Le chanteur du « Week-end à Rome » fête ses 68 ans ce mardi 14 janvier. Artiste nomade, Étienne Daho a vécu à Oran, Rennes et Londres. Mais c’est à Paris, là où vivaient ses grands-parents, qu’il s’est installé il y a quelques années… dans l’ancienne demeure d’une légende de l’Occident.
Etienne Daho : sa maison de Montmartre fut le refuge d’une figure de l’histoire américaine
Après une tournée triomphale, leÉtienne Daho Showen 2024 le chanteur breton a conclu l’année dernière en beauté en recevant, en novembre, le Grand Prix Spécial Sacem dédié à «des parcours artistiques exceptionnels rendant hommage aux talents qui façonnent la création musicale en France». Cette récompense a agi comme un baume au coeur pour Étienne Daho qui, après le départ de Jane Birkin en 2023, a vécu très douloureusement la mort de son autre amie Françoise Hardy, en juin dernier.
Pour se consoler, le sexagénaire a heureusement la chance de disposer d’un havre de paix unique dans le 18ème arrondissement de Paris, au coeur du quartier des Abbesses, à Montmartre. Un lieu qu’il connaît depuis longtemps car, comme il le confiait au podcast « Le Goût de M » en décembre 2022, «mes grands-parents habitaient Place Blanchemes tantes y avaient une brasserie, j’ai toujours été dans ce coin». Il découvre le rock’n’roll à quelques dizaines de mètres de là, au 90 boulevard de Clichy, dans la mythique salle de la Locomotive qui accueillait alors de nombreux groupes anglais, avant que sa propre carrière ne décolle en 1984 avec la chanson Week-end à Rome.
Mais s’il aime l’Angleterre, où il a longtemps vécu, à Paris c’est le rêve américain qu’Étienne Daho vit au quotidien ! Il y a maintenant trente-huit ans, il achetait à Montmartre un chalet rustique en bois qui abritait autrefois… Buffalo Bill. Le chasseur de bisons et showman, né dans l’Iowa, y vécut en 1905 lors d’une tournée qui traversa plus d’une centaine de villes françaises.
Etienne Daho’s refuge
A Paris, son cirque s’est produit pendant plusieurs semaines à l’Hippodrome de Montmartre, au bas de la rue Caulaincourt, à deux pas de Montmartre. Buffalo Bill est alors partagé entre l’hôtel Terrass et la demeure actuelle d’Étienne. Le spectacle américain sera ensuite présenté au pied de la Tour Eiffel et attirera au total trois millions de spectateurs. «Je vis dans cette maison depuis 1987, a expliqué Daho dans les colonnes du magazine Le bazar de Harper il y a deux ans. Je n’avais pas d’argent à l’époque pour me le payer, mais j’ai eu la chance de sortir un album juste après qui a très bien marché (Pour nos vies martiennes en 1988, NDLR) et j’en avais les moyens. C’est ma base, mon refuge.»
Depuis, il n’a jamais imaginé vendre son chalet. Même si ses amis Jacques Dutronc et Françoise Hardy l’ont encouragé à lui être infidèle il y a quelques années. “Ils m’ont incité à acheter un appartement avenue Foch. Je détestais ça. Quand je revenais dans ma rue le soir, mes épaules tombaient littéralement. Je n’avais rien à faire là-bas. j’ai revendu.» Dans le quartier des Abbesses, au détour d’une petite rue pavée, Étienne aime se moquer de la modestie de sa maison. “On la montre souvent du doigt, non pas parce qu’elle est belle — c’est certainement la façade la plus pourrie de la rue — mais parce que cette maison a une histoire.», souriait-il dans « Le Goût de M » en 2022.
À l’intérieur, “c’est comme un intestin», s’est moqué le propriétaire en citant Jeanne Moreau, une autre amie chère décédée, qui aimait décrire cet ancien atelier d’artiste, sinueux et rempli de couloirs au premier niveau. A l’étage il y a un grand salon.où l’esprit de Buffalo Bill peut encore flotter… », fantasme Daho. Une grande bibliothèque est habitée par les livres que préfère le natif d’Oran (Algérie), ceux d’Arthur Rimbaud, Andy Warhol, Pierre et Gilles ou encore ceux consacrés à Marilyn Monroe, dont il nourrit la passion.
“Je suis fasciné par les maisons”
Sans être dépensier, celui qui a grandi à Rennes avoue son amour immodéré pour les belles demeures. “J’ai failli acheter la maison où Marilyn est morte aux États-Unis, qui était en vente pour très peu d’argent. Je suis fasciné par les maisons, que ce soit la Villa Malaparte, l’appartement de Syd Barrett [membre de Pink Floyd]l’atelier de Bacon…» Peu matérialiste, il a aménagé son salon avec deux canapés, des poufs carrés crème et des dossiers. “Tout en bois, comme dans Pics jumeaux.
A 68 ans, il aime se ressourcer dans son antre bien-aimé pour penser aux artistes qu’il a aimés et qui ne sont plus là : Syd Barrett, Jane Birkin, la chanteuse Dani… En 2013, il confiait au magazine Marianne sa difficulté à accepter leurs départs : «Je suis fatigué que tout le monde meureJacna, Daniel [Darc], Fred [Chichin], Alain [Bashung]il faut s’arrêter là.» Le 10 janvier, nous avons célébré le 108e anniversaire de la mort de Buffalo Bill. Peut-être que ce jour-là, Étienne conversait avec le fantôme du cavalier mythique…