Au Canada, les ménages vivent à crédit

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À l’entrée de la banque alimentaire Mission Bon Accueil à Montréal, Québec, Canada, le 1er décembre 2023. GRAHAM HUGHES / BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

Ce lundi d’août, un peu avant 13 heures, les premières personnes patientent devant les portes du Patro Roc-Amadour. Armées de sacs, elles attendent que débute la distribution de nourriture offerte par cet organisme d’aide sociale établi depuis soixante-quinze ans dans le quartier ouvrier de Limoilou, à Québec.

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Durant une bonne partie de l’après-midi, un flux constant défile : tandis qu’une dizaine de bénéficiaires attendent leur tour et se voient offrir de l’eau ou du café par des bénévoles, d’autres se retrouvent dans la partie épicerie du lieu. Avec leurs chariots, ils vont de table en table, et se voient remettre les produits auxquels ils ont droit, en fonction du nombre de personnes dans leur foyer. « Nous sommes dans une belle période, celle des récoltes et des beaux fruits et légumes du Québec. Les tables sont bien remplies et les produits diversifiés »souligne avec plaisir « M. Jacques ».

Bénévole depuis dix-huit ans au Patro Roc-Amadour, ce retraité à l’œil rieur et à la moustache bien développée a vu le visage de la pauvreté changer. « Il y a deux ou trois ans, 85 % des utilisateurs étaient des bénéficiaires de l’aide sociale, avec des revenus d’environ 800 $. [canadiens] par mois (environ 530 euros)Aujourd’hui, nous voyons beaucoup de nouveaux arrivants, qui attendent un permis de travail ou qui ont des emplois mal payés. « Il y a aussi, chaque année, une augmentation du nombre de personnes âgéesajoute Mario Hébert, directeur du service d’entraidePour d’autres, ce sont des personnes seules ou des familles nombreuses.

Une paire de bottes d’hiver

La tendance devrait s’aggraver, compte tenu des résultats d’un sondage de Pollara Strategic Insights pour Banques alimentaires Canada, publiés le 22 août, indiquant que 35 % des Canadiens éprouvent plus de difficultés financières qu’il y a trois mois. « Si cela se confirme, le réseau des banques alimentaires ne sera pas en mesure de faire face au raz-de-marée de personnes en quête d’aide., prévient Kirstin Beardsley, directrice de Banques alimentaires Canada. « Nous n’avons pas été conçus pour subvenir aux besoins d’un quart de la population. »

Car, selon cet organisme qui chapeaute les services de banques alimentaires de chaque province, 25 % des Canadiens ont un niveau de vie sous le seuil de pauvreté. Un pourcentage différent des 10 % estimés par Statistique Canada. Cet écart avec le taux officiel est dû au choix des outils statistiques.

Banques alimentaires Canada a utilisé l’indice de privation matérielle, qui calcule la proportion de Canadiens vivant dans la pauvreté parce qu’ils ne peuvent pas se permettre deux biens essentiels ou plus. C’est le cas de 30 % des jeunes de 18 à 30 ans, de 44,5 % des familles monoparentales et de 42 % des locataires, selon l’étude publiée en juin. L’organisme a également sondé les ménages pour savoir s’ils pouvaient répondre à divers besoins, comme se déplacer, avoir au moins une paire de chaussures bien ajustées et une paire de bottes d’hiver, ou encore maintenir leur logement à une température adéquate tout au long de l’année.

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