d’Al-Radwan des zones frontalières du sud du Liban, une demande transmise par les médiateurs internationaux au Liban.
Impliqué dans deux attentats contre les États-Unis
Ibrahim Aqil, alias Tahsin, était loin d’être un inconnu. Le programme antiterroriste du département d’État américain « Rewards for Justice » offrait « une récompense pouvant aller jusqu’à 7 millions de dollars pour toute information permettant d’identifier, de localiser, d’arrêter et/ou de condamner Ibrahim Aqil, un dirigeant important du Hezbollah ».
« Dans les années 1980, Aqil était un membre dirigeant de la cellule terroriste du Hezbollah, l’organisation du Jihad islamique, qui a revendiqué la responsabilité des attentats à la bombe contre l’ambassade américaine à Beyrouth en avril 1983, qui ont fait 63 morts, et contre la caserne du Corps des Marines des États-Unis en octobre 1983, qui ont tué 241 membres du personnel américain. Également dans les années 1980, Aqil a dirigé la prise d’otages américains et allemands au Liban et les a détenus là-bas », a déclaré le département d’État américain dans une note.
Mais « sa capacité à rester discret et à échapper à la capture lui a valu le surnom de « Le Fantôme » au sein de l’organisation », selon le site Libnanews.
Israël confirme la mort d’Ibrahim Aqil
« Ibrahim Aqil, chef de l’unité opérationnelle du Hezbollah et commandant des forces d’élite Radwan du Hezbollah, a été éliminé lors d’une frappe ciblée à Beyrouth plus tôt dans la journée. Au cours de la frappe, des agents de haut rang de l’état-major opérationnel du Hezbollah ainsi que des commandants de l’unité Radwan ont été éliminés aux côtés d’Aqil », a confirmé l’armée israélienne sur le réseau social X.
« Ibrahim Aqil et les commandants de Radwan éliminés aujourd’hui planifiaient une attaque sous le nom de code « Conquérir la Galilée », dans laquelle le Hezbollah prévoyait d’infiltrer les communautés israéliennes pour enlever et tuer des civils innocents d’une manière similaire au massacre du 7 octobre 2023 », affirme encore l’armée israélienne, à l’approche du premier anniversaire de l’attaque.
« C’est énorme : l’assassinat d’Ibrahim Aqil est aussi grave que celui de Fouad Chokr. Désormais, le Hezbollah a perdu son commandement militaire suprême. Sans système de communication et sans commandement militaire, il ne peut pas mener d’opérations militaires efficaces », estime le chercheur du Washington Institute for Near East Policy sur le réseau social X.
L’ambassade d’Iran au Liban a dénoncé avec véhémence la « folie » d’Israël après la mort d’Ibrahim Aqil. « Nous condamnons dans les termes les plus forts la folie et l’arrogance israéliennes qui ont franchi toutes les limites en ciblant des zones résidentielles dans la banlieue sud de Beyrouth », a déclaré l’ambassade sur X.
