Bernard Rouanet expose à l’Hôtel Rochegude

Le peintre Bernard Rouanet fait partie de ceux qui vous marquent durablement. Le personnage tranche résolument avec le commun. Il est brillant, s’exprime en éclairs ciselés, maîtrise l’humour par la science de la dérision, et vous laisse avec l’irrésistible envie de le revoir. Il a mené plusieurs vies professionnelles de haut niveau au sein de grands groupes internationaux. Il a joué numéro 9 au rugby et sait donc parler le vrai langage aux hommes. Il peint depuis l’âge de vingt ans. Son œuvre est immense et mérite une visite. Il fêtera ses 86 ans le 26 janvier.

“Ça ne me dérange pas si quelqu’un dit ‘c’est de la merde !’, eh bien, c’est son opinion !” Et Bernard Rouanet de poursuivre : « J’ai toujours été un branleur… Mais lâchez prise. Vous pouvez l’écrire ». Époustouflant. On reste interloqué, entre surprise et éclat de rire.

Ses peintures sont un florilège de titres éloquents comme « Un soupçon de virilité », « Une saison en enfer », « Bizarre, tu as dit bizarre », « Assez de sentimentalité, ça doit être mauvais ! ». Certaines peintures n’ont pas de titre. “Cela leur apportera un certain soulagement”, a-t-il déclaré. Il y a aussi « Blanc : un vrai soulagement », comme un contrepoint en demi-mêlée à Soulages et son « Outre noir ».

À l’âge de vingt-trois ans, en 1962, Bernard Rouanet reçoit les distinctions des grands critiques d’art René Rouquier et Michel Roquebert. Sa peinture était reconnue par les plus grands. Cela contraste résolument avec ce qui se passait à l’époque. Mais la « voie de la sagesse » l’a entraîné dans une carrière professionnelle exigeante dont il s’est libéré sur le tard. «Quand j’avais vingt ans, j’aurais pu être peintre. J’aurais aimé être artiste. Mais je dis ça à 86 ans.

L’homme est sincère. On peut le lire sur son visage. Un soupçon de regret dans la voix et le regard ? Non, l’artiste intervient et ajoute « Je m’amuse ! ».