Calamine lance l’album « Déclin personnel »

Calamine lance l’album « Déclin personnel »
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« Honnêtement, la première version de cet album était géniale sombre », révèle Calamine, commentant l’esprit qui habite Déclin personnel, publié vendredi. “J’ai écrit mes paroles sur beaucoup de rythmes sombres, comme celui de l’intro”, intitulé Un seize, un collage de commentaires tenus publiquement à son sujet, posés sur une boucle rythmique assez lugubre. «J’étais dans une mauvaise passe humeur à ce moment là. Avec en plus ce climat mondial vraiment épouvantable, je me suis dit : « C’est bien que mes paroles soient si lourdes, mais il faut trouver un moyen de donner une impulsion positive à ces chansons, sinon on n’y survivra pas ! »

Calamine filant du mauvais coton ? Le rappeur qui croque l’intolérance, l’extrême droite et le tout-car avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles veut parfois tout y sacrifier ? Oui. Cela lui arrive, comme cela arrive aux meilleurs d’entre nous. «J’étais dans une situation étrange en écrivant cet album», poursuit-elle. Je ne tournais pas trop, il y a beaucoup de chansons qui parlent de consommation”, sur je tinte Et Le hamster au début de l’album. « Alors j’ai mis toutes mes cochonneries sur la table. Je les ai tous notés. Quand je l’ai relu, je me suis dit : « Waouh »… » Il manque d’oxygène, cet album inspiré des abysses, inclut Calamine.

Elle a alors sorti sa guitare pour imaginer une musique plus aérienne. Elle commence à composer ses propres rythmes, délaissant les plus taciturnes pour revenir à ce son hip-hop léger et jazzy qui colore son univers depuis son premier album, Boulette de preuve, publié indépendamment à l’automne 2020, quelques mois avant sa participation (en solo cette fois) au concours vitrine Les Francouvertes.

Déclin personnel « a suivi le même chemin que moi : je voulais prendre une autre direction musicale, j’avais des idées de rainures plus accrocheur, explique Calamine. Il fallait que ces chansons nous donnent envie de nous mobiliser, pas de nous écraser.

Tout cela au bon moment

Exemple : sur les réseaux sociaux, fin février, Calamine a rendu publique la liste des chansons de son nouvel album. L’un d’eux est simplement intitulé 34. « Ceux qui savent savent », dit-elle avec un sourire narquois, sur un ton faussement hargneux. « Ils ont tous parcouru ma liste de chansons et ont dit la même chose : « Oh, la merde de 34 ! » »

La ligne d’autobus 34 relie les stations Papineau et Viau le long de la rue Sainte-Catherine; cette route, selon cet apôtre de la mobilité durable, serait aussi périlleuse que celle reliant Fondcombe, sanctuaire des Elfes de la Terre du Milieu par JR Tolkien, au Mordor. « J’ai tellement ressenti cette chanson ! J’ai écrit le premier couplet d’une seule traite, un jour où le métro est tombé en panne, où j’ai raté mon transfert et où le bus n’est pas arrivé comme prévu. Et puis il se met à pleuvoir… J’étais à Tabarnak ! »

« Dans mes oreilles, j’avais un rythme vraiment sombre de Kèthe Magané, un battre à la Griselda», étiquette Le rap new-yorkais adoré pour son esthétique minimaliste, old-school et réfléchie. « J’ai commencé d’un coup à écrire dans mon cahier, sur les pages humides qui se recroquevillaient sous la pluie. Vous savez, quand vous commencez votre journée de bonne humeur et que tout va en enfer ? ” Oui. Ça arrive aux meilleurs d’entre nous.

Alors, on se sèche et on continue notre chemin, comme l’a fait la rappeuse, qui a lancé vendredi un quatrième album, dans la continuité de ses précédents sur le plan esthétique, mais plus épuré. Le même ton, la même douce prosodie, la voix qui préfère dire plutôt que crier, aussi dures soient-elles. D’où le besoin ressenti de rendre ces textes plus digestes en les associant à des productions d’accueil, comme sur Contrecoup« la chanson la plus féministe qui parle des féminicides et des hommes dénoncés — le texte est sombretout de même», prévient-elle, mais allongée sur un rythme électro-funk qui donne envie de hocher la tête.

