« Quand je suis arrivée en Grèce et que j’ai pu à nouveau faire du sport, ce fut une renaissance »avoue Ibrahim Al Hussein, encore ému. Membre de la délégation paralympique des réfugiés, il se prépare à concourir dimanche 1est Septembre, lors de l’épreuve de para triathlon (dans la catégorie PTS3, réservée aux athlètes présentant des troubles modérés de coordination d’un côté du corps ou avec un membre absent) aux Jeux Paralympiques de Paris.
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La vie de ce Syrien originaire de Deir ez-Zor, installé à Athènes depuis 2014, a basculé en 2012. Alors que le conflit syrien faisait déjà rage depuis un an dans le pays, le jeune homme s’est précipité pour sauver un ami pris pour cible par des tirs de snipers. Une bombe a explosé à quelques mètres de lui et l’a définitivement privé de la partie inférieure de sa jambe droite. « Dans le chaos de la guerre, seul un dentiste était disponible pour essayer de me soigner et de guérir mes blessures, mais il n’avait pas le matériel nécessaire… J’ai su à ce moment-là que je devais partir pour réussir à me reconstruire. »explique l’athlète, aujourd’hui âgé de 35 ans. Sa famille avait déjà fui les rives de l’Euphrate, mais lui avait hésité, devant faire son service militaire et craignant d’être persécuté s’il désertait.
Fin 2012, il entreprend un périlleux voyage vers la Turquie. Pendant plusieurs mois, le jeune homme va d’hôpital en hôpital dans le pays dans l’espoir de pouvoir remarcher. « Mais je n’ai pas pu obtenir l’aide dont j’avais besoin, j’étais toujours en fauteuil roulant et je ne trouvais pas d’orthopédiste capable de me proposer une prothèse adaptée. »se souvient Ibrahim Al Hussein.
« Je voulais me sentir à nouveau chez moi »
27 février 2014 – « Ce jour reste gravé à jamais dans ma mémoire », confie Ibrahim Al Hussein – il embarque près de la ville d’Izmir, en Turquie, dans un canot avec d’autres exilés pour rejoindre l’île grecque de Samos. Avec l’aide de volontaires et de compatriotes rencontrés dans le camp de Samos, Ibrahim Al Hussein parvient rapidement à rejoindre Athènes. Mais sans moyens, perdu dans la capitale grecque, il va passer quatorze jours dans la rue.
Puis un jour, un Syrien installé en Grèce depuis vingt ans lui présente un chirurgien orthopédiste. « Il m’a sauvé, il a payé plus de 12 000 euros pour me fabriquer une prothèse, pour que je puisse réapprendre à marcher et reprendre une vie normale. Je ne serais pas là aujourd’hui, participant pour la troisième fois aux Jeux paralympiques, s’il n’avait pas fait ce geste de grande humanité. »explique l’athlète, qui a déjà participé à la para-natation aux Jeux de Rio (2016) et de Tokyo (2021).
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