Orelsan, Skread et Ablaye font le V de la victoire et affichent un immense sourire sur la photo. Il ya quelque chose ! Le 27 mars, ils ont posé avec Marie-Anne Robert, la présidente de Sony Music Entertainment France, et Emmanuel Perrot, le directeur général du label RCA, pour annoncer leur arrivée au sein de Sony. Après treize ans et quatre albums chez Wagram Music, le rappeur caennais quitte la maison de disques indépendante française (-M-, Philippe Katerine, Suzane…) qui a accompagné son ascension pour rejoindre l’une des trois majors du disque internationales. A partir du 1er janvier 2025, c’est Sony Music qui sortira ses nouveaux albums, distribuera ses anciens et commercialisera ses rééditions.
Le petit rappeur caennais, qui a produit ses premiers morceaux avec ses amis Skread et Ablaye dans sa chambre à la fin des années 2000, est devenu un poids lourd de cette industrie. En fin de contrat avec Wagram, il était extrêmement sollicité. Il a été le plus gros vendeur de disques en 2021 et 2022 (« Civilisation » a dépassé les 750 000 ventes), il a réalisé une des tournées les plus longues et les plus populaires, avec 600 000 spectateurs rien qu’en 2022, cinq Accor Arena et trois Paris La Défense Arena et a réalisé l’événement avec les deux documentaires de son frère Clément Cotentin racontant son histoire sur Prime Video.
Aux dernières Victoires de la Musique, en février, il remporte trois autres trophées, ce qui le porte à douze récompenses, à une longueur seulement des deux champions -M- et Alain Bashung. Son dernier album l’a poussé un peu plus loin, symbolisé par sa présence au casting du dernier « Astérix ». Et ce jeudi, il est à l’affiche dans 400 salles avec un film retraçant l’un de ses derniers concerts à Paris La Défense Arena.
Selon nos informations, le transfert d’Orelsan vers Sony est l’un des plus importants de l’histoire de la musique en France. Il s’élèverait à 15 millions d’euros, dont 3 millions d’accueils. « Ce n’est pas le contrat du siècle, mais c’est un gros contrat », constate le patron d’un label. C’est une somme importante qu’il faut tout de même relativiser en fonction du nombre de nouveaux albums et de films qu’elle intègre, de l’utilisation de son catalogue (ses anciens enregistrements), de la création d’autres supports… Sony Music pourra sortir des coffrets de ses premiers disques… »
La musique, mais pas seulement
Fidèle depuis ses débuts à Wagram, Orelsan aurait pu y rester, rejoindre Warner ou Universal où travaille l’un de ses premiers découvreurs. « Mais Sony a mis un montant que personne ne pouvait suivre et a proposé une offre de diversification que personne ne pouvait égaler, notamment au niveau international », commente un professionnel du domaine. Orelsan est fan du Japon, des jeux vidéo, il se rapproche du cinéma depuis plusieurs années… Il ne faut pas oublier qu’ils sont trois à prendre des décisions, Orelsan, Skread et Ablaye. Et ces gars savent comment faire des affaires. »
Dans son communiqué, la patronne de Sony est claire sur ses intentions : « Nous sommes impatients d’imaginer avec Orelsan de nouvelles façons de faire dialoguer la musique avec d’autres mondes créatifs et culturels. Sony Music s’engage à faire tomber les barrières entre les industries et à créer les ponts nécessaires entre la musique, le cinéma et les jeux vidéo. Avec ses sociétés sœurs (Sony, Sony PlayStation, Sony Pictures, Sony Publishing, Sony CSL…), Sony Music France est sans doute le meilleur foyer pour un artiste qui dépasse les frontières de la musique. » Et la firme rappelle que, « depuis vingt ans, le rappeur caennais a construit sa carrière dans une démarche d’innovation permanente, quel que soit le domaine dans lequel il exprime sa créativité : clips, films, séries télévisées, documentaires, jeux vidéo, mode. marque. »
VIDÉO. “On a embauché grâce à Orelsan” : au Magic Beau Gosse, le kebab le plus célèbre de France
Selon nos informations, Orelsan, dont l’entourage ni la nouvelle maison de disques n’ont souhaité s’exprimer pour cette enquête, a donc signé un contrat de distribution, où lui et ses confrères producteurs restent maîtres de la création artistique qu’ils financent. C’est à Sony de commercialiser et d’assurer la commercialisation ainsi que la promotion de ses réalisations. Les deux parties se sont mises d’accord sur deux albums et projets multimédias. L’artiste est actuellement au Japon pour préparer un film qu’il a écrit et signer la bande originale qui l’accompagne. Logique, puisque le rappeur est aussi devenu acteur, auteur, réalisateur, notamment pour son long-métrage « Comment c’est loin » ou dans la série « Bliqués » avec son complice Gringe sur Canal+.
Orelsan voit donc de plus en plus grand. Il est même devenu le visage de Dior. En mars 2022, il avait surpris tout le monde en annonçant qu’il serait habillé par cette marque lors de sa tournée. Dans une interview accordée à Vogue, il explique que « Christian Dior vient de Granville, et pour les Normands, Dior est une fierté locale. La Normandie, c’est ma vie. Comme lui, je suis né et j’ai grandi là-bas.
Simple, basique… et très riche
En avril dernier, il apparaissait dans le clip du parfum « Gris Dior » 2023 aux côtés d’autres égéries internationales. Une association avec la marque de luxe qui avait été moquée par certains fans, citant sa chanson « Shonen » : « Je refuse les sommes, je refuse les chèques avec plein de chiffres, comme le 6 ou le 7. C’est mon intégrité que j’achète, c’est comme ça que j’appelle payer le prix du rêve. » Dans sa chronique sur France Inter, l’humoriste Aymeric Lompret le taclait gentiment fin mai : « On ne fait pas de pub quand on n’a pas besoin d’argent. Simple, basique. »
Dans cette perspective de développement à l’étranger, Orelsan aurait aussi pu quitter Astérios, son tour manager historique (Stephan Eicher, Cali, Maxime Le Forestier…) Contrairement aux maisons de disques, les artistes n’ont pas de contrat à durée déterminée avec les organisateurs de spectacles et ils peuvent partir à tout moment. Mais le rappeur, plus gros poids lourd d’Asterios, coproducteur de ses tournées, lui reste pour l’instant fidèle.