“Adieu, nous disons au revoir. Deux amants vaincus. Ne parlons plus du passé.« À moins que vous n’ayez passé les derniers mois en orbite, vous avez très probablement entendu ces paroles, extraites de la chanson Adieu de Jérémy Frérot. Un single où l’artiste de 34 ans chante sa rupture avec Laure Manaudou, extrait de son troisième album, Enfant des Sablessorti le vendredi 13 septembre 2024. Dix ans après sa participation à La voix avec Flo Delavega, le chanteur, désormais père célibataire, confirme toutes les bonnes choses que l’on pensait déjà de lui avec ce nouvel opus. A cette occasion, Jérémy Frérot s’est entretenu avec Télé-loisirs pour une interview exclusive.
Multi-Loisirs : Votre nouvel album marque votre retour après une pause musicale de deux ans. Pourquoi cette distance ?
Jérémy Frérot: J’en avais besoin car j’avais fait mon précédent disque pendant le Covid, chez moi. C’était un rythme assez bizarre. J’ai donné beaucoup d’énergie et après toute la vie de ce deuxième album, j’avais besoin de m’arrêter, de me poser, de me reconstruire parce que je n’avais plus d’idées du tout. J’avais besoin de me recentrer sur l’essentiel : sur le lieu où je vis – le bassin d’Arcachon – ma famille, mes amis. Pour me remplir la tête de nouvelles idées, pour vivre en fait ! C’est ce qui s’est passé et ça a bien marché pour moi car j’ai trouvé l’inspiration pour écrire un album entier.
Pourquoi as-tu choisi la chanson ? Adieu comme premier extrait ?
Parce que c’est la chanson qui a en quelque sorte lancé toutes les autres. J’étais en studio, mais j’étais dérangé, un peu perdu. Je venais de vivre un changement émotionnel intense dans ma vie personnelle et j’ai commencé à écrire à ce sujet. C’est sorti très naturellement. J’ai noté ce que leur mère disait à mes enfants pour leur dire que nous allions changer notre vie. Je l’ai chanté le soir même et j’ai été un peu malade à ce moment-là parce que je l’avais en moi, dans le ventre, et le sortir était assez violent. C’était difficile, mais après cette chanson, toutes les autres sont sorties en même temps. Pour sortir Adieu comme premier single était assez logique car il montre dans quel état j’ai commencé mon album et dans quel état j’ai écrit tout le reste. Je pense que c’est une excellente introduction.
« C’est un peu compliqué de sortir une chanson comme Adieu parce qu’il y a beaucoup de questions »
Le lien avec votre vie personnelle est évident. En avez-vous parlé avec votre ex-compagne, Laure Manaudou, avant d’en faire le premier extrait de l’album ?
Bien sûr ! Il y a toujours des discussions. Si je l’ai sorti, c’est parce que c’était possible. Après, c’est une chanson qui parle vraiment de ce que je ressens, de ce que j’ai vécu toute seule, de la manière de gérer la séparation avec des enfants de cet âge-là. C’est ma vision des choses que je présente. Evidemment, c’est un peu compliqué de sortir un morceau comme ça car il y a beaucoup de questions. Mais le questionnement est important dans la vie d’un artiste. Si on ne se pose pas de questions et qu’on est sûr de soi, on peut très vite trébucher et ce n’est pas bien. Il faut avoir des doutes et ne pas hésiter à demander leur avis à notre entourage.
Comment vivez-vous l’attention portée à votre vie privée ?
Je le vis très bien parce que je donne ce que j’ai envie de donner. Tout ce que je dis, c’est parce que je l’ai choisi. C’est moi qui dirige l’information, ce ne sont pas les gens qui dessinent. Je partage ce que j’ai envie de partager et le reste je garde pour moi. De plus, je ne donne que ce qui m’inspire.
A propos de la chanson Enfants de sablevous avez dit sur Instagram que vous aimiez la nostalgie de ce titre. 34 ans, n’est-ce pas un peu jeune pour être nostalgique ?
