“Je ne voulais pas de cette vie pour mon fils”

De passage à Cartagena, dans le cadre des essais privés organisés par Johann Zarco, en décembre, PaddockGP a eu la chance de rencontrer le papa de Pedro Acosta sur son bateau de pêche, amarré dans le port de la ville. Au cours de nos échanges, que vous aurez l’occasion de découvrir petit à petit dans les jours à venir, nous avons pu aborder des sujets très variés, du monde de la pêche à celui de la Moto, en nous concentrant sur le parcours de son fils à MotoGP, où il joue désormais pour l’équipe d’usine KTM.

La première partie de cette interview est consacrée au destin atypique de M. Acosta, ce pêcheur, passionné de moto depuis l’époque des Grands Prix de Kevin Schwantz, et dont le fils deviendra l’un des principaux acteurs du sport qui l’a inspiré au temps. à travers les écrans.

Bonjour M. Acosta, quel beau bateau ! Parlez-nous un peu de votre entreprise.
« Nous travaillons avec l’entreprise Ricardos Fuentes, qui travaille exclusivement le thon. Toute ma vie, j’ai été pêcheur. Je prends des anchois, du maquereau, de la bonite et des sardines. Mais la vie a changé et elle est de plus en plus difficile dans le secteur de la pêche. Finalement, nous avons eu une petite réunion avec l’entreprise, Ricardo Fuentes, et ils nous ont donné du travail. Cela fait quatre ans maintenant et tout va bien dans le secteur du thon et tout ça. Cela m’a donné plus de temps pour voyager avec mon fils, Pedro, aux courses du championnat du monde. Et c’est génial, c’est merveilleux. »

Vous passez toute la nuit en mer ?
« Oui, toute la nuit. Vous avez vu, nous partons vers onze heures du matin, et nous ne rentrons au port qu’à 8 heures du matin. On fait une semaine comme ça en groupe, et les semaines suivantes ce sont d’autres groupes. Chaque groupe travaille donc pendant une semaine et demie. Cela nous donne pas mal de temps libre pour passer du temps avec la famille à la maison. En fin de compte, pouvoir rester avec sa famille n’a pas de prix dans la vie. C’est vraiment bien. Rien n’est plus précieux dans la vie que d’être avec votre famille et ceux que vous aimez. Nous sommes très bien et en plus, j’ai beaucoup plus de temps pour être un peu avec Pedro [Acosta]. C’est plus compliqué qu’avant. Il est toujours en voyage, à des événements, à des interviews,… Vous savez comment fonctionne ce monde. »

Allez-vous parfois aux Grands Prix ?
« Oui, oui, j’y vais dès que je peux. Avant, j’y allais plus souvent. Il y a deux ans, j’ai fait tout le championnat du monde. Je n’ai raté aucune course, je connais tous les déplacements et tous les circuits. Cette année, j’ai raté la tournée asiatique, car elle est un peu longue. Cela représente beaucoup de temps passé loin de chez soi. Cette année, ma femme l’a fait. La mère de Pedro, Miriam, l’accompagnait. Je suis resté ici, avec le bateau et les ouvriers. »

Un bateau décoré de tous les numéros de votre fils !
” Oui ! Depuis qu’il était petit et qu’il faisait de la moto, j’ai commencé à décorer un peu le bateau. Je lui ai mis le 34 quand il était petit, car j’étais un grand fan de Kevin Schwantz. Il portait toujours du 34, c’était le numéro que j’aimais. Mais quand il a grandi et que nous avons pensé qu’il y avait une opportunité de rejoindre le championnat du monde, il a fallu en trouver une autre. C’est le numéro de Kevin Swhantz, et plus personne ne le portera, car il a été retiré du MotoGP. Il nous fallait un numéro que personne ne porte et qui plaise. L’idée de courir avec le 37 lui est venue et il est resté avec le 37. »

Il le récupérera cette année, après avoir dû passer un an avec le 31.

« Ça y est, il le reprend cette année, grâce à Augusto. Comme vous le savez, il devient pilote d’essai chez Yamaha, Pedro récupère donc son numéro d’origine. Nous verrons ce qui se passera, car c’est une grande motivation pour lui. Pour avoir son numéro. Il est très satisfait de la façon dont le projet KTM avance. Nous avons de grands espoirs, car KTM est notre marque. Nous le disons depuis que Pedro a débuté en Red Bull Rookies Cup, avant le Moto3 et le Moto2. Nous verrons si nous pouvons lutter contre les Ducati. Ce sera très compliqué, mais pas impossible. Il est motivé et très content du projet. Il faut avancer. »

Les poissons ne craignent pas le requin de Mazzaron ?
« Ils ont très peur, très peur (rires). Finalement, les gens ici s’identifient beaucoup à Pedro. On les appelle requins, « bébés requins ». »

Est-ce que les gens vous reconnaissent en mer avec ce bateau ?
« Oui oui. Et surtout en été. Quand nous sommes ici et que nous fabriquons les cages à thons, beaucoup de gens viennent, des touristes, etc. Ils s’approchent du bateau pour poser des questions, prendre des photos et tout ça. C’est une belle chose que les gens partagent vos espoirs. C’est génial. »

Et Pedro vous accompagne pour pécher de temps en temps ?
«Quand il était petit. Quand il avait entre 6 et 8 ans, je l’emmenais sur le bateau pêcher de temps en temps. Mais je n’ai jamais voulu qu’il devienne pêcheur ou quoi que ce soit. Ce n’est pas que c’est quelque chose de mauvais, c’est bien. Mais on passe beaucoup de temps loin de chez soi, car ce bateau n’est pas un chalutier, c’est un senneur. Grâce à cela, nous sommes toujours là où se trouvent les poissons. J’ai pêché dans le Golfe du Lion, à Rosas, Barcelone, Valence, Cullera. Bref, toute la Méditerranée. J’étais donc toujours loin de chez moi. Je ne voulais pas de cette vie pour mon fils. Je préférais qu’il soit pompier, policier, je ne sais pas. Quelque chose qu’il aime. Quand il était petit, je l’emmenais avec moi pour lui montrer ce que c’était, combien c’était dur. »

Finalement, il a choisi la moto…

Dans la deuxième partie de notre entretien avec le père de Pedro Acosta, vous en apprendrez davantage sur l’incroyable parcours de l’Espagnol en MotoGP, au sein d’une famille confrontée à certaines contraintes financières.