Seul garant de la gauche, Didier Migaud succède à Dupond-Moretti au poste de ministre de la Justice – Libération

Seul garant de la gauche, Didier Migaud succède à Dupond-Moretti au poste de ministre de la Justice – Libération
Seul garant de la gauche, Didier Migaud succède à Dupond-Moretti au poste de ministre de la Justice – Libération

C’est donc bien lui, la « gauche diverse » dont les équipes de Michel Barnier nous annonçaient depuis plusieurs jours qu’elle rejoindrait le gouvernement. A défaut d’avoir réussi à faire entrer un socialiste, un écologiste – et même un radical de gauche ! – encore actifs, le Premier ministre est donc parvenu à convaincre Didier Migaud de replonger, à 72 ans, dans un bain politique que l’ancien député PS de l’Isère avait quitté il y a quatorze ans après sa nomination comme premier président de la Cour des comptes, en 2010, par Nicolas Sarkozy à la suite du décès brutal de son prédécesseur, Philippe Séguin.

Le prix à payer pour s’offrir celui qui avait migré en 2021 à la présidence de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) est élevé : garde des Sceaux, numéro 2 du gouvernement, deux rangs devant le ministre de l’Intérieur, le LR Bruno Retailleau avec qui le duel risque d’être aussi musclé qu’à l’époque socialiste entre Manuel Valls et Christiane Taubira. Enfin, peut-être… Car on sait ce que pense le sénateur vendéen des peines planchers (il est pour). Beaucoup moins ce que pense l’ancien socialiste puisqu’il est soumis à un devoir de réserve depuis plus d’une décennie.

Résister aux surenchères des parlementaires LR

Le respecté Didier Migaud succède ainsi au bruyant Eric Dupond-Moretti. Bien moins connu du grand public que son prédécesseur, avocat, ce diplômé de l’IEP de Lyon et avocat de profession, n’avait que 36 ans lorsqu’il fut élu pour la première fois député de la 4e circonscription de l’Isère. Elu maire de Seyssins, ville située dans l’aire urbaine de Grenoble, il devint président de la communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole et le resta pendant près de quinze ans. En 2010, lorsque Sarkozy le nomma à la Cour des comptes, inaugurant l’idée d’offrir ce contre-pouvoir à l’opposition, il renonça à ses mandats et quitta du même coup le Parti socialiste.

Parmi les premiers dossiers sur le bureau de Didier Migaud au ministère : la crise de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), la réforme de la justice des mineurs – actuellement en suspens –, ou encore la mise en place d’un vaste plan pour faire face aux mafias de la drogue et au grand banditisme. Il devra aussi résister à la surenchère des parlementaires LR, poussés, notamment à l’Assemblée nationale, par leur nouveau patron, Laurent Wauquiez, qui devrait lancer une course au « plus ferme » avec Eric Ciotti et Marine Le Pen à l’extrême droite.

Une nomination qui marque la fin du règne de Dupond-Moretti

Avant lui, Eric Dupond-Moretti avait été nommé à ce poste en juillet 2020 sous le gouvernement de Jean Castex. Un coup de tonnerre, et certainement la plus grande surprise du premier quinquennat de Macron. Le ministre le plus en vue avait ensuite été reconduit dans tous les gouvernements successifs : en mai 2022 sous le gouvernement d’Elisabeth Borne, puis sous celui de Gabriel Attal en janvier 2024.

L’avocat pénaliste est à la fois respecté et craint par ses confrères, connu pour son acharnement au tribunal et ses débordements dans les médias. Baptisé « l’ogre des tribunaux » Ou « Acquitteur » – un surnom qu’il abhorre – Dupond-Moretti n’a cessé de sillonner les cours d’assises depuis qu’il a commencé sa carrière d’avocat en 1984. Parmi ses dossiers les plus célèbres : Bernard Tapie, Jérôme Cahuzac, Abdelkader Merah, Patrick Balkany…

Sa nomination avait suscité une vive réaction notamment parce que l’avocat est soupçonné d’avoir profité de sa position pour régler ses comptes avec des magistrats avec lesquels il avait eu maille à partir lorsqu’il était avocat dans deux affaires. A ce titre, il avait été jugé par la Cour de justice de la République du 6 au 17 novembre 2023, pour « prise illégale d’intérêts ». Une affaire dans laquelle il a finalement été acquitté fin novembre, la CJR a considéré dans ses motifs que « l’élément matériel » la prise illégale d’intérêts était bien établie, mais pas l’élément intentionnel.

Mise à jour à 22h30 avec plus d’analyse.

 
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