News Day FR

“C’est sur cet album que je dis tout”

Les premières notes de Journal Partager comme un cri du cœur, une confession où les ombres dansent avec la lumière. Avec ce troisième album, Lou-Adriane Cassidy ne se contente pas de tracer une ligne dans le sable de la chanson québécoise, elle y grave sérieusement une empreinte permanente à la fois féroce et vulnérable.

L’album joue à la fois la force brute de ses propos et la finesse presque architecturale de ses arrangements.

Je pense que cet album avoue beaucoup de mes défauts et mes blessuresdit l’artiste dans une interview. C’est un projet où l’introspection se mêle au fantastique, où le monstre intérieur prend vie dans une métaphore évocatrice.

Le loup-garou est le monstre qui est en moi, mais aussi une figure tirée des contes de notre enfance. Il y a cette idée de nostalgie et de transformation, quelque chose de brut qui expose mes blessures tout en les sublimant.

Une citation de Lou-Adriane Cassidy, Auteur-Conférencière-Interprète

Ces blessures, l’artiste les assume pleinement, les déposant nues sur des pièces comme Chanson pour Odile et 16 des années bientôt 30qui témoignent d’un combat intérieur entre l’adolescence et l’âge adulte. Mettre son adolescence derrière, c’est accepter ses blessures, mais aussi les gérer et les transformer en quelque chose de constructif.explique l’auteur-compositeur-interprète.

Transformez-vous en vous révélant

Lou-Adriane Cassidy décrit cet album comme une réflexion sur l’entre-deux-époques : Plus je vieillis, plus je m’accroche à ce côté adolescent en moi, et c’est une contradiction qui m’habite.explique celle qui est également devenue belle-mère à la jeune vingtaine, brouillant les signaux entre les âges favorables aux différentes étapes de la vie.

Son oscillation entre deux mondes est magnifiquement illustrée dans 16 des années bientôt 30une pièce maîtresse de l’album. Sur fond de mélodie à la fois nostalgique et avant-gardiste, il aborde la difficulté de passer à l’âge adulte tout en se sentant désarmé face aux défis du quotidien.

Dans Chanson pour Odileelle explore un autre entre-deux, celui de la belle-famille. Évoquant sa relation avec la fille de son petit-ami, elle chante les nuances d’une dynamique complexe où s’entremêlent amour, devoir et position de retrait : Vous faites partie de l’équipe, mais pas complètementexplique-t-elle.

C’est dans Souffle souffle que l’artiste chante dans un frisson partagé : Quand un jour j’aurai donné la vie, tu me donneras la mienne, papa ?. Éthérée et vaporeuse, camouflée par tout arrangement, elle permet cette question. Quand j’ai décidé cela, je savais que mon album serait dans l’extrême vérité, a déclaré Lou-Adriane Cassidy. Avec ce choix conscient, j’accepte que toutes les défenses tombent d’une certaine manière.

L’honnêteté est guérie pour l’artiste qui s’est laissé porter par le vertige que procure cette nouvelle façon de faire.

Je ne pense pas que ce soit quelque chose que j’avais vécu auparavant et je pense aussi que, dans ma création, j’ai été fait pour m’y offrir cet effet thérapeutique. Mais tu sais… l’intime fait peur de toute façon.

Une citation de Lou-Adriane Cassidy, Auteur-Conférencière-Interprète

Si l’album plonge au plus profond de l’intimité de l’artiste, il le fait avec un souffle épique. Lou-Adriane s’inspire du réalisme magique de Cent ans de solitude Insuffler un soupçon de merveilleux dans ses histoires personnelles. Cette magie fait grandir la réalité. Je voulais que mes chansons soient des histoires presque mythologiques, qui magnifient des expériences très intimes.

De l’introspection à la grandeur

Les collaborations marquent également cet album de leur empreinte. Dans ArianeLou-Adriane Cassidy partage le micro avec Ariane Roy pour chanter une amitié fusionnelle, teintée de la difficulté de se définir hors des comparaisons imposées par le public. Cette chanson est à la fois un hommage et un exorcisme. Je raconte ceci de cette relation complexe entre amis, où cohabitent parfois admiration et rivalité, mais où l’amour finit toujours par triompher.dit-elle.

Musicalement, Journal est un équilibre entre complexité et accessibilité. Les riches arrangements témoignent de l’expérience acquise notamment lors de la tournée Le Roy, la Rose et le Lou[p].

Cette expérience m’a appris à ne pas faire de compromis créatif, dit-elle. Nous étions ambitieux et cela m’a donné la confiance nécessaire pour créer un album qui reflète pleinement ma vision.

-

Lou-Adriane Cassidy, Thierry Larose et Ariane Roy sur scène dans Francos (Photo d’archives)

Photo : Francs de Montréal / Victor Diaz Lamich

Une des femmes qui choisissent la force

Les femmes qui ont marqué les débuts d’un son alternatif fondamentalement féminin sont à l’origine de sa création actuelle. Le pouvoir de Tori Amos, Kate Bush […] Ce sont des ponts vers ce que nous pouvons nous permettre de faire aujourd’hui, a-t-elle déclaré. Ce sont des femmes fortes, composites, arrangées. Ce sont des modèles tellement forts.

L’influence du cinéma se ressent dans tout l’album. Des transitions subtiles aux orchestrations évocatrices, chaque morceau est pensé comme une scène. Le final, où Lou-Adriane cite les noms des collaborateurs qui ont façonné l’album, rappelle les génériques des grands films, un hommage relatif à la force collective à l’origine de son projet.

Une voix installé pour toujours

Après C’est la fin du monde tous les jours (2019) et Lou-Adriane Cassidy vous le dit : Bonne soirée (2021), Journal est l’album qui imprègne, définit les contours d’une musique qui n’aura plus besoin de rien pour s’ériger en classique.

Même si l’album de 2021 avait été décrit comme une ode au crépuscule, c’est plutôt en dévoilant aujourd’hui ses échos intérieurs que Lou-Adriane Cassidy se retrouve dans sa plus vraie position et dans son plus grand Nu.

C’est mon album le plus sincère. Chaque mot, chaque phrase a été choisi avec soin, quitte à sacrifier une certaine fluidité sonore.

Sur scène, l’artiste promet un spectacle à la hauteur de l’album : intimiste et grandiose, vulnérable et puissant. Ce sera le plus construit que j’ai jamais réalisé, avec une scénographie et une conception de décor poussées.

Pour Lou-Adriane Cassidy, Journal marque un tournant. Elle n’est plus seulement la jeune prodige de la chanson québécoise. C’est une voix essentielle, une conteuse moderne qui invite son public à rêver plus grand.

Au final, l’album n’est pas qu’un journal : c’est une métamorphose. Un passage à la maturité qui rime avec force et non avec linéarité.

Et si son idée première était de faire un album qui écoute agréablement l’adolescence, lors des premières balades au volant d’une voiture, les fenêtres ouvertes et les cheveux au vent, elle embrasse le résultat qui est tout autre.

Quand on est plus jeune, on a l’impression qu’on marche plus vite, que la vie est pleine d’espoir. C’est vraiment ce que je voulais comme sensation. Puis en même temps, l’album est complexe, riche d’arrangements, de structures qui ne sont pas pop. Je voulais les écrire en entier, toutes mes histoires.

L’album Journal est en vente aujourd’hui.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 
-

Related News :