Les grandes manœuvres en cours dans la grande distribution se poursuivent ce vendredi 26 mai : le groupe Casino (Monoprix, Franprix, Cdiscount, etc.) a annoncé avoir engagé une procédure de conciliation afin de négocier avec ses créanciers, indiquant au passage la reprise de la cotation en bourse, qui avait été suspendue deux jours plus tôt.
Lire aussi : Les grandes manœuvres sont lancées pour sauver le grand groupe de distribution Casino
Dans le même temps, Casino cèdera une centaine de ses magasins au groupe Mousquetaires, dans le cadre de leur partenariat renforcé.
Un partenariat renforcé avec Intermarché
Casino envisage de céder plus d’une centaine d’hypermarchés, supermarchés et magasins de proximité pesant 1,15 milliard d’euros de chiffre d’affaires.
En 2021, Intermarché et le groupe Casino avaient déjà conclu un partenariat, afin de négocier des prix avantageux avec les grands industriels de l’agroalimentaire. Cet accord pourrait être prolongé jusqu’en 2028. De plus, l’alliance serait étendue aux MDD et aux secteurs de la pêche et de la boucherie.
L’Ouest de la France délaissé par Casino ?
Lors d’un point de presse téléphonique, le directeur financier du groupe, David Lubek, n’a pas précisé le nombre de magasins concernés, citant « principalement des supermarchés et des hypermarchés situés dans des zones considérées comme non prioritaires » pour Casino, dont le cœur de métier se situe en Ile-de-France, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Cela rejoint l’hypothèse émise par Olivier Dauvers, journaliste spécialisé dans la grande distribution, avec Ouest de la France il y a quelques semaines. Casino pourrait “d’abandonner la Bretagne et tout l’ouest de la France, jusqu’à Chartres”, afin de se concentrer sur l’Ile-de-France et le Sud-Est, là où le groupe est le mieux implanté. “Le grand gagnant serait Intermarché”, qui pourrait ainsi renforcer sa présence dans l’Ouest à moindre coût, en dynamisant des points de vente en perte de vitesse.
Une Source d’inquiétude pour les salariés
Ce transfert de magasins est un motif d’inquiétude pour les représentants du personnel car les structures du groupe sont différentes entre Casino, groupe intégré avec un dialogue social important, et Intermarché, où la politique sociale dépend de chaque propriétaire de magasin puisque l’enseigne est un groupe d’indépendants.
Casino précise en outre qu’Intermarché “participera également, sous conditions de participation minoritaire, au futur tour de table du groupe Casino, avec une prise de participation de 100 millions d’euros”.
---Casino précise que cet accord est « compatible avec les discussions en cours avec Teract sur le projet industriel initié il y a quelques mois, ainsi qu’avec toutes opérations complémentaires en capital susceptibles de renforcer les fonds propres du groupe Casino ».
Deux offres sur la table
Pour renflouer le groupe, l’offre de Teract, société d’InVivo, syndicat de près de 200 coopératives agricoles, semble donc tenir la corde. Déjà propriétaire des enseignes Gamm Vert, Jardiland, Boulangeries Louise et Grand Marché Marnière, le géant de l’agroalimentaire souhaite « créer un nouveau modèle de distribution plus durable, avec des circuits courts »afin de maîtriser toute la chaîne de production, de l’agriculteur au consommateur, pour concurrencer Grand Frais.
Autre offre sur la table, celle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui propose d’investir 750 millions, et même 1,1 milliard en comptant ses partenaires, pour lever des capitaux et restructurer sa dette.
Ces offres pourraient faire perdre le contrôle de Casino à Jean-Charles Naouri, premier actionnaire depuis 1992 et PDG depuis 2005. En mai 2022, son mandat avait été renouvelé jusqu’en 2025 par plus de 98 % des électeurs du groupe de l’Assemblée générale et sa rémunération avait été augmentée.
Une dette abyssale
Outre l’accord avec Intermarché, une procédure de conciliation a donc été ouverte avec ses créanciers. Il a été décidé pour une période de quatre mois “éventuellement prolongeable d’un mois”, et doit permettre à l’entreprise, endettée à hauteur de 6,4 milliards d’euros fin 2022, dont 4,5 sur son activité en France, de conclure un accord avec ses créanciers en vue d’une éventuelle restructuration de sa dette.
« Le président du tribunal de commerce de Paris a décidé d’ouvrir une procédure de conciliation le 25 mai 2023 » au profit de Casino et de ses filiales dont Monoprix et Franprix, « pour une période initiale de quatre mois, éventuellement prorogeable d’un mois », dit le groupe dans le communiqué.
Casino précise que cette procédure “ne concerne que l’endettement financier de l’entreprise” et certaines filiales et n’aura aucun impact sur les relations du groupe avec ses partenaires opérationnels (notamment ses fournisseurs) et ses salariés ».
Le niveau d’endettement est une préoccupation de longue date pour Casino. Déjà en décembre 2015, son niveau avait été vivement critiqué par l’investisseur américain Muddy Waters, qui le valorisait à 6,07 milliards d’euros au 31 décembre 2015, contre 5,73 milliards un an plus tôt, faisant chuter la capitalisation boursière. du fleuron tricolore, rappelle Le monde .