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Entre le meilleur et le pire

«Je suis devenu très vite une pop star, mais la raison pour laquelle je voulais faire ce métier, c’était d’écrire des chansons», insiste Roch Voisine, qui présente son spectacle célébrant le 35e anniversaire à Montréal jeudi et vendredi.e anniversaire de son album Hélène. L’occasion rêvée de revisiter les hauts et les bas d’une carrière et d’une discographie souvent sous-estimées.


Publié à 02h38

Mis à jour à 7h00

Votre chanson personnalisée la plus lucrative

En 1982, J’ai joué au hockey pour les Remparts de Québec et mon coéquipier Stéphane Lessard est arrivé avec deux, trois ententes. Il voulait que je l’aide à écrire une chanson pour sa petite amie, parce qu’il savait que je jouais de la guitare. Nous nous sommes assis et avons écrit Hélèneen anglais, ce soir-là.

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PHOTO PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE, FOURNIES PAR BANQ

Lorsqu’on lui présente un double disque de platine pour son album Hélèneen octobre 1989

Puis je suis allé chez Stéphane pour chanter la chanson à sa copine et c’est là que j’ai rencontré l’oncle de Stéphane, Paul Vincent [qui allait devenir son gérant]. Il voulait prendre soin de moi, mais ce n’est pas vraiment ce que je voulais faire dans la vie. Et c’est à ce moment-là que je suis entré à l’université.

Quand est venu le temps d’enregistrer mon troisième album [Hélène, paru en 1989]après deux albums en anglais qui n’ont pas vraiment fonctionné, il était clair que je devais chanter en français. Et c’est à ce moment-là que j’ai suggéré à Paul de dépoussiérer Hélène.

La cage d’escalier la plus déterminante de votre carrière

Alors que j’étudiais la physiothérapie à l’Université d’Ottawa, le soir, à midie À l’étage de la résidence, j’ai joué mes chansons dans la cage d’escalier. Les gens passaient et s’asseyaient. C’est grâce à eux que j’ai décidé de faire une pause dans mes études, de rappeler Paul et de m’essayer à la musique.

La chanson dont tu es le plus fier

C’est une chanson que les gens ne connaissent pas vraiment, un opéra rock de 14 minutes et 9 secondes intitulé Le chemin [paru en 2012 sur son album Confidences].

C’est une chanson dédiée au public québécois. J’en suis très fier, car j’ai vraiment mis tout mon cœur sur la table pour parler au monde d’ici. Quand j’ai entendu le mix final, j’ai pleuré comme un enfant.

La chanson que tu aurais aimé ne pas avoir enregistrée

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PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE, FOURNIE PAR BANQ

Au Centre Molson en décembre 1997

Quand je réécoute mes albums, il y a toujours une moitié que j’aime et l’autre moitié que je n’aime pas. J’ai fait 30 albums en 30 ans, la demande était tellement forte, ça s’est passé si vite et honnêtement, parfois j’aurais aimé avoir un peu plus de temps. Bien sûr, j’en ai raté quelques-uns, mais j’aurais été fou de ne pas répondre.

Votre rencontre la plus impressionnante

Elton John. J’étais à Paris et nous avions le même chauffeur. Un jour, je faisais mes courses dans un magasin de lunettes, mon chauffeur me tape sur l’épaule, je me retourne et Elton John était là, la main tendue.

Il est venu au concert le lendemain et… ce n’est pas facile de chanter devant Elton John ! Il était assis juste à côté de Nana Mouskouri. Mais ce n’était pas un problème, car nous avions un super groupe, les meilleurs musiciens québécois : Réjean Lachance et Christian Péloquin aux guitares, Kevin De Souza à la basse, Marc Beaulieu comme leader.

Votre pire spectacle

Lors d’une des tournéesAméricaine [son projet country ayant connu trois volumes de 2008 à 2010]J’ai participé à un spectacle de motards en Estrie ou dans Lanaudière. Cela se passait sur un hippodrome et la police avait entendu dire que les Hells seraient probablement là. Nous pouvions voir les hélicoptères de la Sûreté du Québec voler au-dessus de nous.

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PHOTO ANDRÉ PICHETTE, LA PRESSE ARCHIVES

Roch Voisine, en 2010, au moment du lancement de son album Américaine

Il y avait tellement de policiers que personne n’est venu au spectacle. C’était terrible. Il n’y avait même pas 50 personnes. Nous avons réussi à trouver ça drôle jusqu’à ce que l’organisateur nous dise qu’il n’allait pas nous payer.

