Le changement climatique, grand absent de la campagne électorale américaine – rts.ch

Le changement climatique, grand absent de la campagne électorale américaine – rts.ch
Le changement climatique, grand absent de la campagne électorale américaine – rts.ch

La ville de Phoenix, en Arizona, vient de connaître l’été le plus chaud de son histoire, avec plus de 100 jours consécutifs de températures supérieures à 37 degrés Celsius. Alors que la métropole du sud-ouest, comme d’autres aux Etats-Unis, subit les effets du changement climatique, le sujet est quasiment absent de la campagne électorale.

Des rues presque désertes, des habitants passant d’un environnement climatisé à un autre. Voilà à quoi ressemble la vie quotidienne à Phoenix, une ville du Sud-Ouest américain construite au milieu du désert de l’Arizona. Des panneaux d’affichage publics conseillent aux habitants de ne pas sortir, d’éviter tout contact avec l’asphalte ou de faire de l’activité physique entre 4 et 7 heures du matin.

Un panneau d’information pour les randonneurs sur la chaleur. [RTS – Julie Rausis]

Nous sommes habitués à travailler à l’extérieur (…). Pour y faire face, il faut boire beaucoup (…) et nous ne travaillons que de 6 heures à 14 heures

Un paysagiste avec un râteau à la main, le visage abrité sous un grand sombrero

Record de chaleur

Cet été, la métropole a connu 61 jours à plus de 43 degrés Celsius, battant de six jours le précédent record établi l’an dernier. Et les nuits se réchauffent désormais plus vite que les jours.

« Quand la chaleur commence à me frapper, ce que j’aime en Arizona, c’est qu’on peut faire 80 kilomètres, une heure, une heure et demie, et se retrouver dans les montagnes. » Comme Lennie, un policier, de nombreux habitants s’échappent de la ville pendant l’été ou pour le week-end, mais tout le monde n’a pas cette possibilité.

« Nous sommes habitués à travailler dehors », explique un paysagiste, râteau à la main, le visage abrité par un grand sombrero. « Pour faire face, il faut boire beaucoup d’eau et de jus de fruits. Parfois, on met une serviette mouillée sur la tête. Et on ne travaille que de 6 heures du matin à 14 heures. »

L’asphalte noir qui amplifie la chaleur est remplacé par d’autres matériaux plus neutres et gris.

Thom Reilly, professeur à l’Université d’État de l’Arizona et spécialiste des politiques publiques et environnementales

Un problème de santé publique

Les 1,7 million d’habitants de Phoenix, cinquième ville des Etats-Unis, sont habitués à un climat désertique chaud. Mais ces dernières années, la chaleur est devenue un véritable problème de santé publique.

L’étalement urbain de Phoenix. [RTS – Julie Rausis]

Le comté de Maricopa, où se trouve Phoenix, a enregistré 645 décès liés à la chaleur en 2023, soit 50 % de plus que l’année précédente, qui était déjà une année record.

En conséquence, le gouvernement prend des mesures d’urgence. Pour la première fois cet été, des centres de rafraîchissement ont été ouverts 24 heures sur 24. Ces espaces climatisés, installés dans des bibliothèques ou d’autres bâtiments publics, sont fréquentés par de nombreux sans-abri, particulièrement vulnérables à la canicule.

Repeindre les routes

L’une des raisons pour lesquelles Phoenix souffre de la chaleur est l’étalement urbain massif, qui crée des îlots de chaleur et un microclimat artificiel. Le désert ne parvient plus à se rafraîchir la nuit, lorsque les climatiseurs libèrent de l’air chaud, et les cactus géants ne peuvent plus absorber le CO2.

Les collectivités locales tentent donc de rétablir un certain équilibre. « L’une des mesures locales consiste à rénover les routes. Elles remplacent l’asphalte noir qui amplifie la chaleur par d’autres matériaux gris, plus neutres. » Thom Reilly, professeur à l’université d’État de l’Arizona et spécialiste des politiques publiques et environnementales, donne quelques exemples : « De nombreuses municipalités s’efforcent d’accroître l’ombrage et la couverture forestière, en particulier dans les zones à faible revenu. Mais il s’agit surtout de stratégies à court terme mises en œuvre par les collectivités locales. »

Phoenix est également l’une des rares villes du Sud-Ouest américain à disposer d’un tramway, une ligne unique construite en 2008, mais prolongée plusieurs fois, suite à des votes populaires, et financée en partie par des fonds fédéraux.

Cette question est désormais reléguée au second plan par rapport à d’autres questions importantes.

Thom Reilly, professeur à l’Université d’État de l’Arizona et spécialiste des politiques publiques et environnementales

Le climat, le grand absent de la campagne

Les stratégies climatiques à long terme, comme la réduction ou l’abandon des combustibles fossiles, relèvent normalement de la responsabilité du gouvernement fédéral, explique le professeur Thom Reilly. Mais le changement climatique a été largement absent de la campagne présidentielle.

« Le sujet est définitivement passé au second plan par rapport à d’autres enjeux importants : l’économie, les droits reproductifs et l’immigration », explique l’expert, qui voit dans l’Arizona un parfait exemple de cette focalisation. Cet État clé de l’élection souffre d’une grave crise du logement. Ses électeurs se prononceront également en novembre pour inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. Enfin, l’Arizona est situé à la frontière avec le Mexique, dont les flux migratoires bousculent la course à la Maison Blanche.

>> Sur les élections américaines, lire aussi : Logement, médias, démocratie : reportages sur un pays polarisé aux fondements parfois ébranlés

Une campagne éclair

Le caractère exceptionnel de cette campagne présidentielle explique aussi l’absence des politiques environnementales dans le débat. « L’entrée [de Kamala Harris] « La course à la Maison Blanche s’est déroulée très rapidement. Il y a donc une multitude de questions politiques que sa campagne et ses équipes n’ont probablement pas encore formulées, simplement parce qu’elle fait campagne depuis peu de temps », explique Thom Reilly.

Donald Trump n’élabore pas non plus de plan pour lutter contre les effets du changement climatique. Interrogé à ce sujet, le candidat républicain ne répond tout simplement pas, comme il l’avait fait lors du premier débat présidentiel télévisé à la mi-septembre. Le changement climatique était la dernière question de ce face-à-face, évoqué à la toute dernière minute par les journalistes d’ABC.

>> Pour en savoir plus sur les programmes des candidats, lisez : Kamala Harris dévoile un plan économique axé sur le pouvoir d’achat Et Donald Trump prépare son retour avec un plan de réformes ultra-conservateur

Contenu externe

Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il peut collecter des données personnelles. Pour visualiser ce contenu vous devez autoriser la catégorie Infographie.

Accepter Plus d’infos

Julie Rausis

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV LE GOUVERNEMENT ORGANISE CE JEUDI UN POINT DE PRESSE POUR PRESENTER L’ETAT DES LIEUX DE LA SITUATION NATIONALE
NEXT Certains d’entre eux avaient des soldats armés à bord