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Sortie de l’album Sept

Elle songea à courir, à se sauver, mais son cœur finit par lui répéter : chante, Marie-Mai ! Alors qu’elle lance son septième album, le premier depuis 2018, une conversation sur l’avenir de sa carrière en , et sur l’avenir de la musique québécoise en somme, avec le plus serein des jeunes vétérans.


Publié à 1h11

Mis à jour à 7h00

Marie-Mai se penche vers votre journaliste, comme pour lui confier un secret. «Je n’arrive pas à croire que je dis ça, mais je suis de la vieille école. » Phrase surprenante, mais pas forcément fausse. Lors de la sortie de son premier album, Inoxydableen 2004, Archambault et HMV vendaient des tonnes de CD, tandis que des adolescents risquaient de faire exploser l’ordinateur de leurs parents en téléchargeant illégalement leurs chansons préférées sur LimeWire.

Avance rapide 20 ans plus tard, et un nouvel album sort sur les plateformes de streaming, à minuit, sans grande fanfare. Marie-Mai le reconnaît d’emblée : après avoir débuté une carrière réussie à la télévision, elle se demandait sérieusement si, pour elle, la musique était finie. Y aurait-il une version 7.0 de lui-même ? Elle n’avait jamais gardé un silence aussi long que depuis Elle et moisixième entrée de sa discographie, sortie en 2018.

«Je pense qu’il est sain de se poser la question», dit-elle à propos de son avenir de chanteuse, auquel elle a longuement réfléchi. « Le secteur a beaucoup changé. Quand je fais des albums, c’est un travail en profondeur, hyper-émotionnel, qui demande beaucoup d’énergie. Et c’est vrai que, parfois, j’ai du mal à croire que je fais tout ça pour que ça finisse sur des plateformes. Le résultat est parfois moins tangible qu’avant. »

Mais elle s’empresse d’ajouter : “Même si j’essayais, la musique ne me laisserait pas partir.” » Sans compter que ses autres contrats lui permettent d’envisager sa vie de musicienne avec un peu plus de légèreté, sans la pression des succès à répétition car il y a des factures à payer.

Inquiet pour l’avenir de la chanson francophone, notre vétéran ? Elle éclate d’un rire doux et nerveux. « Cela fait plusieurs années que je suis inquiet ! »

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PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Marie-Mai, auteure-compositrice-interprète

Entre les radios qui ont leurs directions artistiques hyper précises et la télévision où il n’y a presque pas de prestation musicale, il y a un entonnoir qui se crée qui ne reflète pas toutes les couleurs des artistes qu’on a au Québec.

Marie-Maï

“Heureusement, la jeune génération qui perce en ce moment montre qu’il existe une autre voie possible”, se réjouit-elle. Ils sont extrêmement créatifs et inventent des moyens d’exister avec des budgets plus réduits. Pour moi, venant de la vieille école, c’est impressionnant. »

Un « conte de fées imparfait »

Marie-Mai décrit septembre comme une sorte de bilan, alors qu’elle a fêté ses 40 ans en juillet et souligne les 20 ans de son premier disque. Fidèle à sa réputation d’exploratrice acharnée des recoins les plus sombres de son cœur, elle a toujours été notre pop star la plus populaire. emo –, l’ex-universitaire raconte son « conte de fée imparfait », comme elle le décrit à la fin de l’album. Un conte de fées qui « lui a donné les plus beaux refrains », mais à cause duquel elle pleurait aussi souvent seule dans son bain.

“Je me demande parfois à quoi ressemblerait ma vie / Sans mon nom qui rime avec jalousie / Je déteste ne croire qu’à ce qui me fait mal”, murmure-t-elle en ouverture, en Noir sur noiravant d’ajouter, un peu plus loin, que chaque soir, ses démons la bercent dans leurs bras.

Extrait de Je les berce dans mes bras

“Non, ce n’est pas ce que je chante !” », corrige Marie-Mai, amusée par le désarroi de son interlocuteur. “C’est moi – moi!” – qui berce mes démons dans mes bras. » Une nuance qui s’impose effectivement, tant ce nouveau disque dresse le portrait d’une femme qui a appris, comme Miley Cyrus, qu’il vaut parfois mieux acheter ses propres fleurs. D’autant que c’est sans doute le meilleur moyen d’éviter de recevoir la cagnotte, ce qui lui est arrivé le plus souvent.

Fervente amoureuse de la pop, Marie-Mai est fascinée par la supernova américaine Chappell Roan, qui traverse actuellement une grande tempête médiatique, avec laquelle elle est bien placée pour sympathiser. Quels conseils lui donnerait-elle ?

« Chappell est très intelligente et je pense qu’elle finira par comprendre qu’il faut apprendre à arrêter de se justifier. Cela m’a beaucoup aidé de ne plus ressentir le besoin de remettre les pendules à l’heure à chaque fois que quelqu’un disait quelque chose d’injuste ou de négatif. »

Lire « Chappell Roan se retire du festival pour « donner la priorité à sa santé mentale » »

Champagne à la main

Avec son nouveau partenaire de studio, le compositeur et réalisateur Lucas Liberatore, Marie-Mai a créé un album au diapason de la world pop actuelle, bombe Non prévu jusqu’à ce que Taylor Swift Aucun effet. Dans un élan d’humour rare et salutaire, la Québécoise se félicite, une coupe de champagne à la main, que le karma, son grand sujet bien avant Taytay, ait eu raison de ses ennemis.

À l’inverse, Karma sera généreux avec ceux qui font les choses pour les bonnes raisons, croit-elle. Lorsqu’elle parle des artistes qui jouent en boucle chez elle, Marie-Mai prénomme FouKi, le préféré de sa fille. « Elle l’a rencontré le jour de la fête du Canada et elle m’a dit : ‘Maman, j’ai des frissons au cœur.’ ” Mignon.

Puis Charlotte Cardin. « Charlotte a débuté sa carrière dans une période très difficile pour l’industrie, elle a trouvé de nouvelles façons d’être créative, sans pour autant être dans la course au succès. C’est super inspirant de la suivre. »

Un élan d’admiration permettant de conclure que Marie-Mai a bien soigné son penchant à la jalousie ? Elle rit. «Ma jalousie ne s’est jamais traduite en envie envers d’autres artistes. Quand Cœur de pirate est arrivé, j’étais très excité, j’étais un mégafan. Mais je ne pensais pas être assez cool. J’ai toujours eu l’impression que je n’étais pas assez. »

Elle rit à nouveau, comme touchée par cette version d’elle-même qui appartient désormais au passé. Elle semble enfin avoir assimilé ce qu’elle proclamait en 2003 : chante, Marie-Mai, et oublie ce que les autres pensent de toi.

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