Croyez-vous? [Il rit] Je ne pense pas! J’ai été nostalgique très tôt. J’appartiens à une génération où les parents faisaient encore des albums photos et, lorsque je vivais encore chez mes parents, pour éviter de faire mes devoirs, je les consultais. J’avais 17/18 ans et j’étais déjà nostalgique. La nostalgie m’a tenu pendant tout ce temps et j’aime beaucoup ça, la nostalgie, car elle me rappelle l’état dans lequel j’étais, les émotions que j’avais. Quand je m’en souviens, je récupère tout. La nostalgie est une sorte de kit de tous ces sentiments dans lequel je peux puiser pour composer et écrire. Cela m’aide beaucoup. De plus, les deux années que j’ai passées sur le bassin d’Arcachon avec mes enfants ne pouvaient que me rendre nostalgique car je les ai vu évoluer dans les lieux où j’évoluais à leur âge. J’ai eu les larmes aux yeux quand je les ai vus jouer à des jeux auxquels je jouais.
Dans la chanson Troisième albumvous vous adressez directement au public. Est-ce important pour vous ?
Beaucoup. Pour moi, le troisième album est quelque chose d’assez important dans la vie d’un artiste. Dans cette chanson, il y a un peu de Fréro Delavega parce qu’on n’a pas réussi à faire un troisième album, ce que je voulais vraiment. C’est donc une petite victoire pour moi d’arriver à ce troisième album solo. Je m’adresse au public en disant : «Ça y est, je l’ai fait, nous l’avons fait ! Vous m’avez aidé et nous y sommes, nous sommes ensemble sur ce troisième album« .
Dans la chanson Zérotu dis : “7 milliards de chaises, quelle est votre place ?« Vous vous posez encore la question ou avez-vous l’impression d’avoir trouvé votre place ?
J’essaie de le trouver tous les jours. Chaque jour où nous changeons, nous ne sommes plus les mêmes humains qu’hier. J’ai l’impression qu’il faut constamment le trouver. Ainsi, depuis que j’ai des enfants, il y a une chaise qui est devenue un incontournable, sur laquelle je m’assois chaque fois que je les ai avec moi. Mais quand je suis Jérémy Frérot, l’artiste qui parcourt la France pour voir du monde, je suis dans un autre fauteuil. Je me dis qu’on a peut-être plusieurs chaises, mais ce n’est pas si mal finalement ! Je pense que si je m’asseyais toujours sur la même chaise, je m’ennuierais à un moment donné.
Jérémy Frérot coach sur The Voice ? : “Je ne me sentais pas du tout légitime de pouvoir donner des conseils”
Dans la même chanson tu dis aussi : «Avez-vous déjà pensé à mourir à 30 ans, imaginez les discours lors de vos funérailles« . Avez-vous déjà réfléchi à ce que vous voudriez que les gens disent de vous lorsque cela se produira, le plus tôt possible j’espère ?
Merci [Il rit]. En fait, j’y pense à chaque fois que je fais quelque chose. Je me dis qu’il faut que j’essaye de faire les choses du mieux possible pour laisser une trace assez belle. Par contre, je ne me demande pas ce que les gens diront, c’est à eux de décider. Mais je demande souvent si je meurs aujourd’hui, qui sera là ?
Vous chantez en duo avec le rappeur Kemmler. Est-ce un genre musical que vous aimez ?
Bien sûr ! Au collège, j’écoutais NTM et IAM. J’ai appris les paroles par cœur. Je m’en suis un peu éloigné quand je suis entré à l’université. J’ai commencé à écouter beaucoup de musique acoustique. Mais je m’y suis remis lorsque j’ai déménagé à Marseille, il y a une dizaine d’années. J’aime beaucoup le jeu de mots. Je peux être très ému par une chanson de rap.
Vous serez en tournée au moins jusqu’à fin 2025. La vie sur la route est-elle quelque chose que vous appréciez ?