“Quand je réécoute mes précédents [albums, en comparaison avec Décroissance personnelle], je me dis : “On dirait qu’on a donné beaucoup de concerts”, elle et son complice, le compositeur et DJ Kèthe Magané, qui a coproduit l’album avec elle. « J’ai pris confiance au micro, semble-t-il. » Sa plume s’est également affinée : pleine d’esprit dans cette première moitié de l’album sur laquelle le rappeur revisite des thèmes évoqués précédemment, acerbe sur la seconde qui commence par Le secret de la jeunesse, puissante collaboration avec les collègues Senseï H et Sloan Lucas. “On n’entend pas assez de collaborations avec des rappeuses”, note Calamine.

C’est sur la face B qu’on entend la chanson 34. Alors Gentrifornication, un texte délicieux qui décortique l’urgence de la crise du logement qui nous frappe — « Le titre est une sorte de lapsus que ma copine a fait, signifiant « gentrification » ! Je l’ai regardée, “Wow, qu’est-ce que tu viens de dire?” À partir du moment où elle a prononcé ce mot, j’ai su qu’il y avait une chanson derrière cela », sur laquelle Calamine fait allusion, dans la mélodie du refrain, au classique amour californien de 2 Pac.

Grafigne

Immédiatement après, la gifle : un texte intitulé Je ne suis pas raciste mais. Calamine, comme on commence à le savoir, n’a jamais tenu sa langue dans sa poche ; cette chanson, nuancée mais grinçante, ne manquera pas de susciter le débat. Elle explique qu’elle prépare depuis longtemps une chanson qui aborde la question du racisme, « mais c’est un sujet très délicat », avoue-t-elle d’emblée.

« Comment pourrais-je te dire ça ? C’est un peu comme quand des mecs essayent de donner un ton féministe, mais qu’ils ratent le but ? Je cherchais un moyen de ne pas parler au nom des gens [racisées] pour partager ce que je ressens face au racisme. Je pense avoir trouvé le torsion pour dire à quel point moi, en tant que Blanc, je suis gêné par certains Québécois dits « autochtones ». Le chant est direct, il n’y a presque rien d’autre que du rythme dans la production musicale. Je voulais laisser beaucoup de place au texte. »

“J’ai l’impression que les gens m’attendent avec cet album, je vais probablement en prendre une raclée”, prédit la rappeuse, prête à recevoir des critiques qui, estime-t-elle, n’arrivent pas si souvent, vu ce qu’elle ose dire. à voix haute et rythmée : « Je pense qu’on peut trouver beaucoup de choses à critiquer sur mon travail et honnêtement, au niveau de ma démarche intellectuelle, j’aimerais entendre ces critiques parce que grâce à elles, je pourrais aller plus loin. Bon, parfois les gens me remettent un peu en question sur mes principes, par exemple sur ma position concernant le racisme ou le féminisme. Je pense que j’écris davantage sur les questions queer ou d’identité de genre. En fait, je suis comme un punk d’identité de genre parce que je ne me soucie pas des pronoms. Mon combat, ce n’est pas de s’appeler « iel », par exemple, mais je me bats aux côtés des personnes trans qui, parfois, m’expliquent qu’elles se réapproprient leurs pronoms. »

« Je me sens un peu satellite sur ce dossier, car je ne suis pas en phase avec le discours dominant, mais je ne veux pas nuire à la cause. Il n’y a rien de pire que des féministes ou des pédés qui se frappent, mais j’en ai quand même quelques-uns. coups à l’occasion, moins à cause de mes chansons que de ce que je poste sur mes réseaux sociaux. Je suis mis au défi et je trouve cela sain. C’est ainsi que nous avançons » dans sa conception de Déclin personnel. L’important c’est d’avancer, même quand le 34 n’est pas à l’heure.

Déclin personnel

Calamine, indépendante

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