Philippe Boxho, le médecin légiste belge devenu un phénomène éditorial

LETTRE DU BENELUX

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Le médecin légiste belge Philippe Boxho, à l’Institut de médecine légale de Liège, le 1er février 2023. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Dans le petit bureau qu’il tient à l’ancien institut médico-légal de Liège, le docteur Philippe Boxho, 59 ans, cherche des photos Polaroïd de sa première expérience professionnelle : un matin d’automne, sur une autoroute de Wallonie, un automobiliste a été décapité après avoir heurté une glissière de sécurité et une expertise a été ordonnée. C’était il y a trente-trois ans et, depuis, le coroner a, selon ses calculs, pratiqué quelque trois mille autopsies.

En 2021, il a sorti de ses dossiers les cas les plus étranges, les plus fous, parfois les plus tristes auxquels il ait jamais été confronté. Lorsqu’un éditeur lui a demandé de publier un livre, il a d’abord répondu « Je ne sais pas écrire »avant de changer d’avis. Aujourd’hui, il émeut, étonne, horrifie avec ses nouvelles, toutes vraies, mais anonymisées pour que les cas ne puissent être identifiés. « Je n’ai rien inventé, car la réalité se suffit à elle-même ; l’imagination humaine se libère lorsqu’il s’agit de tuer, de se suicider ou de faire disparaître un corps. »il a dit.

Le médecin légiste, criminologue, professeur d’université et président du conseil d’administration du CHU de Liège est devenu un phénomène éditorial en Belgique, en France et en Suisse. Quelque 400 000 exemplaires de ses deux premiers livres ont été publiés aux éditions Kennes (Les morts ont la paroleen 2022, Entretien avec un cadavreen 2023) ont été vendus. Trois cent mille exemplaires du troisième (La mort au visage) ont été imprimés et une trentaine de traductions sont prévues. Le mardi 20 août, jour de la sortie du livre, un millier de personnes ont fait la queue à Charleroi pour une séance de dédicaces, de minuit à 6h30 du matin.

La femme du fermier mangée par les cochons

L’homme qui voulait se suicider et qui dut s’y reprendre à quatorze fois parce que ses bras étaient trop courts pour appuyer sur la détente de son fusil; la femme du fermier abandonnée par son mari pour être mangée par les cochons; le promeneur dont la gorge fut tranchée par la lame d’une tondeuse à gazon éjectée à grande vitesse lorsqu’elle heurta une pierre: voici quelques-uns des épisodes les plus mémorables. “fou” – c’est le terme qu’il emploie – vécu par Philippe Boxho. Il en existe bien d’autres dans ses livres, complétés par des explications médicales détaillées et des descriptions précises de certaines autopsies. Le premier livre était d’ailleurs accompagné d’un avertissement en forme de clin d’œil : « Âmes sensibles, veuillez vous abstenir ». Judicieux et utile pour ceux qui redouteraient les détails sur l’utilisation de la scie à plâtre, la putréfaction des corps ou le rôle des mouches dans la datation d’un décès.

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