Article réservé aux abonnés
En décollant, le film co-réalisé par Guy Nattiv et Zar Amir Ebrahimi sur un face-à-face entre athlètes iraniens et israéliens tourne à la caricature.
Le judo est l’art martial où il faut apprendre à tomber. Puis à se relever sans difficulté. Un bel art donc mais peu cinématographique, contrairement à la boxe, et le film dont il est question ici ne nous contredira pas. Mais savoir tomber et se relever témoigne d’une qualité plus générale et morale du « film de sport » : plus dure est la chute, plus on remporte la victoire, et inversement, savoir perdre et savoir endurer, un triomphe sportif stipule un triomphe sur soi-même d’autant plus lorsque le récit vise à mêler un message politique à la performance, comme c’est le cas dans Tatami. Mais pour savoir être édifiant, il faut savoir être didactique, donc dialectique, et jamais idéologique – surtout pour ensuite signer un film à la gloire épaisse de l’Amérique « qui sauve » et protège.
Un pari audacieux
Dans ce film de sport en noir et blanc surexposé, Taureau furieux, Le pari était pourtant audacieux de consacrer entièrement cette histoire intemporelle aux femmes iraniennes, lors d’un championnat de judo à Tbilissi où l’enjeu essentiel sera de se mesurer ou non (auquel cas, de déclarer forfait sous un prétexte) à une adversaire représentant Israël… Co-réalisé – le marketing du film l’a suffisamment martelé – par un cinéaste israélien (Guy Nattiv) et l’actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi (lauréate du Oscar du meilleur film de l’année).