L’AfD, parti d’extrême droite, a remporté une nette victoire aux élections régionales en Thuringe, infligeant une déroute historique aux trois partis de la coalition d’Olaf Scholz. L’Allemagne est sous le choc.
Malgré les avertissements des églises, des entreprises, des syndicats et des ONG, rien n’a empêché le séisme politique annoncé. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, l’extrême droite est arrivée en tête des élections régionales. Ironie du sort, la Thuringe a été le premier Land à être gouverné par les nazis en 1930.
Avec près de 31% des voix, l’AfD (Alternative für Deutschland) devance les conservateurs (CDU) en Thuringe, qui n’ont obtenu que 24%. L’extrême droite pourrait même obtenir une minorité de blocage au parlement d’Erfurt (un tiers des voix) et mener une politique d’obstruction systématique pour toutes les décisions importantes en matière d’éducation ou de sécurité.
Pour les trois partis de la coalition, il s’agit de bien plus qu’une débâcle électorale. Il s’agit d’un vote de représailles contre toute la politique du gouvernement Scholz. Les deux alliés du chancelier disparaissent même de l’arène politique : les libéraux du FDP, plafonnés à 1%, et les écologistes, avec moins de 5%, sont éjectés du parlement régional.
Bouleversement
Les conservateurs sont donc la dernière force politique capable de tenir tête à l’extrême droite dans l’est de l’Allemagne. Mais la montée de l’AfD pose désormais un problème majeur pour la formation d’une coalition stable, car tous les partis ont exclu une alliance avec ce parti proche des néonazis dans cette région. La situation est tellement compliquée que les conservateurs, pour faire barrage à l’AfD, pourraient faire appel en Thuringe à Sahra Wagenknecht, une transfuge de la gauche radicale (Die Linke), qui a réussi l’exploit de rassembler 16 % des voix avec son parti créé en début d’année (BSW). Pour sortir de l’impasse politique, la droite conservatrice n’a pas exclu une alliance au niveau régional avec cette ancienne stalinienne devenue prorusse. Les négociations s’annoncent très difficiles, car Sahra Wagenknecht a posé comme condition l’arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine.
La région de Saxe a également renouvelé son parlement. Dans cet autre bastion de l’AfD, les conservateurs parviennent tout juste à se maintenir en tête et ne sont pas sûrs de renouveler leur coalition tripartite avec les sociaux-démocrates et les écologistes. Là encore, Sahra Wagenknecht pourrait permettre aux conservateurs de diriger la région. Comme si en France Jean-Luc Mélenchon s’alliait à LR.
Pour le leader de la droite allemande, l’avenir de sa candidature à la chancellerie se joue dans les semaines à venir. La CDU a décidé de choisir son candidat aux législatives qui auront lieu dans un an à l’issue de ces élections à l’Est. Or, ce vote est un cruel aveu d’échec pour Friedrich Merz, le président de la CDU, qui envisage de se présenter à la chancellerie et s’est beaucoup impliqué dans cette campagne régionale. Alors qu’il avait promis de « diviser par deux » Le vote AfD, en gagnant les déçus de la politique migratoire de Merkel, a triplé le nombre d’électeurs d’extrême droite.
Les prétendants au trône sont nombreux, parmi lesquels Markus Söder, le chef de la Bavière, mais aussi Hendrik Wüst, le président de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la région la plus puissante d’Allemagne. Friedrich Merz pourrait lui-même tirer les conséquences de cette cuisante défaite en retirant sa candidature.
Mise à jour à 19h20