Le lieu est associé à des crimes indescriptibles qui ont secoué tout un pays. Un jardin commémoratif en hommage aux victimes de Marc Dutroux a été inauguré mardi à Charleroi, à la place de la maison où ce dernier a enlevé plusieurs petites filles et adolescentes.
L’inauguration est prévue à 10h30 en présence des parents de Julie Lejeune et Mélissa Russo, les deux filles violées et kidnappées dans cette maison en 1995-96, avant que leurs corps ne soient retrouvés enterrés dans le jardin d’une autre propriété de la criminel.
On a fini par l’appeler « rue de Dutroux »
Ces parents ont été associés par la ville de Charleroi au projet de mémorial conçu comme « un lieu de calme ». Avec non pas une sculpture en matériau inerte, mais un jardin d’arbres et de fleurs, des « organismes vivants », explique la commune wallonne. Murielle habite le quartier depuis plus de 40 ans et est heureuse que la maison ait été rasée. “Cette vilaine maison a été oubliée et c’est désormais un jardin, un petit coin de paradis.« .
“Ça fait du bien d’avancer», constate Patricia, habitante du quartier. “On a fini par appeler cette rue « rue Dutroux ». J’avais 19 ans quand c’est arrivé, j’en ai 50 maintenant. Ce blanc, ce jardin est symbolique. Ça calmera le quartier« .
Carine, une autre riveraine, est du même avis. “C’est bien plus joli. En passant devant cette maison, on n’en pouvait plus, ça nous rappelait de mauvais souvenirs“, elle dit.
A l’angle de la rue de Philippeville, dans le faubourg de Marcinelle où se dressait la « maison de l’horreur », plusieurs espèces végétales ont été plantées au pied d’une fresque murale d’un blanc immaculé sur laquelle un enfant regarde un cerf-volant virevoltant dans le ciel. Le lieu a été nommé « entre terre et ciel ».
“Les pignons des maisons qui forment l’angle ont été recouverts de briques en terre cuite vernissée blanche, de manière à très bien capter la lumière pour avoir un mémorial brillant”, explique à l’AFP Georgios Millis, l’architecte qui a dirigé le projet.
Caves préservées de la démolition
En juin 1995, Julie Lejeune et Mélissa Russo sont enlevées en région liégeoise. Ils ont été découverts morts en août 1996 à Sars-la-Buissière, dans le jardin d’une propriété également détruite l’été dernier.
---L’enquête a établi que les deux jeunes filles avaient été séquestrées pendant de longs mois dans la cave de la maison de Marcinelle, où elles ont été violées, avant d’être privées de soins et de nourriture au point de perdre la vie.
La modeste maison de briques rouges, théâtre des pires crimes de Dutroux, a fait irruption dans tous les foyers belges lorsque les télévisions ont montré le 15 août 1996 le malfaiteur y amenant la police pour extraire de leur cachette deux autres adolescentes kidnappées, Laetitia Delhez et Sabine Dardenne.
Condamné en 2004 à la prison à vie, Marc Dutroux, aujourd’hui âgé de 66 ans, a été reconnu coupable d’avoir enlevé, séquestré et violé six filles et jeunes femmes en 1995-96. Sabine et Laetitia, retrouvées deux jours après son arrestation, sont les deux seules de ses victimes à avoir survécu.
Arrivées des parents
Sur place, Gino Russo et Jean-Denis Lejeune, les pères de Julie et Mélissa, sont arrivés pour assister à l’inauguration. Gino Russo a apporté une décoration florale avec lui. Il s’est exprimé le premier devant l’assemblée. « Je tiens à remercier la ville et ses équipes pour la manière dont cela a été fait. Nous voulions sauver les caves et le maire l’a très bien compris », explique-t-il. « Il était important pour nous de protéger cette cache, où se trouvaient Julie et Mélissa. C’est important pour le dossier d’enquête.
Jean-Denis Lejeune a également pris la parole, remerciant d’abord également la ville. « Malgré tout ce que nous avons pu dénoncer, ces cas continuent de se produire. La pédophilie, la maltraitance des enfants, c’est ça qu’on combat et c’était important de pouvoir laisser une trace pour dire que ça existait et que « ça existe encore. S’il vous plaît, ceux qui ont le pouvoir, utilisez-le pour éradiquer ce problème », a-t-il imploré. « Nous devons sauver ces enfants, des êtres innocents. »


dutroux Marcinelle