C’est pourquoi je fais ce métier et pourquoi je sors des albums. J’aime un peu moins la vie en studio mais il faut passer par là pour sortir de nouveaux morceaux et partir en tournée. Ce que j’aime, c’est voir les visages des gens quand je chante, voir l’émotion dans leurs yeux. J’aime aussi beaucoup la vie en tournée parce que c’est une vie de colonie, dans un bus. J’aime que tout le monde se sente important, et tout le monde le fait. Si quelqu’un se sent mal, on le porte, on le réconforte pour que chaque pièce du puzzle s’emboîte bien pour que le soir, on joue tous ensemble.
N’est-ce pas trop compliqué de concilier vie de tournée et vie de papa solo ?
Je ne l’ai encore jamais fait. Jusqu’à présent, j’ai toujours été en tournée avec la mère de mes enfants pour m’aider. Ce sera une première et c’est une organisation qui se passera très bien. Chacun a son travail, mais chacun s’entraidera pour que les enfants se sentent le mieux possible.
Jérémy Frérot: “On m’a même interdit d’exercer des activités bancaires”
Vous avez été révélé par l’émission La voix. Pourrions-nous vous voir entraîner un jour à La voix ou La voix des enfants comme Claudio Capeo avec qui vous partagez un duo sur cet album ?
On m’a souvent posé cette question et pendant longtemps j’ai répondu non car je ne me sentais pas du tout légitime de pouvoir donner des conseils. Mais depuis peu, j’ai reconsidéré mon jugement et maintenant, écouter les artistes, leur dire ce que je ressens et peut-être aider certains d’entre eux, j’apprécierais vraiment. Enfant ou adulte, ce ne serait certainement pas la même chose, mais juste l’idée de pouvoir discuter artistiquement avec des chanteurs et voir comment on peut faire pour les faire entrer du mieux possible dans leur univers, c’est quelque chose qui me plaît. ! En fait, pendant mes deux ans de pause, j’ai fait le point sur tout ce qui s’était passé durant ces quinze années de musique et cela m’a permis de prendre conscience que je me sentais légitime aujourd’hui. .
Le titre de votre album, Gamine des sablesest évidemment une référence à votre région et cœur natal, la Gironde. Avez-vous déjà été tenté de vous installer à Paris, notamment pour le travail ?
Mais je l’ai fait ! Quand avec Flo Delavega nous avons signé avec un label, j’ai déménagé à Paris et c’était très très dur pour moi de quitter le bassin d’Arcachon, ce que je n’avais jamais fait. Je suis tombée en dépression les premiers mois car je ne sentais plus la mer et j’étais loin de la mer. J’étais encore étudiant donc chaque semaine, je payais un billet de train pour rentrer chez moi le vendredi. À cause de cela, j’ai même été banni de mes activités bancaires. [Il rit] J’ai vécu quatre ans à Paris, puis quatre ans à Marseille, avant de revenir sur le bassin d’Arcachon il y a cinq ans. Après, c’est juste une question d’organisation : je peux partir le matin, habiller mes enfants, mettre le goûter dans le cartable, prendre le train, faire la promotion à Paris et revenir le soir.
On ne vous a jamais vu dans une série ou un film. La comédie pourrait-elle vous tenter ?
Oui, complètement ! En fait, c’est un exercice que l’on fait tous les jours lorsqu’on est artiste. On joue un peu, et surtout sur scène, parce que si j’étais la même personne sur scène et dans la vie, ce serait vraiment très bizarre. Les gens penseraient que j’étais fou. [Il rit] Je ne sais pas si je pourrais le faire, je n’ai pas du tout cette prétention, mais j’aimerais essayer.
Dans votre précédent album, vous vous demandiez «Qu’est-ce qu’un homme ?. Avez-vous une réponse aujourd’hui ?
Je pense que c’est normal de ne pas pouvoir répondre précisément à cette question. Depuis que je me pose cette question, je constate que les mœurs et les tendances changent. Un homme d’aujourd’hui peut être fort, ou sensible, ou dire qu’il ne sait pas. Il y a plein de façons différentes d’être et c’est beau !
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