Les meilleurs conseils offerts par Pierre Lalonde

C’était avant Hélène. J’étais dans son émission Étoiles d’une nuit et quand je chantais, M. Lalonde voyait bien les réactions des filles dans l’auditoire. Ensuite, il m’a pris à part et m’a dit : « J’ai quelques conseils à te donner. Oui, elles sont belles les filles, elles sont mignonnes, mais n’y allez pas. Sinon, vous vous perdrez. » Et je n’y suis jamais allé.

La plus grande qualité de David Foster

[Roch Voisine a créé en 1993 son succès I’ll Always Be There avec le légendaire réalisateur et compositeur canadien, que certains décrivent comme dur.]

Je n’ai jamais trouvé David dur. Il est exigeant, c’est différent. Et je n’ai pas peur de ce monde exigeant. Je serai toujours làil m’a fait chanter tellement de fois en studio que je n’avais plus de voix à la fin de la journée.

Aujourd’hui, en studio, je fais une dizaine de prises d’un même morceau et nous assemblons une version finale basée sur les meilleurs passages de chacune. David était le roi du punch [une expression désignant une correction apportée à une portion très précise d’une chanson]. Il cherchait un mot, juste un mot, et il me le faisait répéter des dizaines et des dizaines de fois.

Le moment le plus fou vécu avec votre défunt manager Paul Vincent

Il y en a plusieurs, car c’était une personne très extravagante. Après une séance de dédicaces au Virgin Megastore des Champs-Élysées, ils ont voulu nous faire sortir dans une petite rue à l’arrière, mais il y avait 5 000 personnes dans le quartier.

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PHOTO PIERRE CÔTÉ, LA PRESSE ARCHIVES

Avec Paul Vincent, 20 mars 1990

Nous sommes restés coincés dans la voiture pendant une heure avant que la police ne vienne nous chercher. Les cinq premières minutes, c’est un peu drôle, mais après, ce n’est plus drôle du tout. Il y en a qui ont perdu connaissance, qui ont été écrasés. Et on ne peut pas fermer les rideaux. C’était Beatlesque. Et cela nous a un peu secoué.

Le moment où la Rochmania a atteint son apogée

Il est certain que le spectacle sur le Champ-de-Mars, devant la Tour Eiffel, en 1992 [le 17 avril]c’est difficile à battre. Il y avait là 75 000 personnes, dont 14 millions regardaient la télévision.

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PHOTO PIERRE LALUMIÈRE, LA PRESSE ARCHIVES, PROVIDED BY BANQ

En avril 1992, à l’aéroport de Mirabel, au retour d’une tournée européenne

C’était une idée du directeur des variétés de TF1 de l’époque, Dominique Cantien. Tous ceux à qui elle en parlait pensaient qu’elle était folle. Je l’ai revue il y a quelques semaines à Paris et je lui ai dit : « Chaque fois que je passe devant la Tour Eiffel, j’ai des frissons et je pense à toi. »

Votre meilleur spectacle

Il y en a beaucoup, mais en 2004 j’ai participé à une tournée européenne intitulée Les nuits du balavec plusieurs autres artistes comme Roger Hodgson et les Pointer Sisters. Et il y avait aussi le guitariste John Miles [qui a longtemps accompagné Tina Turner]dont j’étais fan, fan, fan.

C’était son groupe qui était l’orchestre de la maison. Nous faisions une version rock’n’roll deHélène et pendant le solo, il est venu se mettre juste à côté de moi. C’est complètement, complètement trippant.

Je pense aussi à un spectacle de Noël que nous avons fait pour le Secours populaire français [une association qui vient en aide aux personnes démunies]. Il n’y avait que des parents et leurs enfants dans la pièce. A la fin, on laisse les enfants chanter Petit Père Noël et cela nous avait complètement secoués. Je me souviens du frisson. Tout le monde sur scène pleurait.

Vous pouvez jouer devant 10 000 personnes et cela vous énerve, mais les enfants qui chantent ensemble sont tout aussi écrasants, sinon plus.

La phrase d’une de vos chansons qui vous décrit le mieux

C’est le début de la chanson Le chemin : “Je n’ai pas demandé à venir au monde / trois minutes, quelques secondes / le temps d’une chanson trop usée / accroché à ton passé”.

Je ne me suis jamais lassé de jouer Hélènemais s’identifier à lui, oui. Nous vivons dans un monde où il faut tout réduire à une phrase et être décrit comme « le chanteur deHélène », je pense que c’est un raccourci très réducteur.

Hélène 35 ansà la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, jeudi et vendredi à 20 h

Découvrez les autres dates de tournée

 
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