Un cataclysme pour le groupe Casino (Monoprix, Franprix, Cdiscount…) et ses 208 000 salariés. Le groupe a annoncé vendredi 26 mai que le président du tribunal de commerce de Paris avait décidé la veille d’ouvrir une conciliation à son profit et à celui de certaines de ses filiales. « Cette procédure a pour objet de permettre au groupe Casino d’engager des discussions avec ses créanciers dans un cadre juridiquement sécurisé »dit le distributeur.
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Maître Aurélia Perdereau et Maître Marc Sénéchal sont nommés conciliateurs. Le désendettement, qui a atteint 6,4 milliards d’euros, est un préalable indispensable au renflouement du groupe. Parallèlement, des discussions sont en cours avec les acheteurs. Rallye, la maison-mère de Casino, fait également l’objet d’une conciliation depuis le 22 mai.
La blessure infligée le 17 décembre 2015, jour de la publication d’une analyse financière au vitriol contre Casino, s’est donc avérée fatale. Alors que l’action avait coté plus de 97 euros en juillet 2014, le spéculateur américain Muddy Waters, estimait sa “vraie” valeur à 6,91 euros. Folie, pensaient-ils à Paris. Mais certaines coïncidences donnent le tournis. L’action Casino a été suspendue le lundi 22 mai 2023 à 6,76 euros. La capitalisation boursière du fleuron tricolore est ainsi passée de 5,66 milliards d’euros, juste avant l’incendie de Muddy Waters, à 733 millions d’euros…
---Pourtant, Jean-Charles Naouri, le père de la modernisation des marchés financiers en France, semblait avoir accompli le plus dur : sa reconversion en épicier hors pair. C’est en effet par hasard que les défroqués de « Rivoli » – comme on appelait alors le ministère des Finances – ont investi dans le secteur de la distribution. Soutenu par David de Rothschild, l’énarque et inspecteur des finances crée Euris en 1987 dans le but de réussir en bourse. En 1991, il reprend Rallye, la marque bretonne en grande difficulté. Il amène le distributeur à Casino, au sein de la famille Guichard, en échange d’une participation au capital.
De fil en aiguille, il est devenu un bâtisseur d’empire, mettant la main sur Casino, Leader Price, Franprix, Go Sport… Au jeu des alliances et des trahisons, il était le plus fort. En 2012, au sommet de son pouvoir, il remporte deux bras de fer contre ses ex-associés : l’un contre la famille Houzé, contrainte de lui céder la totalité de Monoprix ; l’autre contre l’homme d’affaires brésilien Abilio Diniz, qui a été contraint de le libérer du contrôle du Grupo Pao de Açucar.
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