l’essentiel
La nature a doté Frédéric Pocquet, enfant des cités d’Argenteuil aujourd’hui installé dans le Tarn-et-Garonne, du physique et de la voix de Renaud. Une histoire incroyable d’une vie faite de hasards heureux entre le vrai chanteur et le « faux » très respectueux de l’artiste qu’il imite. Nous avons rencontré Fred avant son passage sur France 3 dans « La Voix des stars », ce vendredi 20 septembre à 21h05
La première fois que Fred a vu chanter Renaud, alors inconnu, il avait 15 ans. « C’était sur un terrain vague, à 300 mètres de ma cité, il était avec Julien Clerc. Je ne savais pas que c’était Renaud mais je me suis reconnu dans ses paroles. Son grand-père était un mineur comme le mien que j’adorais, il chantait ma cité, ce qu’on vivait avec nos copains », raconte Frédéric Pocquet, né à Argenteuil dans le Val-d’Oise et installé aujourd’hui à Montech, dans le Tarn-et-Garonne.
« Mais pourquoi le monsieur te ressemble-t-il ? » demande Lolita, la fille de Renaud, le jour où le chanteur, qui cherche un « Gavroche » pour tourner son clip Le p’tit voleur, recrute le propre fils de Frédéric.
Sa première rencontre avec Renaud est due à une coïncidence inhabituelle : « Pour son clip vidéo Le petit voleurRenaud cherchait un enfant comme Gavroche, alors il est allé au théâtre Mogador où ils jouaient Les Misérables pour voir le gamin qui jouait Gavroche. C’était Ludwig, mon fils ! Il l’a engagé. Alors on s’est rencontrés et pendant que sa fille Lolita s’amusait avec Ludwig, parce qu’ils ont le même âge, la petite fille a demandé à son père Mais pourquoi le monsieur te ressemble-t-il ?. Je lui ai dit que j’écrivais des chansons et il m’a encouragé à les chanter.
Les coïncidences s’enchaînent et émeuvent Fred, de 9 ans le cadet de Renaud. « Pour son clip Dans mon HLM on voit ma cité, mon bâtiment. Autre coïncidence, Renaud sortait avec une fille de la cité Joliot-Curie où j’avais élu domicile car j’avais beaucoup d’amis là-bas et c’est comme ça que j’ai rencontré ma femme d’une cité voisine ! »
Fred rit aussi des fois où il a été pris pour le vrai Renaud, y compris par des gens qui l’ont déjà rencontré. « Moi aussi, on m’engueule à sa place. Si je dis que je ne suis pas lui, on m’accuse d’oublier mon passé, d’avoir pris la grosse tête, et je zappe les noms qu’on m’appelle ! » Le néo-Montéchois a même bluffé la rédactrice en chef d’un grand média parisien qui sortait d’une réception chez un célèbre joaillier pour venir le rencontrer. Elle a tellement ri de sa gaffe qu’elle l’a racontée dans son reportage !
Je ne veux pas qu’il pense que je vis dans son ombre.
Depuis qu’il est devenu son sosie, Fred a rencontré Renaud à deux reprises, chez Ardisson et chez Ruquier. Leur dernière rencontre remonte à 2019, lors d’un vernissage des œuvres de Lolita, mais Fred se montre incroyablement discret. « Je ne veux pas qu’il pense que je vis dans son ombre. »
Sachant que Renaud n’aime pas les photos, il n’en a jamais eu une seule avec lui. Auteur, compositeur, Fred a chanté ses chansons avec son groupe « Vacances à Paname » (il a enregistré plusieurs CD) jusqu’à ce que, en raison de sa ressemblance physique et vocale, plusieurs personnes finissent par le convaincre de chanter les chansons de l’auteur de « Laisse béton ». Il n’a pas laissé tomber la suggestion « d’autant plus que même une agence, dit-il, m’a contacté pour monter un spectacle avec un sosie ». C’est ainsi que depuis trente ans « Fred chante Renaud » : tel est le titre de sa page Facebook.
À Montech, où il rendait visite à des amis depuis vingt ans, il a trouvé la maison de ses rêves et y vit depuis six mois. Pourtant, personne n’a jamais rencontré « Renaud » au bord du canal des Deux-Mers car Fred use de subterfuges. « Je ne veux pas vivre ma vie par procuration. C’est une bénédiction, tout est dans les cheveux ! » Une seule fois, un voisin lui a fait remarquer sa ressemblance avec Renaud, et il a vite changé de sujet.
« Je respecte son travail »
Extrêmement réservé, finalement surpris que son parcours artistique ait été perturbé par une ressemblance naturelle, Fred s’excuse presque. « J’ai toujours été gêné, à chaque rencontre j’ai toujours laissé parler ma femme. Je suis respectueux de son travail. Ce qui m’importe, c’est que, dans mes spectacles, les gens entrent dans une bulle temporelle, pour les rendre heureux le temps d’un concert. Les gens chantent, ils sont dedans, certains pleurent, ils lâchent prise. Je suis content aussi car cela prouve que j’ai bien fait mon travail. »
Il y a aussi ceux qui n’aiment pas Renaud et qui, grâce à Fred, découvrent la richesse de ses textes, comme Nicole, une Montaubanaise ou ce vieux monsieur venu féliciter le désormais Montéchois en lui disant : « Vous m’avez donné envie de lire Renaud. »