Malgré la crise climatique, un avenir meilleur est possible

Êtes-vous fatigué d’entendre parler du changement climatique ?

Vous n’êtes pas les seuls. Vous êtes nombreux à nous dire que le message ne vous parvient plus.

Pourtant, nous n’avons jamais été aussi bien informés sur le phénomène climatique.

La qualité de l’information scientifique sur ce que nous devons faire pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre (GES) ou pour nous adapter aux changements climatiques n’a jamais été aussi riche et diversifiée, et n’a jamais été aussi bien diffusée.

Même si des incertitudes subsistent, nous avons une très bonne idée de ce qui nous attend si nous ne faisons rien pour changer le cours des choses.

Mieux encore, nous savons qu’il est tout à fait possible d’éviter le pire. Dans leur dernier rapport, les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous le disent très clairement : tout n’est pas gâché.

Oui, un changement majeur doit être opéré dans un court laps de temps. Mais il est toujours possible de limiter les dégâts. Mieux encore, nous pouvons tirer de nombreux avantages personnels et collectifs des actions qui protègent le climat.

Sachant cela, une question me taraude depuis plusieurs années… Une question qui, en fait, est à l’origine de mon envie de produire le podcast 1000 des questions, une planète.

Étienne Leblanc, journaliste spécialisé en environnement, propose avec le podcast 1000 des questions, une planète, sur la plateforme OHdio, une exploration en profondeur de la crise climatique. Avec ses invités, il tente de répondre aux grandes questions de manière intime, avec optimisme et lucidité.

Nous savons aujourd’hui qu’il est possible de changer le cours des choses, et pourtant nous échouons. Ma question : la manière dont nous communiquons les informations climatiques alimente-t-elle notre apathie ?

Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de communication environnementale et de marketing social à l’Université Laval, estime que cet état est en partie alimenté par le récit trop sombre que l’on donne sur le phénomène climatique. Un constat qui s’adresse autant aux médias qu’aux scientifiques, responsables politiques ou écologistes.

Les sentiments que cela génère sont très inconfortablesdit-elle dans le premier épisode du podcast. C’est peut-être la peur, et on peut aussi en avoir marre parce qu’on a l’impression qu’on met le problème sur nos épaules.

Nous voulons nous éloigner de cette culpabilité, ou peut-être en avons-nous assez d’en entendre parler parce que nous ne nous sentons pas concernés.

Une citation de Valériane Champagne St-Arnaud, professeure de communication environnementale et marketing social à l’Université Laval

Experte en communication environnementale, Valériane Champagne St-Arnaud est professeure au Département de marketing de l’Université Laval.

Photo : Radio-Canada / Étienne Leblanc

Il faut donc travailler à mieux tisser cette grande histoire, à travers laquelle nous pourrons nous projeter dans le monde de demain. Parlez davantage de l’espace des possibles, examinez les raisons pour lesquelles il est encore imaginable d’éviter le pire, cultivez une vision de demain qui donne envie d’en prendre soin.

Faites-le bien sûr de manière lucide, sans porter de lunettes roses.

Pas de recette magique… mais plein de solutions

Il n’existe pas de solution miracle pour résoudre la crise climatique. Même si on aime parfois le penser.

Comme lorsque nous compensons les émissions de GES de notre vol en avion en achetant des crédits pour planter des arbres. C’est évidemment une très bonne chose d’ajouter des arbres à notre territoire. Mais est-ce la solution pour répondre à l’urgence climatique ? Celui qui nous oblige à réduire les émissions mondiales de près de moitié d’ici 2030 ?

Pas vraiment. Alors que l’avion rejette immédiatement des GES, les arbres que nous plantons ne commenceront à absorber du CO2 que dans 30, 50 ou 70 ans.

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Experte en écologie tropicale et en stockage de carbone, Catherine Potvin est professeure au Département de biologie de l’Université McGill et membre du Comité consultatif sur les changements climatiques du gouvernement du Québec.

Photo : Radio-Canada / Étienne Leblanc

Quand on plante un arbre, il est très petit et il met beaucoup de temps pour qu’il devienne un grand arbre qui aura beaucoup de feuilles et qui sera capable de capter beaucoup de dioxyde de carbone.» déclare Catherine Potvin, professeure au Département de biologie de l’Université McGill et experte mondiale des forêts tropicales et des puits de carbone. Et nous n’avons plus le temps d’attendre que ces arbres grandissent.

