Ces dernières années, il est fréquent que des manches du championnat soient annulées en raison de problèmes avec l’organisateur ou le circuit. En disant cela, je pense bien sûr à l’Inde, à l’Argentine ou encore à Valence fin 2024. Mais il est plus rare que des pilotes n’aient pas envie de courir ; qu’ils boycottent, bien sûr. Remontons le temps : nous sommes le 14 mai 1989, à Misano Adriatico.
Les contemporains y vivaient dans une situation pour le moins exceptionnelle. Sur le circuit de Santa Monica (le parcours actuel de Marco Simoncelli) un nouveau revêtement venait d’être appliqué, mais il présentait des imperfections. En effet, ces dernières n’évacuaient pas correctement la pluie et pouvaient s’avérer très dangereuses dans ces conditions. Mais bon, à Misano, il ne fait pas toujours beau ?
Le début du week-end se passe à merveille. Les supporters italiens devraient normalement être témoins d’une explication fantastique. Wayne Rainey, Eddie Lawson et Kevin Scwhantz sont serrés au championnat. La tension est présente dès les qualifications, mais comme souvent, c’est Schwantz qui s’en sort le mieux dans l’exercice. Prêt à s’élancer, l’Américain ne perçoit dans le ciel que des nuages gris menaçants, mais la course est bien déclarée « sèche ».
Une saison marquée par des pilotes oubliés, comme Tadahiko Taora, ici au Japon.
Les lions sont déchaînés. Schwantz a pris un excellent départ, mais a été rapidement rattrapé par Pierfrancesco Chili sur Honda Gallina.
Ce qui devait arriver est arrivé. Dame Nature crie, obligeant Kevin Schwantz, en tête, à lever la main pour arrêter la course. Normalement, un nouveau départ, mouillé cette fois, devrait être donné, mais la piste est bien trop dangereuse. Une discussion a lieu entre les pilotes et l’organisation ; les concernés souhaitent au moins une séance d’essai pour tester les conditions et prendre confiance. L’organisation refuse catégoriquement, et demande un départ sous peu..
Après consultation, les pilotes ont décidé de boycotter la course. En théorie, lorsque Lawson, Schwantz, Rainey ou Doohan refusent de se présenter, personne ne le fait. Cela aurait très bien pu se terminer par une annulation du Grand Prix… sauf que Chili, qui combattait devant, veut absolument courir ! Départ à 17h40, la deuxième course est une parodie du Grand Prix. Les pilotes ne vont pas vite du tout, tant la piste est dangereuse. Seul « Franky » Chili s’est imposé et a triomphé avec 30 secondes d’avance. Sa seule victoire en 500cc reste donc assez controversée. Il est rejoint sur le podium par un illustre inconnu, Simon Buckmaster.
Une année marquée par des pilotes illustres, comme Wayne Rainey.
Ce Britannique n’avait jamais fait mieux que 12ème en 35 Grand Prix, et se retrouve du coup propulsé à la deuxième place ! De beaux souvenirs. Malheureusement, ce dernier a été amputé suite à un terrible accident au Bol d’Or quelques années plus tard. En troisième place se trouve un pilote encore plus obscur ; un Allemand nommé Michael Rudolff. Bien sûr, c’est son seul podium en carrière. Mais la meilleure surprise arrive une place derrière ! C’est le légendaire Fior de Marco Gentile qui termine à 1’32” du vainqueur ! Une belle récompense pour l’architecture particulière des Fiors, qui fera sans doute l’objet d’un autre article.
Ce Grand Prix en particulier n’était clairement pas le plus excitant. Cela nous a permis de découvrir des destins de pilotes, mais surtout d’hommes. Messieurs, vous avez pris des risques, vous avez insisté pour fuir, et nous ne pouvons que vous féliciter.
Connaissiez-vous cette anecdote ? Dites-le nous dans les commentaires !
Au final, Eddie Lawson est quand même sacré champion du monde.