En poursuivant sa série sur « La Police des Rennes », l’auteur français continue d’accompagner l’histoire d’une culture et d’un peuple opprimés sans négliger l’intrigue policière.
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En 2012, le journaliste Olivier Truc publie Le dernier lapon. A cette occasion, il crée une série intitulée Police des rennes qui continue, douze ans plus tard, à nous emmener dans un voyage vers le Grand Nord en compagnie de deux flics, Klemet le Sami et Nina la Norvégienne. Dès ce premier thriller, le romancier a souhaité s’éloigner de la couleur locale pour accompagner l’histoire d’une culture et d’un peuple opprimés. Il atteint une nouvelle fois son objectif dans ce nouvel opus, Le premier renneet ne dédaigne jamais l’enquête policière parfaitement intégrée à son travail ethnographique et politique.
Nous sommes en juin, en Laponie suédoise. Klemet découvre un troupeau de rennes décimés sur la voie ferrée. Le spectacle est épique et n’a rien à voir avec le hasard. Outre le conflit permanent entre clans, les luttes de pouvoir et la concurrence, la découverte de métaux rares sur les terres Sami représente d’autres enjeux mondiaux, entraîne d’autres luttes plus politiques. Que vaut une poignée d’éleveurs face au fameux « bien-être de la planète » ? Olivier Truc réussit in extremis à développer une aventure humaine mais aussi à scruter une société méconnue où les jeunes agriculteurs se suicident par manque d’espoir et de perspectives. Son travail reste très subtil lorsqu’il définit les personnages. Outre Nina et Klemet, une nouvelle héroïne apparaît, Anja, une chamane à la fois solaire et charismatique qui n’a peur de rien. « Elle s’allongea près des pierres éparses, les bras croisés, les pieds tournés vers la dernière demeure du loup, à l’ombre du bouleau tordu par la colère du Grand Nord… Elle communiait. Sa religion. Cinq minutes de communication active. Où elle échangeait avec l’âme du loup. »
Refusant les descriptions pour voyageurs en goguette, Olivier Truc nous plonge dans l’étude passionnante d’un territoire compliqué qui lutte pour sa survie. Il n’oublie jamais qu’il est documentariste en refusant l’approximation. Ses personnages véhiculent une émotion forte et certaines scènes, comme le marquage des faons en plein solstice d’été, sont aussi émouvantes que précises. Ce premier renne est une étape importante dans son travail romanesque et dans notre plaisir de lecteur.