Pour retenir le CO2, il est beaucoup plus efficace de préserver les forêts et les milieux naturels déjà existants, souligne Mme Potvin.

Une solution parmi tant d’autres qui existent pour protéger le climat.

En les reconnaissant, nous nous donnons la chance de changer de perspective, de mieux comprendre que le défi climatique n’est pas qu’une calamité. Nous ne nous contentons pas de souffrir, nous pouvons aussi agir.

La démocratie à l’épreuve de l’urgence

Il n’est pas trop tard, mais on ne peut cacher que c’est urgent.

Les experts du GIEC affirment que si nous voulons éviter de franchir un seuil de réchauffement potentiellement dangereux, qui pourrait nous faire franchir des points de bascule irréversibles, nous devons réduire les émissions mondiales de GES de près de moitié d’ici 2030.

Des changements radicaux à apporter d’ici six ans… Ce n’est guère une échéance électorale.

Comment pouvons-nous changer les choses en si peu de temps ?

Pouvons-nous imaginer un monde où il serait possible de mettre en œuvre les transformations nécessaires ? Un monde où les politiques ne s’inquiètent pas des prochaines élections ? Où des politiques publiques, peut-être impopulaires mais nécessaires au bien commun, pourraient-elles être adoptées à temps ?

Pas dans le système actuel. Les règles démocratiques ne nous permettent pas d’aller aussi vite ni aussi loin qu’il le faut.

La démocratie repose sur des compromis et des arbitrages. Les changements se font donc lentement. Nous prenons le temps de débattre, de consulter et d’étudier la question.

Mais la crise climatique ne nous attend pas.

Le long terme de la démocratie est-il adapté au court terme de l’urgence ?

: non, en Arial36″,”text”:”Ma réponse est : non, en Arial36″}}”>Ma réponse est : non, en Arial 36, insiste François Delorme, professeur d’économie à l’Université de Sherbrooke. Il est convaincu que les mesures volontaires seules ne suffisent plus, que nous n’avons plus le temps de rechercher des compromis et des consensus.

Mais pour aller dans cette direction, il faudrait retirer la politique du processus décisionnel.

La politisation de l’environnement est un gros problème.

Une citation de François Delorme, professeur d’économie à l’Université de Sherbrooke
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François Delorme est professeur d’économie à l’Université de Sherbrooke et collaborateur du GIEC.

Photo : Radio-Canada / Étienne Leblanc

Il propose une solution qui a été appliquée ailleurs dans le monde : créer une agence climatique sur le modèle de la Banque du Canada, une institution totalement indépendante des forces politiques, malgré le caractère crucial de sa mission.

Dans le cas de la banque centrale, cette mission consiste à assurer l’équilibre entre le taux d’inflation et les taux d’intérêt, pour le bien-être des ménages.

Dans le cas de l’agence climatique, il s’agirait de prendre les décisions nécessaires, détachées des limites politiques, pour réduire rapidement les émissions de GES.

Cette idée selon laquelle l’urgence de la situation appelle des mesures plus fermes fait son chemin, aussi audacieuse et inquiétante soit-elle.

Il ne s’agit pas ici de remettre en cause la démocratie.

Mais s’il y a une chose que la récente pandémie nous a montré, c’est la rapidité avec laquelle des décisions difficiles peuvent être prises lorsque la situation l’exige.

>>Bernaches du Canada en vol devant un coucher de soleil.>>

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Il est encore tout à fait possible d’envisager l’avenir avec optimisme.

Photo : Getty Images

Certes, les transformations nécessaires pour minimiser les effets de la crise climatique vont bouleverser notre quotidien. Mais pas seulement pour le pire, loin de là.

Les remèdes qui nous sont prescrits ne sont pas que des contraintes. Ils apportent également de nombreux bienfaits dans notre quotidien.

Une meilleure qualité de l’air, des villes plus vertes et plus fraîches, des développements qui nous encouragent à être actifs, des infrastructures d’adaptation au changement climatique qui améliorent notre sécurité, des environnements naturels dont nous pouvons profiter, des centres urbains moins encombrés… Et quoi d’autre ?

Le sentiment de bien faire, de poser les bons gestes, de donner du sens aux choix que nous faisons – le tout au nom de ceux qui seront là demain et après-demain – participe aussi à notre bonheur.

Il faut rester lucide. Mais nous ne devons pas oublier qu’un avenir meilleur est possible.

 
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