Les dirigeants du Kosovo et de la Serbie ont échoué samedi 18 mars à signer un accord sur la normalisation de leurs relations, lors de pourparlers marathon menés sous l’égide de l’Union européenne (UE).
Le Premier ministre kosovar Albin Kurti et le président serbe Aleksandar Vucic se sont rencontrés pour douze heures de négociations sur les rives du lac d’Ohrid, en Macédoine du Nord, sous la houlette du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Les Occidentaux ont accru la pression sur Belgrade et Pristina ces derniers mois pour empêcher une éventuelle flambée de tensions dans la fragile région des Balkans, alors que la guerre fait rage en Ukraine envahie par la Russie il y a plus d’un an.
La réunion d’Ohrid a eu lieu après l’échec, en février, des pourparlers à Bruxelles, où un plan de paix européen en onze articles avait été dévoilé, plus de deux décennies après une guerre meurtrière entre les rebelles indépendantistes kosovars et les forces serbes.
Bruxelles souhaitait l’accord des deux parties sur une annexe d’application de cette proposition européenne visant à normaliser les relations entre la Serbie et son ancienne province. “Les parties n’ont pas pu trouver une solution mutuellement acceptable aussi ambitieuse que celle que nous avons proposée”, Josep Borrell a déclaré aux journalistes.
“Un jour d’accord”
La Serbie refuse de reconnaître l’indépendance proclamée en 2008 par son ancienne province, dont la population de 1,8 million d’habitants, majoritairement d’origine albanaise, comprend une communauté serbe d’environ 120 000 personnes. Depuis la guerre, qui s’est terminée en 1999 par les bombardements de l’OTAN sur la Serbie, les relations entre Pristina et Belgrade sont passées de crise en crise.
A Ohrid, les deux dirigeants ont reconnu que des progrès avaient été faits mais n’ont pas hésité à se lancer des piques.
“L’autre côté, tout comme lors de la dernière réunion à Bruxelles le 27 février, évite de signer l’accord, et maintenant l’annexe”Le Premier ministre kosovar Albin Kurti a déclaré aux journalistes. “Il appartient maintenant à l’UE de trouver un mécanisme pour rendre cet accord juridiquement et internationalement contraignant”ajouta-t-il ajouté.
Le président serbe a également fait la moue sur les résultats de la réunion. « Je pense qu’on a fait un grand pas dans une ambiance constructive et on va commencer à travailler sur des choses. Bien sûr, ce n’était pas une sorte de jour J, c’était une bonne journée. »
---question obsessionnelle
La proposition européenne stipule que les deux camps n’utiliseront pas la violence pour résoudre leurs différends. Le projet conduirait à une reconnaissance de facto entre Belgrade et Pristina car il prévoit que les deux parties « reconnaissent mutuellement leurs documents et symboles nationaux respectifs ».
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Le texte précise également que “La Serbie ne s’opposera pas à l’adhésion du Kosovo à une organisation internationale”, une demande clé de Pristina. Parallèlement, il propose d’accorder “un niveau approprié d’autogestion” pour la minorité serbe du Kosovo.
La question du Kosovo reste obsédante pour une partie des 6,7 millions de Serbes, qui considèrent ce territoire comme leur berceau national et religieux, où des batailles cruciales se sont livrées au cours des siècles. A Belgrade, des milliers de personnes ont manifesté vendredi à l’appel des partis nationalistes pour refuser un accord qui, selon eux, équivaudrait à une “se rendre”.
Au Kosovo, de nombreux membres de la minorité serbe refusent toute loyauté à Pristina, encouragés par Belgrade. Notamment dans le nord du territoire, près de la frontière avec la Serbie, théâtre d’affrontements fréquents, de manifestations et parfois de violences.