De The Who à Simon & Garfunkel, les airs de jeunesse de Jean-Louis Aubert

De The Who à Simon & Garfunkel, les airs de jeunesse de Jean-Louis Aubert
De The Who à Simon & Garfunkel, les airs de jeunesse de Jean-Louis Aubert

Après avoir vu l’opéra rock « Tommy » des Who, le futur chanteur de Téléphone a décroché la guitare de son père pour ne plus jamais la quitter. Des soirées scouts aux répétitions avec son groupe de lycée, Aubert nous raconte son enfance de jeune rockeur passionné.

Jean-Louis Aubert à l’âge de 18 ans, après ses années scout. Collection personnelle

By Valentine Duteil

Publié le 22 septembre 2024 à 15h30

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Où avez-vous passé votre enfance et dans quel environnement ?

Je suis né et j’ai vécu jusqu’à l’âge de 4 ans à Nantua, dans l’Ain, une petite ville entourée de montagnes et de sapins. Le jour où nous avons quitté la ville pour aller vivre à Senlis, j’avais l’intime conviction qu’à mon retour, il y aurait une grande banderole « Bienvenue Jean-Louis » pour m’accueillir. Cinquante ans plus tard, la banderole était là et l’école de la ville porte mon nom. Mon père était sous-préfet. Nous vivions dans des logements de fonction très sécurisés. En période d’attentats ou de guerre, comme celle d’Algérie, nos sorties étaient contrôlées, voire interdites. A l’école primaire, j’étais un assez bon élève malgré un tempérament assez agité et indiscipliné. Je me souviens que mon professeur de quatrième nous frappait sur les doigts avec un bâton ou une règle en fer. Il nous jetait de la craie au visage. Nous avions appris jusqu’à la table de 24 avec terreur.

J’ai commencé à avoir des problèmes de discipline au collège, quand on est arrivé à Paris. J’avais 11 ans. Je faisais beaucoup de sport, du tennis, du rugby et des sports collectifs. Mais j’aimais surtout le scoutisme, que j’ai pratiqué de 10 à 17 ans. Les chefs nous laissaient partir seuls dans la nature avec une boussole. Une fois la peur passée, la forêt nous prenait dans ses bras. J’avais l’impression d’être dans un cocon. J’adorais fabriquer des cabanes, faire du feu, grimper aux arbres. Quand le mouvement hippie est arrivé en , j’avais une longueur d’avance sur tout le monde ! Après mon bac, j’ai fait plein de petits boulots, d’abord comme menuisier, puis dans une épicerie et à la SNCF au service des colis de la gare des Batignolles, c’est pour ça qu’on le retrouve dans la chanson Ceci (c’est vraiment toi) : ” Au rythme tchou tchou tchou du train des Batignolles.

Est-ce que tes parents écoutaient de la musique ?

Mon père jouait de la guitare en cachette dans sa chambre. Je l’entendais à travers la porte. Il aimait Brassens, Jacques Brel et Charles Trenet. C’était un homme d’une grande sensibilité artistique. Il écrivait des poèmes. Il dessinait aussi très bien. Il avait monté un spectacle pendant la guerre, alors qu’il était prisonnier au fin fond de la Pologne. Son travail dans le camp consistait à faire évader les gens, tandis que d’autres élevaient les âmes par la religion ou fabriquaient des poêles avec des boîtes de conserve. Ma mère n’était pas très attirée par la musique. Elle aimait surtout le théâtre. Nous devions avoir des disques de Sinatra. Je me souviens de la chanson allemande Sag Pourquoi chanté par Camillo Felgen, qui avait eu un énorme succès dans toute l’Europe. A 6 ou 7 ans, j’ai découvert les Stones, les Beatles et Simon and Garfunkel, grâce à ma grande sœur qui les écoutait avec sa copine au grenier. Le son m’a tout de suite séduit.

Quelle est votre chanson préférée de votre enfance ?

Un jour, alors que j’étais malade, mes parents m’ont donné le disque 45 tours de Poupée de cire, poupée sonore. J’adorais France Gall. Je devais avoir 9 ans. Je lui trouvais l’air d’une petite fille. Sa chanson joyeuse et entraînante me mettait de bonne humeur quand on l’écoutait sur le tourne-disque de ma sœur. A l’adolescence, à 12 ans, la chanson Je suis libre, The Who m’a profondément touché. Même si je ne comprenais pas l’anglais, je savais ce que signifiait cette phrase. Elle faisait écho à mon grand désir de liberté. Un an plus tard, j’ai volé le disque 45 tours de Panne de communication, de Led Zeppelin dans un magasin. Je découvrais le rock, j’avais une mobylette. La chambre que je partageais avec ma petite sœur était couverte d’affiches de motos, des Beatles et de photos de mes idoles que je découpais dans Rock et folk.

Quel a été le premier concert auquel vous avez assisté ?

À 13 ans, j’ai dit à mes parents que j’allais voir un opéra. Ils étaient très fiers. En réalité, je suis allé au Théâtre des Champs-Élysées pour voir l’opéra rock. Tommy, Les Who avec mon ami Olivier. Il était devenu complètement fou, il était monté sur scène en plein concert et Pete Townshend lui avait fracassé son tambourin sur la tête ! Il était redescendu complètement sonné, le tambourin autour du cou. On était très très heureux ! Plus tard, j’ai appris que Richard Kolinka était aussi dans le public. Le lendemain, j’ai acheté la partition de l’opéra, j’ai pris la guitare de mon père qui, curieusement, était accrochée dans ma chambre et je me suis mis à essayer de déchiffrer toutes les chansons. A partir de ce jour, je n’ai plus cessé de jouer de la guitare tout le temps, partout.

Avez-vous appris la musique étant enfant ?

Quand j’étais tout petit, dès l’âge de 4 ans, je m’amusais avec le vieux piano du salon. Les mains au-dessus de la tête, je tapais sur les touches les rythmes de petits airs que je connaissais. A l’école primaire, j’étais enfant de chœur et choriste dans la chorale de mon école à Senlis, avec laquelle nous faisions des petites tournées régionales. Vers 8 ans, je jouais un rythme assez compliqué sur la guitare de mon père avec ma main droite, en étouffant les cordes avec mon autre main. Ce qui impressionnait pas mal mon public. J’aimais aussi repérer à l’oreille des mélodies de Simon et Garfunkel, comme Mme Robinson. Ensuite, je me suis formé seul avec, entre autres, Tommy, The Who. J’ai commencé à jouer dans des groupes au collège, d’abord avec Antoine de Caunes qui habitait dans mon quartier et qui était le seul à avoir une batterie. Puis, avec des copains du lycée, on a formé le groupe Arthur Max and co. On passait tout notre temps libre au club de Jazz où on pouvait répéter. Le lycée Pasteur était à côté d’une classe de théâtre où travaillait toute l’équipe du Splendid. Gérard Jugnot était même professeur dans notre école. Ils avaient un copain barbu qui jouait de la guitare un peu comme Eric Clapton. On passait des heures à l’écouter. Petit à petit, notre groupe s’est fait connaître et on a commencé à faire des concerts dans des fêtes et des mariages. On était invités à des soirées où plusieurs groupes jouaient. C’est comme ça que j’ai rencontré certains membres de Téléphone.

Vous souvenez-vous de la première chanson que vous avez écrite ?

Le tout premier que j’ai écrit doit être Vaudou (toujours debout). J’avais 17 ans, c’est dans le premier album Téléphone. J’aime beaucoup la première phrase : « Quand je suis né, j’ai crié ! »

 
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