Par Johann Foucault
Publié le 18 septembre 23 à 16h35
Démarrer le 13 octobre 2023, votre médecin est peut-être en grève. Tous les syndicats représentant les médecins libéraux réclament désormais un « grève illimitée » à compter de cette date.
Une manière de protester contre la proposition de loi (PPL) qui vise « à améliorer l’accès aux soins par l’engagement territorial des professionnels ». Depuis plusieurs mois déjà (et plusieurs grèves), les médecins s’opposent à cette PPL et réclament une meilleure augmentation du prix des consultations.
« Défendre la santé des Français »
Ce lundi 18 septembre 2023, dans un communiqué, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), l’un des syndicats majeurs du secteur, annonce se joindre au mouvement de grève illimitée lancé par d’autres organisations syndicales (Fédération des Médecins de France, Union des médecins libéraux, Union française pour un médecin libre, etc.).
Objectif : agir « avec responsabilité pour défendre la santé des Français ».
La CSMF appelle tous les médecins libéraux, généralistes et spécialistes, à suivre massivement ce mouvement et à déprogrammer leur activité médicale à compter du 13 octobre.
Une consultation médicale majorée de 1,50 euros
Déjà, fin 2022-début 2023, les médecins ont été appelés à faire grève pour protester contre leurs conditions de travail et demander une augmentation du prix des consultations. De nombreux syndicats du secteur réclamaient alors le doublement du prix de leur consultation de base, de 25 à 50 euros.
Mais dans le cadre de négociations conventionnelles Avec l’Assurance maladie, le nouvel accord propose de passer de 25 à 30 euros, à condition que les médecins s’engagent à respecter un « contrat d’engagement territorial » pour contribuer à lutter contre la désertification médicale. Dans le cas contraire, les médecins qui refuseraient verraient le prix d’une consultation fixé à 26,50 euros.
Hors de question pour les syndicats et les négociations se sont soldées par un échec. Ainsi, un règlement d’arbitrage (entré en vigueur le 1er mai 2023) a fixé la consultation à 26,50 euros pour les médecins généralistes et 31,50 euros pour les spécialistesloin de ce que demande le secteur.
---Ces augmentations seront appliquées dès cet automne, rappelle Ameli.
Un projet de loi qui ne passe pas
Après l’échec de ces négociations et l’entrée en vigueur de ce règlement d’arbitrage qui a tendu le secteur, la proposition de loi (PPL) adoptée en juin 2023 en première lecture, a enfoncé le clou. Les médecins ont alors de nouveau appelé à la grève.
Car ils se heurtent à certaines mesures de cette PPL, comme « l’obligation individuelle de garde ou de garde et l’obligation de les assurer à l’hôpital public », indique la CSMF, qui réclame la « suppression de toutes mesures coercitives ». pesant sur la médecine libérale.
Pour lutte contre la désertification médicale, la PPL envisage d’organiser les professionnels de santé au niveau local et de les faire contribuer encore davantage dans les territoires de santé. Le projet de loi prévoit notamment :
- Le rattachement de tous les professionnels de santé à une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) (plutôt qu’à l’ARS) ;
- L’attribution d’une enveloppe pour financer les professionnels de santé ;
- L’obligation de soins continus pour tous les soignants ;
- L’interdiction du travail temporaire en début de carrière.
« Nous manquons de médecins. Nous manquons de soignants »
Une vision du système de santé qui ne correspond pas à celle des professionnels. “Arrêtons de mentir [aux Français, ndr]. Nous manquons de médecins. Nous manquons de soignants. Et cela va durer», déplore la Confédération des syndicats médicaux français.
Alors soyons inventifs, soyons créatifs. Investissons dans notre système de santé pour rendre nos métiers attractifs, pour réinventer le pacte social dont nous sommes si fiers, pour que tous les Français bénéficient des soins qu’ils méritent pour les années à venir.
Le texte a été envoyé au Sénat pour examen. En attendant, tous les syndicats représentatifs appellent désormais à une « grève illimitée » à partir du 13 octobre. Ils réclament « l’assurance de disposer des moyens nécessaires pour parvenir sans délai à un accord ambitieux qui valorisera l’expertise du médecin ».
Une date qui n’arrive pas par hasard : c’est aussi le jour choisi par l’intersyndicale pour appeler une nouvelle fois à la mobilisation, après la réforme des retraites. Elle revendique notamment une augmentation des salaires et des pensions de retraite et réclame l’égalité salariale et professionnelle.
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