Jonas Trueba, un cinéaste entre artisanat et travail collectif

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Jonas Trueba, lors du Festival de Cannes, le 19 mai 2024. JULIE SEBADELHA/AFP

Depuis 2020, l’Espagne s’exporte avec Jonas Trueba, 42 ans, avec son allure de garçon sage et l’obstination d’un artiste possédé, nouveau candidat international aux élections du premier auteur ibérique. A l’ombre ensoleillée du patriarche Pedro Almodovar, compte tenu de la situation difficile du cinéma espagnol dans son propre pays et de l’accueil restrictif des cinématographies étrangères dans d’autres territoires, il n’y a pas tant de gens qui peuvent s’en prévaloir. En France, on ne voit guère que Rodrigo Sorogoyen (Les bêtes2022) et Albert Serra (Pacification. Tourment sur les îles2022) pour se l’offrir. Repéré au Festival international du film de La Roche-sur-Yon (Vendée) par le distributeur Arizona, qui lui est resté fidèle depuis, Jonas Trueba les rejoint aujourd’hui, se créant, film après film, une communauté d’aficionados parmi nous.

Lire la critique : Article réservé à nos abonnés Dans « Septembre sans attendre », Jonas Trueba filme un couple entre séparation et remariage, pour le meilleur ou pour le rire.

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Eva en août (2019), ou la dérive langoureuse et estivale d’une jeune femme solitaire à Madrid. Qui d’autre que nous ? (2021), ou une expérience de cinéma partagée pendant cinq ans avec un groupe d’adolescents de la capitale. Venez et voyez (2022), ou l’exil rural non sans gêne d’un jeune couple après la pandémie de Covid-19. Ce sont les étapes d’une ascension française qui devrait trouver aujourd’hui auprès Septembre sans attendre une sorte d’apothéose. Ce film, qui a enchanté les spectateurs de la Quinzaine des Cinémas à Cannes en mai dernier, est une délicieuse et sournoise comédie du remariage, à ce jour son film le plus charmant, le plus subtil et le plus fédérateur.

Ale (Itsaso Arana) et Alex (Vito Sanz), arrivés au terme de leur longue relation amoureuse, décident, à moitié confiants, de se séparer. Lancée comme une blague, l’idée d’organiser une fête pour marquer l’occasion socialement et montrer la maturité exemplaire du couple à l’égard de la catastrophe pitoyable qu’est plus ou moins toujours une séparation occupera tout le film. Délicieuse en elle-même, et sans que le spectateur ait besoin de chercher plus loin, cette étrange idée émerge néanmoins avec trois pistes distinctes.

Lire la critique (publiée au Festival de Cannes) : Article réservé à nos abonnés Jonas Trueba célèbre la désunion du couple

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Celui de la cinéphilie, à travers le renouveau d’un genre constitutif du classicisme hollywoodien, auquel le philosophe Stanley Cavell (1926-2018) a donné ses lettres de noblesse – un recueil de ses essais, sous le titre Le cinéma nous rend-il meilleur ? (2003), vient d’être réédité en français aux éditions Vrin. Celui, plus intime, de la propre lignée du cinéaste, puisque son père, Fernando, qui joue dans le film, l’a précédé, que c’est lui qui lui a inculqué l’amour des comédies américaines et que c’est encore à lui qu’il doit d’avoir entendu, vers l’âge de 15 ans, l’énoncé paradoxal du sujet de son film.

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