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Le syndicat anti-casse Duralex

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Le modèle Picardie à la sortie du four, dans l’usine Duralex, à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), le 28 août 2024. ROMAIN GAUTIER POUR « M THE WORLD MAGAZINE »

Le PDG de Duralex, François Marciano, 59 ans, au physique massif et facile à vivre, a une drôle de manie. Au milieu d’une discussion, il jette son verre par terre. Avant de lâcher, dans un grand éclat de rire : « C’est pour vous prouver qu’il est incassable. » Le verre, un Duralex bien sûr, reste intact. Mais c’est l’entreprise toute entière qui a failli finir en morceaux. Il a fallu une union sacrée entre ouvriers et direction, collectivités locales d’obédiences politiques opposées, Etat et banques pour sauver in extremis ce fleuron industriel français employant deux cent vingt-huit salariés et placé en redressement judiciaire fin avril.

Ensemble, ils ont imaginé sa transformation en coopérative de production ouvrière (SCOP) ; les salariés sont, depuis 1est August, actionnaires majoritaires de leur entreprise. Le 2 septembre dernier, c’est en leur nom que François Marciano, ancien et nouveau directeur, a présenté son projet pour la marque, apparaissant notamment aux côtés de Guillaume Gibault, patron du Slip français, lors d’une opération de promotion du « made in France ».

Inventeur du verre trempé, obtenu par un chaud-froid brutal appliqué à la pâte, Saint-Gobain dépose le nom Duralex en 1945, inspiré de la devise latine La dure loi, la loi (« la loi est dure, mais c’est la loi »), pour déjà se targuer de la solidité de ses arts de la table. Verres, tasses et assiettes sont produits dans une verrerie située à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans la banlieue d’Orléans (Loiret). Le succès est fulgurant : la coupe Gigogne (1946) puis la Picardie (1954)
s’invitent sur les tables et envahissent les cantines. Entre poisson pané et purée, des générations d’écoliers se lancent “Quel âge as-tu?” en regardant au fond de leur verre, rajeunissant ou vieillissant selon le numéro inscrit dessus. En réalité, le numéro du moule d’où provient chaque verre.

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François Marciano, le directeur général de Duralex, à l'entrée de son bureau à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), le 28 août 2024.

François Marciano, le directeur général de Duralex, à l’entrée de son bureau à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret), le 28 août 2024. ROMAIN GAUTIER POUR « M THE WORLD MAGAZINE »

Lisez également nos archives 2020 | Un jour, un objet fabriqué en France (5/10) : le verre Duralex

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La marque devient iconique. Les verres s’exportent dans le monde entier. Aujourd’hui encore, les ventes à l’étranger représentent plus de 80 % du chiffre d’affaires. Mais, depuis les années 1990, la concurrence chinoise et une succession de repreneurs aux pratiques de gestion risquées, voire frauduleuses – Sinan Solmaz, l’éphémère propriétaire (2005-2008), a été condamné pour abus de biens sociaux et faillite par détournement ou recel pour être parti avec l’argent – ​​menacent régulièrement l’usine. La dernière en date (depuis 2021), La Maison française du verre, qui possède aussi Pyrex, justifie d’avoir à jeter l’éponge en arguant de la flambée des prix de l’énergie.

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