De Benghazi, la deuxième ville libyenne, capitale de l’Est, desservant les villes de Soussa, El-Beïda, Derna et les régions touchées par le passage de la tempête Daniel, dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 septembre, ne dépend plus qu’un axe qui serpente dans le Jebel Akhdar. Une semaine après la catastrophe, la route porte encore les stigmates des pluies torrentielles qui ont inondé la région.
En divers endroits, l’inondation a ravagé des pans entiers de la chaussée, gênant considérablement la circulation entre El-Bayyada, qui marque l’entrée de la zone sinistrée de Jebel Akhdar, et El-Baïda, située au cœur de ce plateau montagneux. entrecoupés d’oueds que la tempête a soudainement fait sortir de leurs lits. Dangereuse, cette route a déjà coûté un lourd tribut aux secouristes qui l’empruntent. En moins de vingt-quatre heures, dimanche 17 et lundi 18 septembre, quatorze usagers ont perdu la vie dans des accidents, dont quatre humanitaires grecs et cinq jeunes volontaires libyens se rendant à Derna ou quittant la ville. Ces décès s’ajoutent à un bilan qui ne cesse de s’alourdir, selon l’Organisation mondiale de la santé : au moins 3.922 personnes sont mortes dans la catastrophe. Un chiffre provisoire, car il manque entre 4 000 personnes identifiées et 10 000 victimes potentielles.
“Nous voulons aider”
Aux abords d’El-Bayyada, le vent a arraché les câbles électriques et certains pylônes électriques n’ont pas pu résister à l’écoulement de l’eau. Les ingénieurs locaux tentent, malgré la nuit, de rétablir le courant dans les habitations voisines. « L’électricité est coupée depuis sept jours, mais nous espérons avoir rétabli 40 % du réseau prochainement », explique le chef de projet, Mohammed Al-Kiliani, les yeux creux de fatigue. Une trentaine de personnes, dont de nombreux bénévoles, sont venues lui venir en aide. « Nous sommes tous touchés par cette catastrophe, déplore l’un d’eux, Salah Mohammed, un militaire reconverti en assistant électricien. Nous voulons aider, donc nous utilisons nos voitures personnelles, nous prenons notre propre argent, nous sommes là physiquement et matériellement. »
A quelques dizaines de mètres de là, Abdeljawad Saad a tout perdu, mais conserve l’essentiel. « Ici, personne n’est mort. » Les terres de sa ferme familiale se confondent désormais avec le tas de boue et l’enchevêtrement de débris qui recouvrent la route. Mais les vagues ont emporté les troupeaux environnants, moutons, vaches et animaux domestiques, quand, à 3 heures du matin, l’eau jaillit d’un col désertique surplombant les champs agricoles.
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